Monday, April 10, 2017

Participatory 3D modelling as a socially engaging approach in ecosystem service assessments among marginalized communities

Land use decision making in the Suriname Upper Suriname River area knows a history of dis-
empowerment and marginalization of the Saamaka communities inhabiting the area. Non-recognition of land rights is at the origin of this problem. This is aggravated by the increasing over-exploitation of timber resources by powerful stakeholders and the unfair distribution of timber benefits. This has left Saamakans marginalized, causing distrust and opposition among themselves and towards outsiders. Furthermore, as a result of deforestation, Saamakans face detrimental changes in the ecosystem services (ES) that support their traditional livelihoods, with important effects for their well-being.

This environment of distrust, opposition and marginalization makes it difficult to assess these concerns. Hence, an ES assessment approach that would generate salient ES knowledge while generating trust, communication among stakeholders and local capacity building was needed. In this paper we evaluate whether Participatory 3D modelling (P3DM) is an effective approach for ecosystem services assessments in such disabling environments. We evaluate this by using empirical data from an ES assessment in the Saamaka region using a P3DM approach. Results show the efficient identification and evaluation of 36 ES representing provisioning, cultural and regulating service categories with crops, fish, wild meat, timber and forest medicines identified as most important.

The authors of this paper found a decrease in the demand and supply of crops, fish and wild meat associated with ecosystem degradation, out-migration and changes in lifestyles. Further, the findings of the research show an increasing demand and decreasing supply for timber related to over-exploitation. The research provided evidence of the usefulness of P3DM to foster multi-functional landscape development among a range of communities.

In the paper the authors discuss the usefulness of the approach and the conditions needed for the P3DM process to address the needs of the local communities as well as the need for a broader P3DM implementation strategy beyond the engagement, screening, and diagnostic phases of ES assessments when the aim is to enhance ES outcomes for marginalized communities.

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Saturday, March 25, 2017

La MP3D, un outil puissant pour le développement des associations au Madagascar

Interview avec Rajoelisolo Kotondrajaona, Secrétaire Général du BIMTT à Madagascar -  par Andriatiana Mamy


Rajoelisolo Kotondrajaona, Secrétaire Général du BIMTT ou Bureau de Liaison des Institutions de Formation en milieu Rural à Madagascar, n’a pas hésité un instant à adopter la maquette participative, faisant figure selon lui d’un puissant outil à clé multiple pour le développement de son Association après avoir assisté à l’exercice de modélisation participative en 3D (MP3D) mené par une équipe de CTA à Madagascar.

Vous n'avez pas hésité à approprier la maquette, c'est quoi au juste selon vous un outil à clé multiple ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Effectivement, nous n'avons pas hésité à l'adopter le processus. Au départ, ce n'était qu'une simple curiosité, que c'était nouveau et que notre organisation ait entretenu avec le CTA une collaboration de longue date. Mais l'appétit venait en mangeant. En 2015, j'ai participé avec mon équipe à la formation octroyée par le FTA (Farmer Technology Agriculture), une organisation appuyée par le CTA. Un apprentissage sur le processus de la modélisation de la carte 3D à l'occasion de la fabrication d'une maquette villageoise. Au premier abord, la scène m'a fasciné : l'ambiance de travail, mais surtout l'implication des participants. Chacun joue un rôle spécifique : les enfants et les jeunes s'occupent du découpage des cartons, les adultes du tracé et de l'affichage des données factuelles, les anciens du mémoire historique du village. Tout le monde est uni, unifié autour de la carte, dirigé ensemble vers un même objectif : celui de restituer l'histoire, construire et inventorier les détails du village. Une complicité se dessine entre participants : enfant-adulte, technicien-pratiquant, communauté-autorité, contemporain-traditionnel. Du coup, j'avais une assurance au fond de moi que les exercices de modélisation 3D apporteraient à notre association, dont notre premier souci serait d'assurer la synergie des actions et de développer la collaboration entre les membres et le monde extérieur, tout en renforçant la capacité technique et pédagogique de chacun. C'est un outil performant qui sûrement va faciliter notre tâche. Ce n'est pas la maquette en elle qui est la plus importante. C'est l'effet qu'elle déclenche, qu'elle crée, qu'elle entretient : la convivialité, l'élargissement des valeurs et perspectives individuelles, la confirmation de l'identité de la communauté, la découverte partagée de pistes de projet, les décisions...La modélisation 3D est un processus de collecte d'informations, d'analyse de situation, de plaidoyers, de sensibilisation, d'exploration, de capitalisation, de prise de décision, de gestion de terroir, de suivi...Bref : un outil à clé multiple.

Quelle est la mission de votre organisation ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Le BIMTT est une association regroupant plus de 90 organisations rattachées à la Confédération des Eglises de Madagascar (FFKM). Ces organisations peuvent être des institutions de recherche, de développement, des ONGs, des départements techniques agricoles étatiques ou privés, des groupements de paysans. Sa principale mission est d'organiser des échanges et développer les capacités internes à se relier entre ses membres et à se relier avec les autres institutions, de renforcer les capacités techniques et pédagogiques de ses membres pour que ces derniers puissent travailler convenablement dans cette nouvelle perspective sur le terrain afin de favoriser les initiatives et les innovations. On peut dire que BIMTT est un grand réseau présent dans tout le territoire de la Grande île. Il faut noter l'affluence de la Communauté chrétienne pour le développement à Madagascar. Selon la statistique, 70% des centres de formations rurales à Madagascar sont rattachés à l'église. Par ailleurs, ces organisations membres collaborent avec tout paysan sans distinction. Comment les activités s'articulent et se complètent ? Comment organiser les interventions pour que les activités ne se piétinent et que les organisations ne se marchent pas sur les pieds : une question de synergie ! Comment consolider les membres, les rendant autonomes sur le plan organisationnel et économique, les aider à conquérir le marché local puis international ! C'est tout un appui managérial ! Chaque organisme membre a son propre projet et ses propres activités, BIMTT est là pour les accompagner, renforcer leurs capacités, leur collaboration interne et externe.

Qu'est ce que la MP3D peut apporter à votre réseau ? En quoi, renforce-t-elle la synergie de vos activités ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Une des faiblesses actuelles de notre réseau réside dans le fait que les membres travaillent d'une manière isolée, chacun dans son petit coin. Pourtant, les efforts peuvent se conjuguer pour mieux produire tant en qualité qu'en quantité. Vous savez, Madagascar est connu pour être un pays d'échantillon : bon pour quelques exemplaires mais forfait pour des grosses commandes ! Les artisans sculpteurs en sont victimes. Dans d'autres communautés, les projets se bousculent pour une même activité dans un même endroit alors que d'autres à côté sont abandonnées. Nos techniciens craignent d'une résistance des paysans au changement, surtout quand ces intervenants se contredisent ! Là, il y a un appel criant à une coordination, une synergie des activités. Il faut que les acteurs s'échangent les idées. Autour d'une carte 3D, cela est possible. Un début de concertation est maintenant lancé à Ampefy entre acteurs, paysans et autorités en vue de la protection du deuxième plus grand lac de Madagascar l'Itasy, gravement menacé par la dégradation de l'environnement. Par ailleurs, il faut également avouer que certains de nos membres sont frêles et ne disposent d'aucun projet de développement, faute de moyens, d'enthousiasme, d'informations. Les cartes 3D y donnent de réponses. Je me souviens du problème récurent d'eau potable dans le village d'Andranomafana Betafo Antsirabe. C'est au moment de l'exercice de MP3D que surgit la possibilité d'exploitation d'une fontaine, bien placée pour alimenter le village entier. Depuis lors, le débat est lancé, l'enthousiasme est réveillé, les individus sont impliqués. Actuellement, une de nos principales activités est l'appui à l'élaboration des Schémas d'Aménagement Communal (SAC) ou des Plans de Développement Villageois (PAV) des Communautés où nos membres sont actifs. La plupart de nos membres y prennent part et sont très consultés. Ces plans sont indiscutablement un instrument capital pour le développement des communautés, pour espérer recevoir des aides et de financements. Pour y parvenir, nous voulions une communauté responsable, prenant en main leur propre avenir, engagée, informée...Dans cette perspective les maquettes y jouent un rôle prépondérant. Nos techniciens sont familiers aux cartographies participatives 2D, faisant appel aux croquis sur des emballages, mais à comparer avec la maquette, force est de constater que cette dernière a un énorme avantage : précis, concret, accessible à tous ; illettrés ou non, facile à comprendre, participatif, dynamique, et à moindre coût par rapport aux frais des enquêtes nécessaires à la confection des SAC. En effet, la carte 3D s'avère l'outil efficace pour la conception de ces plans de développement communal : l'implication des acteurs villageois est acquise, les échanges et discussions développés, les informations rassemblées, l'histoire du village restituée, les préventions formulées, les grandes orientations et même décisions dessinées. Puis, au cours du temps, les données sont mises à jour, tout un chacun se donne la main pour afficher les nouvelles informations sur la maquette. Bref : un travail rapide, participatif à un prix abordable. Que demande le peuple !

Depuis lors, comment le réseau a-t-il approprié la MP3D ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Après la formation dispensée par le FTA, soutenu par le CTA, les membres du Conseil d'administration du BIMTT sont unanimes à l'idée de vulgariser cet outil auprès des différents membres du réseau. Du coup, nous avons produit un film documentaire sur l'exercice du processus MP3D. Le film a été diffusé sur la chaîne nationale et est disponible sur DVD, distribué à tous les membres. Un engouement pour cet outil est actuellement ressenti, mais nous devons attendre les prochaines années d'exercice avant d'enclencher la mise à l'échelle du processus à l'endroit de tous les membres et de disposer d'un budget y afférent. Pour commencer, BIMTT a fait le choix de cinq localités pilotes pour la production de maquettes. Trois maquettes de villages pour Atalata Vaovao, Mahiatrondro et Ampanasanatongotra au Moyen Ouest dans la région d'Itasy. Une maquette de la Commune d'Andranomafana sur les Hautes terres centrales, à Betafo et une autre dans le village des pêcheurs Sahoragna du littoral Est de la Province de Toamasina.

Quels financements avez-vous prévu pour ces productions ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Outre les appuis pédagogiques et documentaires du CTA, BIMTT n'a reçu aucun financement dans la production de ces maquettes. D'ailleurs, BIMTT n'est pas censé financer la fabrication de maquette. Cela revient à chaque institution membre, selon leurs intérêts. Mais comme j'avais mentionné, l'intérêt des membres est là. Il leur reste le fonds, que j'espère figurer dans leur prochain budget d'investissement. Mais conformément à la mission du BIMTT, qui est celle d'accompagner leurs membres, il lui revient d'aider les institutions membres à trouver les partenaires financiers pour la production de maquette. Pour l'heure, nous essayons de trouver les moyens d'alléger le coût global de construction d'une maquette. En effet, nous avions limité à deux jours le temps de fabrication d'une cartographie 3D (plus les préparatifs), sans pour autant compromettre l'esprit participatif du processus. Par ailleurs, grâce à nos plaidoyers auprès du CTA, nos techniciens ont bénéficié d'une formation sur le logiciel ARCGIS, en vue de produire eux-mêmes des cartes de courbe de niveau, nécessaire dans la fabrication de la maquette. Cette initiative est d'une grande importance dans la mesure où le prix de cette carte coûte presque la moitié du budget global nécessaire à la fabrication d'une maquette : tout frais compris, le coût d'une maquette s'élève à 1,4 millions d'ariary (650 euros), tandis que la carte de courbe de niveau se vend à 800.000 ar (250 euros) au Centre Nationale de la Cartographie (FTM).

Mamy Andriatiana : Quelles sont vos perspectives ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Dans les deux prochaines années, nous comptons former au moins un technicien pour chacune des 91 institutions membres. Dans cette perspective, nous estimons au moins 200 techniciens formés, soit également 200 maquettes fabriquées. L'idée est de lancer la formation des formateurs, chaque participant aura à former par la suite leurs collaborateurs respectifs. Une formation sur le tas, la fabrication de la maquette avec tout son esprit fera l'objet de l'apprentissage. A termes, l'exercice du processus de la modélisation 3D de tout le réseau devrait déboucher sur l'élaboration du SAC ou du PAV au niveau du village des membres engagés. Equipées d'un plan de développement, ces communautés auront à leur portée le développement grâce à la cartographie 3D.

La synergie fait la force : Regrouper les communautés pour mieux les appuyer

Afin de mieux appuyer les paysans malgaches, le regroupement des villageois, des communautés, des associations, des Communes est sollicité conformément aux instructions des partenaires financiers, mais aussi des départements techniques ministériels. En 2014, en vue de promouvoir le développement rural à Madagascar, le Gouvernement a misé sur une politique orientée vers l'économie de marché. Dans cette perspective, diverses dispositions ont été adoptées afin d'améliorer la qualité et la quantité des productions dont notamment, la mise en association des villageois. Plus le regroupement est important mieux ce sera : les groupements en association, les associations en fédération, les fédérations en plateforme et les Communes en intercommunaux. Le regroupement des communautés facilite la coordination des activités et renforce la synergie des actions. Cela constitue une assurance aux partenaires et aux dirigeants du pays en termes de sécurité, d'efficience des projets et des affaires. Aussi, l'organisation des sessions de formation, l'octroi de crédit, le financement, le remboursement, le transfert de compétence, le suivi des activités sont-ils assouplis et harmonieux. Pour les associations de grande envergure, les organismes d'appui se mettent ensemble pour mieux les appuyer. Dans la Région d'Itasy, au Moyen Ouest, La Coopération Suisse par le biais du programme SAHA et la coopération Américaine USAID ont cofinancé la mise en place de l'intercommunalité. Trois Communes se sont groupées en une association dénommée 3A Miroso : la Commune d'Ampefy, d'Analavory et d'Anosibe Ifanja. Une centaine de regroupement d'associations sont répertoriées dans cette Région. A savoir le groupement d'associations villageoises accompagnés par la Direction Régionale de Développement Rural, la FAFAFI de la congrégation luthérienne, le SAF Fjkm de l'église protestante, l'ADDM de l'Eglise Catholique Romaine, le BIMTT... Dans cette perspective, le processus de la maquette joue un rôle à double tranchants : celui d'encourager la solidarité de la communauté mais aussi celle des organismes d'appui, pour une bonne synergie des actions.

Thursday, March 23, 2017

Participatory 3D Modelling, a powerful development tool for Madagascan associations

Interview with Rajoelisolo Kotondrajaona, Secretary General of the liaison office for Rural Training Institutions -  by Andriatiana Mamy

Rajoelisolo Kotondrajaona, Secretary General of the Liaison Office for Rural Training Institutions in Madagascar (BIMTT), is an enthusiastic supporter of participatory 3-D models. Having attended the participatory 3-D modelling exercise led by a CTA team in Madagascar, he argues that this is a powerful multi-purpose tool that will be invaluable for the development of his association.

You've been very keen to adopt 3-D modelling. Why do you describe it as a multi-purpose tool?

Rajoelisolo Kotondrajaona: Absolutely. Initially we were just curious because it was something new, but we've been very quick to adopt the process. Our organisation has a longstanding collaboration with CTA, and in 2015 my team and I attended training on participatory 3-D mapping delivered by Farmer Technology Agriculture (FTA), an organisation supported by CTA. We followed the process of making a village model. I was fascinated by the whole setup, the work atmosphere and especially the way that people got involved in different aspects of the process. Everyone had a specific role: children and young people cut up cardboard boxes, adults did the plotting and added factual data, and older people shared their memories about the history of the village. Everyone worked together around the map, united by the same objective of reconstituting the history and showing detailed information about the village. You could see how it pulled everyone together: young and old, technicians and practitioners, members of the community and officials from modern and traditional authorities. I suddenly realised how 3-D modelling exercises could help our association, as our main concern is to promote synergy between actions and develop collaboration between members and the outside world, while strengthening everyone's technical and pedagogical capacities. This is a fantastic tool that's going to make our work so much easier. The most important thing is not the model itself, but the effect it has, the way it creates a convivial atmosphere, broadens individual values and viewpoints, confirms the identity of the community and facilitates a process of shared discovery and joint decisions about projects ...The whole 3-D modelling process involves gathering information, analysing the situation, lobbying, awareness raising, exploration, capitalisation, decision making, territorial management, monitoring ... It really is a multi-functional tool.

What is the main focus of your organisation?

Rajoelisolo Kotondrajaona: BIMTT is an association of over 90 organisations that are attached to the Council of Christian Churches in Madagascar (FFKM). These organisations may be research institutions, development agencies, NGOs, state or private technical agricultural departments, farmer groups, etc. Our main mission is to organise discussions, develop members' capacity to link up with each other and with other institutions, and strengthen their technical and pedagogical capacities so that they can work effectively to encourage initiatives and innovations in the field. We're a big network that covers the whole of the main island. It's also worth noting that the Christian community has a huge influence on development in Madagascar. Statistics show that 70% of rural training centres in Madagascar are attached to the church – although our member organisations collaborate with all farmers, regardless of their religion. What we're interested in is how activities link up with and complement each other, and how to organise interventions so that activities and organisations don't overlap. It's all about synergy – how to consolidate members, make them organisationally and economically autonomous, help them conquer local and then international markets! BIMTT provides all kinds of managerial support. Every member organisation has its own project and activities, and we're there to help them, build their capacities and strengthen their internal and external collaboration.

How can P3DM help your network? How can it improve the synergy between your activities?

Rajoelisolo Kotondrajaona: One of the current weaknesses of our network is that members work in isolation, everyone's in their own little corner. We need to work together to improve the quality and quantity of our output! As artisanal sculptors know to their cost, Madagascar is seen as a kind of test country – good for a few samples but not large orders. We've got some areas where projects are vying to do the same activity in one place, but nothing next door. Our technicians worry that local people are becoming resistant to change, especially when intervening agencies contradict each other! There's a crying need for coordination, for synergy between activities, and for people to exchange ideas. All this can be done around a 3-D map. Local people, the authorities and other actors in Ampefy have started discussing how to protect Lake Itasy, which is the second biggest lake in Madagascar and is seriously threatened by environmental degradation. 3-D maps can also help those of our members that lack the resources, enthusiasm and information to get development projects off the ground. For example, during a P3DM exercise in the village of Andranomafana Betafo Antsirabe, which had recurrent problems with drinking water, discussions started around the possibility of installing a well-placed fountain that could serve the whole village. People became enthusiastic and individuals got involved. One of our main activities at the moment is helping communities where our members work to prepare communal and village development plans (CDPs and VDPs). Most of our members are closely involved in this kind of activity, and these plans are a vital development tool for communities that are seeking assistance and funding. These communities need to take responsibility for their own future, and be committed and informed so that they can engage in the development process ... Which is where 3-D modelling comes in. Our technicians are familiar with participatory 2-D mapping and doing sketches on bits of packaging, but 3-D models are so much better because they are accurate, concrete, accessible to everyone regardless of whether or not they can read, easy to understand, participatory and dynamic. They also cost half as much as CDPs, which need expensive surveys. In fact, 3-D maps are an effective tool for designing these communal development plans because they involve different village actors, encourage exchanges and discussions, gather information and show the history of the village, preventive measures to be taken and even decisions that have been made. Over time, data are updated and everyone helps put the new information on the model. They are a quick, participatory and affordable way of getting the job done. In short, they're just what people need!

How has the network appropriated the P3DM process?

Rajoelisolo Kotondrajaona: After the FTA training, which was supported by CTA, our board of directors unanimously supported the idea of sharing this tool with different members of the network. BIMTT produced a documentary film about the P3DM process, which was shown on national TV, and sent every member a DVD of it. This tool is generating a lot of enthusiasm, but it'll be a few years before we have the budget or capacity to scale up the process among all our members. BIMTT has selected the first five localities where models will be produced. Three will be of mid-western villages – Atalata Vaovao, Mahiatrondro and Ampanasanatongotra in Itasy region; one model will cover the commune of Andranomafana in the central highlands of Betafo, and the last one will be of Sahoragna fishing village in the east coast of Toamasina province.

How will these models be funded?

Rajoelisolo Kotondrajaona: BIMTT has not received any funding for these models apart from pedagogical and documentary support from CTA. We're not expected to fund their production – that's up to each member institution. But as I said, members are interested, and I'm hoping that this will be reflected in their next investment budget. BIMTT's mission is to support its members, and this includes helping them find financial partners for 3-D modelling. At the moment we're trying to find ways of helping with the overall costs of modelmaking. We managed to limit the time spent on 3-D mapping to two days (plus preparation) without compromising the participatory spirit of the process, and after lobbying CTA our technicians received training on ARCGIS software so that they can produce the contour maps that are needed to make the models. This is really important because these maps take up almost half of the overall budget for producing a model: the total cost per model is 1.4 million ariary (650 Euros), and the national mapping centre (FTM) sells contour maps for 800,000 ariary (250 Euros).

What are your plans for the future?

Rajoelisolo Kotondrajaona: Over the next two years we plan to train at least one technician for each of our 91 member institutions. That should give us at least 200 trained technicians and about 200 models. The idea is to start training trainers so that every member will get on-the-job training as they go through the participatory model-making process, and can then train the people they go on to collaborate with. The ultimate plan is for the whole network to make 3-D models that can be used for communal and village development plans so that member organisations and communities can use them to take charge of their own development.

Interview by Mamy Andriatiana

Strength from synergy: Bringing communities together to better support them

Financial partners and technical ministerial departments believe that support for rural Madagascans will be more effective if it is delivered to clusters of village and community groups, associations and communes. In 2014 the government opted for a market economy-oriented policy to promote rural development, and adopted various measures to improve the quality and quantity of outputs. One idea was to promote village associations – the bigger, the better – with associations of groups, federated associations, platforms for federations and clusters of communes. These groupings make it easier to coordinate activities and strengthen synergies between actions, and are favoured by partners and country managers as they tend to result in more secure and efficient projects and businesses and more flexible and harmonious arrangements for training, credit, finance, repayments, skill transfers and monitoring of activities. They also enable support organisations to collaborate on assistance to large associations that work in various fields. In the region of Itasy in mid-western Madagsacar, the Swiss Cooperation co-financed inter-communal cooperation through the SAHA programme and the American development agency USAID. Three communes (Ampefy, Analavory and Anosibe Ifanja) formed the 3A Miroso association. There are about 100 groups of associations listed in this region, including a group of village associations supported by the Regional Directorate for Rural Development, the Lutheran NGO FAFAFI, the Protestant NGO SAF Fjkm, the Catholic NGO ADDM, and BIMTT... The 3-D modelling process encourages community solidarity and collaboration between support organisations, and in doing so helps create greater synergy between their actions.

Wednesday, March 22, 2017

Pêcheurs malgaches à bout de souffle : la modélisation participative trois-D confirme les acquis et ouvre les horizons

Interview avec Tsiza Ernest, président de l’association des pêcheurs à Sahoragna, Madagascar

Tsiza Ernest, Président de l'Association des pêcheurs, dénommée « La Baleine » composée d'une dizaine de membres, est un pêcheur sexagénaire du littoral-Est de la Grande île du quartier du Sahoragna, de la Commune de Fenerive Est à 500 km de la capitale. Son association est minée par des problèmes qui gangrènent leur métier. Le processus de la modélisation participative en trois dimensions (MP3D) est arrivé à point nommé leur apportant de nouvelles perspectives tout en consolidant leurs acquis.

Qu'est ce qui vous amène à dire que la MP3D est arrivé à temps?

Tsiza Ernest : Effectivement, l'apprentissage de la MP3D était venu comme une bouffée d'oxygène pour la filière, pour l'association et pour ma famille en particulier. Nos problèmes ne datent pas d'aujourd'hui, mais je dois dire que nous avons frôlé la limite de l'acceptable. Comment voulez-vous que j'arrête mes activités au printemps de ma carrière ? Je n'ai plus le choix. Si auparavant, la pêche a nourri convenablement son homme, aujourd'hui faute de productions, nous devons diversifier nos sources de revenus et pratiquer d'autres activités pour joindre les deux bouts. Heureusement au début de l'année 2016, lorsque nous avons participé aux activités d'apprentissage du processus de la modélisation participative en trois dimensions (MP3D) avec l'accompagnement du BIMTT (Bureau de Liaison des Institutions de Formation en milieu Rural à Madagascar) soutenu par le CTA, l'espoir renaît progressivement. Tous les participants s'accordent à dire que nous pouvons faire quelque chose, recoller les morceaux pour éradiquer le mal qui entrave les activités de la pêche. Le processus de la MP3D nous a mis au même pied d'égalité dans la compréhension de la situation. Elle nous a donné une opportunité pour réfléchir ensemble autour de la maquette, échanger les idées et prendre les dispositions adéquates. La participation de tous les représentants des acteurs de la pêche a facilité l'exercice : les pêcheurs, la mairie, la Direction Régionale de la Pêche (DRP), la communauté religieuse Saint Benoît, les autorités traditionnelles...Tous les pêcheurs occupant le large de 30 km du littoral Est ont été représentés. Tout le monde était là.


Quels sont les problèmes rencontrés et les solutions préconisées ?

Tsiza Ernest : La surexploitation résultant d'une pêche illicite. Ces dix dernières années, nos produits de pêche ont chuté considérablement. Aujourd'hui, il nous faut aller de plus en plus loin pour espérer pêcher davantage. Chacun fait ce que bon lui semble. La fermeture de la pêche n'est pas réglementée, la taille minimale de capture ni la capture maximale n'est pas limitée, les matériels utilisés ne respectent aucune norme, les zones d'exploitation ne sont pas délimitées. Bref : Péril en la demeure. En effet, il n'est pas rare de trouver des inconnus, ou mêmes des exploitants chinois qui débarquent avec leurs canots motorisés raflant tout sur leur passage, des individus qui illuminent avec des feux de projecteur les endroits sensibles, tels que zones de ponte ou grandes habitations des crustacés. Les conséquences en sont graves, tel qu'un feu de brousse, puisqu'ils délogent ainsi les occupants de leurs habitats pour mieux les chasser par la suite. C'est tout simplement une manière de voler nos ressources ! D'autres usent des moustiquaires au lieu et place des filets. Aussi ramasse-t-il tout jusqu'aux œufs. Tout cela est au vu et au su des autorités qui ne font rien. Au niveau de l'association, nous avons bénéficié des formations en pêche maritime responsable, nous avons adopté une convention qui nous oblige à respecter le métier. C'est à dire : utiliser des filets conventionnels, abandonner les poissons de petite taille, observer les périodes de ponte...Mais les autres s'en foutent, c'est comme si nous, les légalistes, qui sommes les imbéciles. Dès fois, nous attrapons certains d'entre eux en flagrant délit, mais nous n'y pouvons rien faire. Nous n'avons pas le pouvoir de les arrêter, ni même de les inquiéter. A mon avis, il manque pour l'heure une coordination dans les actions de lutte contre la pêche illicite à Madagascar en général et dans notre circonscription en particulier.

Que peut-il apporter le processus de la MP3D devant cette situation dégradante ?

Tsiza Ernest : Que chacun prenne sa part de responsabilité. De l'instance ministérielle, jusqu'aux petits pêcheurs en passant par la direction régionale de la pêche et la Mairie. Des plaidoyers ont été faits à maintes reprises auprès des autorités compétentes. La loi en vigueur, condamnant la pêche illégale, existe mais reste lettre morte. Les gouvernants ont du mal à rassembler le monde de la pêche autour d'une table. C'est justement, l'opportunité donnée par le processus 3D car elle dispose de ce pouvoir magistral : celui de réunir tous les protagonistes, au même moment, au même endroit, autour de la maquette. Chacun, expose leur préoccupation, formule leur défense, émet leurs idées. C'est tout simplement la carte sur table, le cas de le dire. C'est ainsi que l'idée d'élaborer un « Dina » ou convention interne a été discutée avec le consentement de la mairie et de la Direction Régionale de la Pêche représentés lors de l'apprentissage. Le Dina est une convention établie par les acteurs locaux de la pêche au niveau de la Commune et de la District. Cette convention devait déboucher sur la délimitation de l'espace marine locale ou le quadrillage, l'organisation et la discipline interne, la fermeture de la pêche, la normalisation des matériels et au bout les sanctions. Outre le Dina, l'idée d'immatriculer les pirogues et d'éditer des cartes de pêcheurs a surgi également pendant l'exercice afin d'identifier le vrai de l'ivraie. La Mairie et la DRP ont prévu organiser conjointement un atelier de travail et de validation de tout ce que nous a révélé l'exercice du processus MP3D. Par ailleurs, la mise à jour de la maquette a été fortement recommandée par les acteurs afin d'améliorer le Dina, au fur et à mesure en fonction des réalités existantes mais aussi de l'évolution du climat. Après la validation des textes réglementaires, par le biais du Dina, la Mairie et la DRP entendent également créer une plate forme de tous les acteurs dans la filière pêche dans notre circonscription. Cette structure sera le garant d'une coordination effective des activités de la pêche dans le secteur.

Quel profit pour vous et vos entourages ?

Tsiza Ernest : Pour moi personnellement, cela a tout d'abord confirmé la consistance de mes acquis et de mes vielles connaissances. J'ai été formé sur le tas. Nous avons des compréhensions, notamment sur la structure du corail, les récifs, l'emplacement des zones de ponte des langoustes et des crevettes, l'identification des zones dangereuses, des fonds sableux etc. Ce qui m'a émerveillé c'est que tout cela a été reproduit sur la maquette avec la collaboration active des ainés du village, des techniciens de la pêche et de la communauté entière. Nos connaissances ne nous ont pas trahi, tout cela s'est avéré juste et vrai : un recoupement, une confirmation de nos savoir-faire sur le métier. Maintenant, je suis fier de moi-même, que ce que j'avais fait depuis belle lurette tient débout sur des bases scientifiques ! Quoiqu'il en soit, mes connaissances ont également montré ses limites ? Il me manquait la précision. J'avais une idée approximative sur l'existence de mangroves dans un endroit déterminé, de zones de ponte, mais je ne connais pas le détail. Ni la dimension, ni la profondeur ni la superficie...C'est là l'intérêt de la carte en 3D. Les informations sont toutes affichées sur la maquette : distance, profondeur, dimension, température, datation. Par ailleurs, les expériences de l'exercice MP3D me donnent des idées de tout ce que je peux faire dans le futur. D'abord pour limiter le dégât, stabiliser la situation mais aussi planifier des projets. Ma famille a également profité de l'exercice MP3D. Elle devient un partenaire actif et se sent concernée par les enjeux de la pêche maritime. Ma femme, après avoir découvert la richesse de notre zone côtière, à travers les informations sur la maquette, m'a beaucoup aidé dans les initiatives de plaidoyers que notre association devait faire auprès des autorités communales. Les enfants en tant que fils de pêcheurs, ont maintenant acquis une bonne dose de connaissance sur l'environnement de la pêche dans notre localité. Je vois un transfert direct, facile et rapide de connaissances.



Quelles sont vos perspectives ?

Tsiza Ernest : Plus tard, lorsque tout sera en ordre, je peux lancer mes propres projets pour augmenter la production. Et d'attaquer l'exploitation des produits de haut de gamme, tels que langoustes, huitres, moules...Mais pour y parvenir, beaucoup de chose doit être établie au préalable : formation des exploitants, assainissement de la filière, disponibilité de moyens matériels, cohésion des pêcheurs. Il faut également mettre en œuvre une mesure d'accompagnement au développement des autres activités génératrices de revenus pendant la fermeture de la pêche.

Par ailleurs, nous souhaitons ériger carrément un parc au sein de notre délimitation. Ce sera une zone protégée, exploitée d'une manière responsable et rationnelle pour s'assurer de la durabilité de l'exploitation. Ce parc va servir de référence, une vitrine, pour tous nos voisins afin qu'ils aient une idée sur une pêche saine respectueuse de l'environnement. Dans cette perspective, il est clair que cela passe par une MP3D, une maquette spéciale « Parc » sur laquelle les informations et surtout les réglementations sont affichées. En outre, la mise en place d'une fédération des associations de pêcheurs s'avère importante. Le directeur régional de la pêche en a évoqué durant le processus de la MP3D. C'est d'une importance capitale dans la mesure où les pêcheurs puissent discuter et échanger leurs idées et à termes négocier directement avec les différents partenaires. Je vois la MP3D y jouer un rôle important en mettant à la même longueur d'onde tous les pêcheurs. Je souhaite enfin que les autres villages et Communes voisines disposent également de leurs propres maquettes. Cela évitera beaucoup de conflits et contribuera au développement de la filière, dans la mesure où tous les pêcheurs ont le même niveau d'informations et de connaissances.

Monday, March 20, 2017

Light at the end of the tunnel for Malagasy fishermen

Interview with Tisza Ernest, president of a ten-member fishermen’s association in Sahoragna, Madagascar

60-year old Tsiza Ernest is President of a ten-member fishermen's association (The Whale) in Sahoragna neighbourhood, in the east coast commune of Fenerive Est some 500 km from the capital. As the problems that are destroying fishermen's livelihoods threatened to overwhelm his association, the Participatory 3D Modelling (P3DM) process provided timely confirmation of their achievements and prospects for the future.

Why do you say that P3DM came just in time for you?

Tsiza Ernest: The P3DM learning process was like a shot in the arm for the sector, the association and especially for my family. Things had been difficult for a while and we were getting really desperate, but I can't stop being a fisherman now. I have no choice but to carry on. We used to be able to make a decent living from fishing but now we need several sources of income to make ends meet. Thankfully, things have seemed a bit more hopeful since the Liaison Office for Rural Training Institutions (BIMTT) ran some sessions on participatory 3-D modelling (P3DM) in early 2016, with support from CTA. We all came away feeling that we could do something to address the problems and get fishing back on its feet again. The P3DM process helped everyone understand the situation and gave us the opportunity to think about it together around the model, exchange ideas and take appropriate measures. It was a really useful exercise because representatives from different parts of the fishing industry were there – fishermen, staff from the town hall, the Regional Directorate for Fisheries (DRP), the Saint Benoît religious community, traditional authorities, etc. All the fishermen who work in a 30km-stretch of the east coast were represented. Everyone was there.



What are the problems and how can they be resolved?

Tsiza Ernest: The main issue is over-exploitation due to illegal fishing. Our output has fallen considerably over the last 10 years, and nowadays we have to go much further afield to have any hope of catching something. It's a free-for-all. There's no regulated closed fishing season, no limits on minimum or maximum sizes, no standardised equipment and no properly demarcated fishing zones. This is an emergency. It's not unusual to come across strangers or Chinese fishermen in motorboats that swallow up everything in their path. People also use floodlights in sensitive areas such as spawning grounds or large shellfish beds, and this has serious consequences – like a bushfire that displaces creatures from their habitat and makes it easier to flush them out in future. They're coming in and stealing our resources! Some people use mosquito nets instead of fishing nets, which take everything, right down to the eggs. The authorities just turn a blind eye to it. Our association has been trained on responsible marine fishing and we've adopted a convention that obliges us to respect our profession. We use conventional nets, we've stopped catching small fish, observe spawning periods, etc. – but other people don't care, so those of us who abide by the law look like idiots. We can't do anything even when we catch people red-handed, as we don't have the power to stop them or even threaten them. There doesn't seem to be any coordinated effort to crack down on illegal fishing in Madagascar, especially in our area.

How can the P3DM process help this deteriorating situation?

Tsiza Ernest: Everyone has a responsibility to do something, from ministerial bodies and the regional Directorate for Fisheries to town hall officials and individual fishermen. The relevant authorities have been lobbied repeatedly, the current law condemns illegal fishing but is ignored, and the authorities seem to find it hard to get different members of the fishing industry together around the table. That's why the P3DM process is so powerful, because it brings all the protagonists together around the model at the same place and the same time. Everyone has a chance to voice their concerns, defend their position, share their ideas and put their cards on the table. That's how the idea of developing an internal convention (Dina) came up and was supported by the town hall and the Regional Directorate for Fisheries. This convention is agreed by local actors from the fishing industry at the commune and district level and should lead to the demarcation of our local marine area, proper internal organisation and discipline, a closed fishing season, standardised equipment and finally to sanctions. The idea of registering pirogues and issuing fishermen with cards also emerged during the exercise, so that we know who should and shouldn't be fishing in our waters. We were strongly advised to update the model so we can improve the Dina, so it better reflects the current situation and takes account of future changes. After validating the regulatory texts through the Dina, the town hall and DRP also plan to create a platform for all actors in our local fishing industry, to ensure that activities in this sector are properly coordinated.

How will this help you and your fellow fishermen?

Tsiza Ernest: For me personally, it confirmed that what I have learned and achieved over the years still stands up. We fishermen learn everything on the job: the structure of coral and reefs, the location of lobster and prawn spawning grounds, how to identify danger areas, quicksand, etc. I was amazed that you can see all of this on the model we made together – older villagers, fishery technicians, the whole community. The model shows that our knowledge still holds true, confirms everything we know about fishing. Now I feel proud of myself, that what I've been doing for all these years stands up on a scientific basis! I'm aware that my knowledge is limited and imprecise – I had a vague idea that there were mangroves and spawning grounds in certain areas, but didn't have detailed information about their size, depth or area ... That's what's so great about the 3-D map, because it gives all the information on distance, depth, size, temperature, date, etc. And the P3DM exercise gave me ideas about what I can do in the future to reduce damage, stabilise the situation and plan projects. My family also learned a lot from the process, they've become active partners and take an interest in issues that affect marine fishing. The model showed my wife how rich our coastline is, and since then she's really helped the association lobby the municipal authorities. Our sons also learned a huge amount about the fishing environment in our area from the 3-D model – it's a quick, easy and direct way of transferring knowledge.


What are your plans for the future?

Tsiza Ernest: Once things have settled down a bit, I can get on with my own plans to increase production and move into high-end products such as lobster, oysters, mussels, etc. But there's a lot to be done before that can happen: fishermen need to be trained, the value chain has to be cleaned up, resources made available, and fishermen need to work together. We also need measures to support the development of other income-generating activities during the closed season.

Another thing we want to do is create a protected area within our fishing grounds, a 'marine park' that will be used responsibly and sustainably so that we can safeguard the future of our industry. This area will be a reference point, a showcase so that all our neighbours can see how environmentally sound fishing can be done. We'll need to use P3DM and make a special model of the 'park' showing all the information and especially the regulations relating to this area. During the P3DM process, the regional director of fisheries also highlighted the need to set up a federation of fishermen's associations, as this can provide an important platform for fishermen to discuss and exchange ideas and ultimately negotiate directly with different partners. I think P3DM can play a key role in getting all fishermen onto the same wavelength. And finally, I'd like all the other villages and neighbouring communes to have their own models because giving every fisherman access to the same information and knowledge will help prevent conflicts and contribute to the development of the sector.



Saturday, March 18, 2017

Vision holistique du développement : La modélisation participative en trois-D promeut la synergie des projets villageois

Le manque de synergie de certains projets entrave le développement des communautés dans beaucoup de régions de Madagascar. Au niveau des localités où le processus de la modélisation participative en trois dimensions (MP3D) a été développé, les responsables voient en cette nouvelle technique un atout fédérateur susceptible de favoriser la coordination des actions de développement.

« Trop d'aide ! A l'aide !!», ces trois mots ont fait la Une des grands titres de magazine rural de la Capitale malgache, attirant l'attention des lecteurs mais plus particulièrement des initiateurs de projets de développement. Faute de coordination des interventions, les bénéficiaires appellent à l'aide. Ils ne savent plus à quel saint se vouer, qu'au lieu de s'attendre à un développement harmonieux, ils se voient confronter à de l'anarchisme, de l'empiétement de projets. « S'il y avait eu une moindre réflexion commune entre les partenaires, cela aurait passé beaucoup mieux », soupire un leader paysan d'Anjazafotsy, Commune rurale d'Andranomafana, District de Betafo. En effet, cette carence se présente sous multiples facettes générant des impacts négatifs sur le développement local : chamboulement et désorganisation, réticence au changement, impossibilité de s'investir, difficulté à élaborer un plan d'aménagement...

Le coloriage de la carte 3D dans la commune d'Andranomafana, commune de Betafo Antsirabe



Quand la coordination fait défaut

Au premier abord, le manque de coordination se manifeste par un développement non équilibré. Dans une même localité, certaines communautés manquent de projets, alors que d'autres en sont inondés. La Commune d'Andranomafana en est victime. Ce petit village de 48 km2 se voit disloqué en deux : le Nord et le Sud. Cinq projets ont élu domicile au Nord tandis que le Sud est complètement déserté. « C'est parce que le Sud est loin de la route nationale, les habitants y sont moins instruits », tente d'expliquer une paysanne. « Il n'en est rien !» réplique l'Adjoint au Maire, Solofo Marc Rakotondrafara. « Cela résulte d'un manque de coordination » martèle-t-il. Les intervenants ne se sont pas suffisamment organisés, choisissant à leur guise leurs zones d'intervention et leurs thématiques préférées sans pour autant en discuter avec les autres. « C'est le règne de chacun pour soi, tout pour moi. L'entente entre les intervenants fait défaut » affirme Rajorosoana Razafimahatratra, technicien du BIMTT (Bureau de Liaison des Institutions de Formation en milieu Rural à Madagascar). La situation laisse les paysans perplexes. Dans ce même village, deux projets se profilent pour mettre en œuvre deux activités presque similaires. L'un, un projet d'alimentation en eau potable et l'autre la lutte contre la défécation à l'air libre. De l'avis du chef de village, « ça aurait été mieux, s'ils ont combiné ces deux activités en une seule (eau et assainissement). Comme ça, les bénéficiaires ne seront pas divisés et la mobilisation beaucoup plus facile », suggère-t-il. Le malheur ne vient jamais seul, plus grave lorsque l'organisation est défaillante, la qualité du service en pâtit. Aussi arrive-t-il que les messages véhiculés par ces projets de développement se contredisent. C'est le cas de nombreux paysans qui ne peuvent même plus s'investir. En effet, l'administration les encourage à enregistrer leurs parcelles auprès du bureau foncier local afin d'obtenir un certificat foncier. Mais au grand dam des agriculteurs, l'institution financière ne reconnaît pas ce même certificat et refuse de leur octroyer un crédit. « J'aimerais qu'ils s'entendent entre eux » se plaint le leader paysan, en quête de fonds pour prévoir la récolte prochaine. Tout cela inquiète les techniciens craignant en effet la réticence des paysans aux innovations. Il n'y a pas que les paysans bénéficiaires qui sont affectés, les dirigeants n'en sont pas non plus épargnés. Ils découvrent également leur programme de développement entravé. Le Directeur régional du développement rural de Miarinarivo, Serge Andriamiarinera, éprouve de difficulté à dresser le plan d'aménagement de sa circonscription : « les initiateurs de projets en place ont des visions différentes, parfois même opposées. Il s'avère difficile de monter un projet d'aménagement dans une situation pareille » reconnaît-il.

Bref, ce contexte hostile ne permet pas au responsable d'avoir une vision holistique de la situation et d'élaborer à termes un schéma d'aménagement global de la Région. La situation demeure embarrassante. Les promoteurs se posent la question de savoir « Comment faire en sorte que les projets à mettre en œuvre à Madagascar s'articulent entre eux, se complètent, s'acheminent vers une vision commune, répondant aux attentes des bénéficiaires ?»

Vivement, le processus de la MP3D !

Dans les trois régions de la Grande île où le processus de la MP3D a été développé, des éléments de réponses sont préconisés. Le Secrétaire Général du BIMTT, Rajoelisolo Kotondrajaona voit en la modélisation participative en trois dimensions (MP3D), un capital fédérateur, capable de promouvoir la synergie des actions de développement villageois : « le processus de la (MP3D) peut y jouer un rôle prépondérant, je dirai même sa raison d'être », affirme-t-il. Rajoelisolo reconnait la suprématie du processus en ajoutant : « la MP3D comprend tout ce qu'il faut pour une meilleure synergie des activités, en trois piliers : le dialogue, les informations, la solidarité. » La maquette participative dispose d'un pouvoir, gage de coordination. Celui de favoriser le dialogue entre les différents acteurs, de fournir des informations fiables, factuelles sur le lieu d'intervention et de cultiver l'esprit de solidarité dans la zone d'action.

La maquette encourage le dialogue. A Anjazafotsy, le processus de la MP3D a réuni autour de la carte le Nord et le Sud, deux communautés en conflit où le développement n'est pas harmonieux. Malgré leur mésentente, le dialogue a été établi le long du processus. Le problème sur la répartition de la source en eau potable et le reboisement a été abordé sans difficulté. Les deux voisins commencent à discuter du développement local, quelques projets commencent à s'implanter au Sud. « Le fait que tout le monde soit réuni autour de la maquette suffise pour qu'un participant soulève le problème et le dialogue s'établit, alors qu'auparavant on esquive le point de discorde », raconte l'adjoint au Maire.

La maquette fournit les informations. Le manque d'information compromet les initiatives et rend les acteurs amorphes. Cette situation renvoie les intervenants dos à dos, ce qui limite leur rapprochement au détriment de la coordination des activités. A Mahiatrondro, Commune Rurale d'Ampefy, au Moyen Ouest, les informations affichées sur la carte, concernant l'avancée de l'ensablement, le manque de terrains cultivables et la disponibilité des pépinières ont éveillé les participants du danger imminent qui court sur eux. Du coup, chaque entité a été fixée sur leur tâche respective et la lutte contre la dégradation de l'environnement a été vite déclenchée. La synergie des activités va de soi : la communauté était en charge du reboisement, la Commune s'occupait des espaces à reboiser tandis que l'organisme AGRISUD mettait gratuitement à leur disposition des jeunes plants ! Une coordination presque parfaite.

La maquette entretient la solidarité. Pour s'attendre à un développement harmonieux, les acteurs devraient être solidaires et unis. Dans le même village de Mahiatrondro, la maquette a cultivé l'esprit de solidarité chez la communauté. « Comme si tout le monde est animé d'un seul esprit, celui de se donner la main, d'aller de l'avant ensemble », renchérit le chef du village. Dans cette localité de 3000 âmes, à l'issue de la confection de la maquette 3D du village, les habitants ont tenu différentes réunions en vue de mettre à l'épreuve tout ce que la maquette les a révélés : couloir des voleurs, source d'eau, terres disponibles...L'entraide de la population a fait reculer la recrudescence des Dahalo (bandits de chemin) et le ravage du feu de brousse. Cela a été le fruit du Dina, une charte interne du village élaboré par la communauté, elle-même. Grâce à leur courage et leur acharnement, le Dina a été depuis peu reconnu effectif par le tribunal local.


Une vision holistique du terroir

La MP3D dispose d'une qualité favorisant l'intégration des aspects socioculturels, économiques et environnementaux du milieu. La vue plongeante donnant une vision holistique du terroir crée une perspective commune à laquelle les participants fixent leur regard. Bref : « une synergie qui s'impose tout naturellement » conclut le technicien du BIMTT. A Miarinarivo, le Directeur régional du développement rural, après avoir observé l'intérêt de la maquette encourage sa mise à l'échelle dans toutes les zones de son intervention. « Je suis en train de monter le projet d'aménagement de la Région. Les informations fournies par la maquette, l'ambiance qu'elle entretient, le dialogue qui s'ouvre, feront avancer considérablement le projet » soutient-il. Pour le Directeur, il est important d'avoir une vision globale de la communauté, des terres et des ressources naturelles du milieu afin de développer un plan d'aménagement exhaustif et pertinent : « cela permet de prendre en compte tous les aspects existants. Des projets, où les uns ne marchent pas sur les pieds des autres, où les intervenants ne se tournent pas le dos », assure-t-il. Sur le littoral Est du pays, le Directeur Général de la Pêche, Jean Razafimandimby, encourage la multiplication des maquettes participatives dans d'autres zones car elles fournissent des données marines précieuses utiles pour prendre les décisions informées et coordonner les actions de préservation d'une pêche responsable dans cette zone marine sévèrement menacée. Les acteurs de la pêche marine, à savoir la Direction régionale de la Pêche, la Mairie de Fenerive-Est, les opérateurs, les pêcheurs prévoient un atelier en vue de discuter de la coordination des actions et des mesures à prendre contre la pêche illégale dans la Commune.

Certes, le processus de la cartographie participative en trois dimensions promeut la synergie des actions de développement villageois, toutefois les acteurs préconisent la modélisation d'une zone plus vaste, à l'échelle d'une ou plusieurs Communes afin de s'assurer d'une synergie plus élargie.

Article par Andriatiana Mamy

• Participatory 3D modelling to increase synergy between village projects and to contribute to more holistic development

Community development in Madagascar is often hampered by a lack of synergy between different local initiatives. Now project managers in areas where the Participatory 3-Dimensional Modelling (P3DM) process has been developed are hoping that this new technique can help harmonise and coordinate different development actions.

"Help! There's too much aid!" This headline on a rural affairs magazine probably stopped development project promoters and readers in the Madagascan capital in their tracks – but it reflects a growing feeling among beneficiaries that poorly coordinated interventions have created chaos rather than harmonious development. "Things would be so much better if partners gave the matter just a little concerted thought" sighed a farmer's leader in Anjazafotsy (Betafo District). The negative effects of the situation are all too clear in this rural commune of Andranomafana, where local development is confused, chaotic and hampered by resistance to change, inability to commit to projects and problems preparing development plans ...


Lack of coordination

Unbalanced development is one of the first signs of a lack of coordination that has left some communities in certain areas inundated with projects while their neighbours have none. The commune of Andranomafana is a case in point, as there are five projects in the north of this small community (48 km²) and none in the south. One woman thinks this is because "people the south are less educated as they're a long way from the highway," but deputy mayor Solofo Marc Rakotondrafara blames it on lack of coordination, arguing that intervening agencies are disorganised and choose their intervention areas and themes without consulting other actors. Rajorosoana Razafimahatratra, a technician with the Liaison Office for Rural Training Institutions (BIMTT) reckons that "Everyone's out for themselves, there are no understandings between different agencies". Local people are baffled as to why two projects are getting ready to conduct similar activities in the same village – one providing drinking water while the other tackles open defecation. The village chief thinks "it would have been better to combine both activities in a single water and sanitation project, which would avoid creating divisions between beneficiaries and make it much easier to mobilize people behind the project." The situation is exacerbated by the fact that poor organisation affects the quality of services, and contradictory messages sent out by these development projects make many beneficiaries reluctant to engage with them. The administration encourages people to register their parcels at the local land office in order to obtain land certificates, but they still can't get credit because financial institutions don't recognise these certificates. "I wish they'd come to some kind of agreement" said one farmers' leader who needs money to fund his next production cycle. While technicians worry that this situation will make local people resistant to innovation, project beneficiaries are not the only ones who are missing out – the managers of development programmes are finding it increasingly difficult to get their initiatives off the ground. The regional director of rural development in Miarinarivo, Serge Andriamiarinera, says that preparing development plans for his constituency is a real challenge: "It's hard to set up development projects when all the project promoters have different, sometimes conflicting visions."

This context makes it virtually impossible to take a holistic view of the situation and formulate an overarching development plan for the region – leaving promoters wondering how they can ensure that projects in Madagascar address beneficiaries' needs, interconnect with and complement each other, and contribute to a shared vision.


The P3DM process to the rescue!

A possible solution to this embarrassing situation may have been found in the three regions of the main island where participatory 3-dimensional modelling (P3DM) has been developed. BIMTT secretary general Rajoelisolo Kotondrajaona sees P3DM as a unifying process that can encourage greater synergy between village development actions: "P3DM can play a major role in local development ... In fact, I'd say this is its primary purpose, as the three pillars of the process – dialogue, information and solidarity – provide everything that is needed for greater synergy." Participatory modelling is a powerful tool for coordination that encourages dialogue between different actors, provides reliable factual information about the intervention area, and fosters a spirit of solidarity in the action zone.

The case of two communities that had fallen out over local development in north and south Anjazafotsy shows how participatory 3-D modelling can encourage dialogue. The P3DM process drew protagonists together around a map of their two localities, enabling them to overcome their mutual mistrust and talk calmly about the issues surrounding drinking water and reforestation. They are now starting to discuss local development, and several projects are getting under way in the south. The deputy mayor noted how "The fact that everyone met around the model allowed us to start talking about the problem instead of skirting around it as we'd done before."

These 3-D models are also highly informative. Many initiatives are compromised by a lack of information that makes it impossible for actors to get organised and hard for intervening agencies to work together and coordinate activities. In Mahiatrondro, in the mid-western rural commune of Ampefy, information shown on the map about the extent of silting, lack of cultivable land and availability of nurseries alerted participants to the imminent crisis, sharpened everyone's focus on their respective tasks and galvanised them into action to prevent further environmental degradation. This common purpose created its own synergies and coordination as the community took charge of reforestation, the commune identified spaces that needed replanting, and the NGO AGRISUD provided free saplings.

Finally, these models foster solidarity, helping generate the mutual support and sense of unity needed for harmonious development. The village chief noted how the model cultivated a spirit of solidarity in the village of Mahiatrondro (population 3,000): "it was as if everyone was driven by the same spirit of mutual aid and desire to move forward together." Residents held various meetings to show what they had learned from the 3-D model of their village – from the routes used by thieves to sources of water, available land, etc. Working together enabled them to stem the resurgence of road bandits (Dahalo), reduce the damage from bush-fires, develop their own village charter (Dina) and, thanks to their courage and tenacity, get it recognised by the local court.

A holistic vision of territorial development

One of the most valuable aspects of P3DM is its ability to create a holistic representation that includes the socio-cultural, economic and environmental aspects of a particular area. The bird's-eye view provided by the models gives all participants a shared perspective of their locality and, according to one BIMTT technician, "generates natural synergies." Having seen the results of the P3DM process in Miarinarivo, the regional director of rural development is keen to scale it up across all the areas under his jurisdiction. "I'm setting up a regional development project, and know that it will be greatly helped by the information the model provides, the atmosphere it creates and the dialogue it generates." He emphasises the important role that a global vision of the community, the land and the natural resources in the locality plays in producing a comprehensive and relevant development plan. "It enables us to take account of every aspect of the situation, ensure that projects don't overlap with each other and inform intervening agencies about what their counterparts are doing." On the east coast of Madagascar, the Director General for Fisheries, Jean Razafimandimby, is encouraging other areas to produce participatory models as they provide invaluable marine data that can be used to make informed decisions and coordinate actions to promote responsible fishing in this severely threatened marine area. Actors in the marine fishing sector, such as the Regional Directorate for Fisheries, officials in Fenerive-Est town hall, operators and fishermen are planning a workshop to discuss how to coordinate actions and take measures against illegal fishing in the commune.

Having seen how participatory 3-dimensional mapping encourages synergy between development actions at the village level, there are now calls to model larger areas covering one or more communes in order to create synergies on a much larger scale.

Article by Andriatiana Mamy


Développement personnel des femmes : la modélisation participative en trois dimensions apporte sa pierre à l’édifice

Longtemps soumises, passives mais aussi amorphes, les paysannes d'Ampefy et d'Analavory veulent prendre en main leur propre développement. Mais leur volonté de s'émanciper est souvent confrontée à des obstacles. Aujourd'hui, elles sont incontournables dans le développement de la Région. La modélisation participative en trois dimensions (MP3D) y a apporté sa pierre à l'édifice : les autorités administratives et traditionnelles, les partenaires de développement, la communauté... Tous reconnaissent leurs services.




Une chose a attiré l'attention d'une équipe d'agents de développement rural descendue sur terrain pour constater de visu le dégât engendré par l'ensablement des rizières dans le Fokontany (quartier) d'Atalata Vaovao de la Commune d'Ampefy de la Région d'Itasy au Moyen-Ouest de Madagascar. Une dame enceinte, trainant un sac plein de marchandises, a fait plus de 8 km de marche à pied pour rejoindre ce rendez-vous, si important pour elle. L'exploration va durer quelques heures sous le soleil de plomb d'Ampefy. Elle ne s'en plaint pas. « Pourquoi s'en tenir à être là ? Qu'est ce qui l'a poussée à faire ce marathon ?» D'un air déterminé, elle pointe du doigt un mont partiellement dévasté juste en face des visiteurs : « Regardez, ce dégât vient de là ! Cette montagne a ensablé toutes nos rizières » martèle-t-elle, avant de lancer : « Je ne me tais pas tant qu'on ne s'occupe pas de ce monstre !» Elle, c'est Jeannette Raharimalala, membre fondateur du groupement (KF) Tolotra ou Comité local de développement Tolotra, une association d'environ une dizaine de membres créée pour sensibiliser la communauté pour le développement social et économique du quartier. Bien que le Comité local Tolotra soit ouvert aux hommes, deux-tiers des membres sont de sexe féminin. Ces femmes sont si exceptionnelles que le Directeur régional de la FAFAFI, une ONG d'appui au développement des comités de développement n'a pas caché sa stupéfaction, observant leur dynamisme : « Elles sont décomplexées et deviennent de plus en plus courageuses et entreprenantes !», se réjouit-elle. Le Directeur apporte elle-même les premières explications : « leur épanouissement s'est manifesté depuis quelques années mais a fait un grand bond en avant depuis 2015, année de leur intégration dans le processus de MP3D », soutient-elle.


Des paysannes sous l'ombre des hommes

A Atalata Vaovao, comme dans d'autres régions de Madagascar, les paysannes sont placées au second plan sous l'ombre de leurs maris ou de leurs frères. En effet, les hommes travaillent, fréquentent les bureaux, participent aux réunions tandis que les femmes se contentent de s'occuper des enfants au foyer, de servir les hommes, de préparer le repas avant de s'enfermer dans la cuisine. Peu de femmes sont membres de bureau ou leaders d'une organisation. La société rurale malgache regarde d'un mauvais œil une paysanne qui prend parole devant le public. En outre, deux grands soucis pèsent sur leur communauté : le manque de terre conjugué avec le problème foncier, laissé par les colons français dans cette zone volcanique très productive et le problème crucial d'ensablement des rizières. Si depuis peu, ces rizières ensablées devenaient de parcelles pour contenir provisoirement des cultures de légumes de contre saison, aujourd'hui, il n'y reste plus que de fragments de cailloux et de mauvaises herbes. Le président du quartier d'Atalata, Félecitin Rakotoarimalala marque ses inquiétudes : «si rien ne se fait, dans moins de dix ans, 30 ha de rizières disparaitront rien que dans ma circonscription », lâche-t-il. Le malheur ne vient jamais seul. Pire, le Grand lac d'Itasy en aval, principale source de revenus des habitants est en même temps envahi par les alluvions : « il faut aller de plus en plus loin pour pécher des poissons dont la taille devient de moins en moins grande », renchérit le président. Ce contexte conflictuel de la Région d'Itasy a amené les responsables du BIMTT (Bureau de liaison des Institutions de Formation en milieu Rural) à lancer la cartographie 3D dans cette localité. Malgré leurs contraintes, les femmes d'Atalata Vaovao n'ont pas baissé leurs bras. Elles sont les premières venues à répondre à l'appel. Sous la conduite de techniciens du BIMTT, soutenues par le CTA, elles ont participé activement au processus, avec quelques représentants du village, de la mairie d' Ampefy et des organismes de développement. Le processus a stimulé ces dames, déjà avides de développement.

Du développement personnel...

Pendant la fabrication de la maquette, les femmes ont joué un rôle principal. Celui de mobiliser la communauté entière, notamment les jeunes, les enfants et les adultes. « Elles travaillent dans le couloir mais disposent d'une force tranquille, très directive », reconnait Rajorosoana Razafimahatratra technicien du BIMTT. Elles jouent un rôle d'animateur et de rassembleur : « venez ! Mais où est-il passé ? Appelle-les ? Ne vous en rappelez-vous pas ? Vous êtes le seul à en savoir ! etc. », un véritable catalyseur ! Le processus de fabrication de la maquette au niveau des quartiers est comme un travail au foyer : la cuisson, la lessive, le nettoyage des vaisselles, les préparatifs des enfants pour l'école. Et souvent, c'est la mère qui y prend la commande. Dans l'exercice de 3D, les femmes sont beaucoup plus entreprenantes, habiles et pragmatiques dans le soin, l'ordre, la forme, l'esthétique, la mise à jour, l'entretien, les détails de la localisation (sentiers, sources, ruisseau...). La fabrication de la maquette d'Atalata Vaovao a été sous le contrôle du sexe féminin bien que les hommes s'affichent au premier plan. Il n'est pas étonnant qu'elles soient les premiers primées ! « Cela a relevé leur estime de soi, et renforcer leur confiance mutuelle » confirme le technicien du BIMTT. Le fait d'être invitée au processus est d'abord un signe de reconnaissance à leur existence. « Nous sommes invitées, donc nous pouvons en effet faire quelque chose !» s'affirme Aline Andriamampandry, secrétaire du groupement Mahiatrondro. Et de participer au processus de la fabrication de la maquette, c'est également pour elle un signe de reconnaissance à leurs œuvres. Non seulement elles se réjouissent de pouvoir s'exprimer, de donner leurs avis mais surtout d'être écoutées. Lors de la présentation de la maquette auprès des autorités ou des vazaha (hôtes étrangères), elles se défendent bec et ongles comme un étudiant soutenant une mémoire de fin d'Etudes. « Je ne m'imagine pas pouvoir faire tout ça ! » avoue Josephine Rasoanarilalaina Présidente du groupement Miavotra. Dans la culture malgache, le genre d'activité de construction est surtout consacré aux frères d'Adam. Mais aujourd'hui, tout cela est révolu pour ces paysannes, elles sont affranchies et déterminées au point de faire pression, de revendiquer leur droit. Elles sont pour l'heure à l'origine de revendication de plusieurs litiges fonciers à Ampefy. Pour mieux faire passer leurs idées de développement, certaines d'entre elles n'hésitent pas à participer aux différentes élections régionales.

...Au développement social

Le développement personnel des femmes se traduit en développement social et économique de la communauté autour d'elles. Elles et leurs Groupements sont reconnus aussi bien au sein de leur propre communauté qu'auprès de l'extérieur. La communauté les consulte. Les autorités communales s'adressent à eux pour des questions liées au développement local. Elles jouent le rôle d'interface entre le projet de développement et les bénéficiaires. « Nous avons recours à leurs groupements à chaque besoin de sensibilisation locale » confie un responsable de projet en eau potable. Dans la circonscription où les groupements (KF) sont implantés, le développement de la communauté est palpable. Rien que dans le village de Mahiatrondro de la Commune d'Analavory, la discussion enclenchée par la maquette a mis en garde les acteurs du danger engendré par de la dégradation de l'environnement. Les premiers impacts se sont répercutés au niveau de la mentalité des gens. Depuis deux ans, selon le président du quartier Justin Razafindrakoto, le feu de brousse a chuté de moitié, la défécation à l'air libre est éradiquée. La maquette a facilité l'identification des zones à reboiser, une collaboration avec le projet AgriSud fournisseurs de jeunes plants est en cours. 1.000 plants ont été mis sur terre. Le processus MP3D a fait comprendre aux acteurs que les terres disponibles sont de plus en plus rares, les femmes en sont les plus averties et passent à l'action. Du coup, elles ont diversifié leurs activités. Si les unes ont opté pour l'élevage et le gavage de Canard, les autres ont développé les greniers villageois, le guide touristique ou l'artisanat. Au point de vue sécurité, l'auto-défense populaire est mise en place et reconnue par le tribunal régional.


Des expériences qui font tâche d'huile

L'engagement des Comités pour le Développement d'Ampefy et d'Analavory ne s'arrête pas là ! D'une part, leur initiative fait tâche d'huile dans leur propre quartier pour enfanter plusieurs sous comités renforçant davantage le développement de la communauté locale. Neuf groupements (KF) ont vu le jour dans ces localités en moins de deux années. Convaincu de l'efficience de ces groupements, le chef de quartier a décidé de les intégrer dans la structure formelle de sa circonscription. Du fait de leur dynamisme, la mairie entend promulguer un arrêté communal nommant les paysans et paysannes membres des KF : Agents de Développement Villageois (ADV). D'autre part, leurs expériences ont franchi la frontière de la Commune et s'étendent dans les Communes voisines du District d'Analavory. Cela a été enclenché après la présentation de la maquette durant la foire régionale du district d'Analavory. Plusieurs autres Villages et Communes du District se proposent actuellement de créer leur propre comité de développement. Pour le Directeur régional de la FAFAFI, le résultat est évident : « le développement personnel des gens une fois acquis demeure à jamais et favorise un développement communautaire durable.» Les Comités pour le Développement sont le foyer de développement local dans toute la Région d'Itasy. « Quand les femmes sont accompagnées, moralement et techniquement, elles sont capables de faire des choses inimaginables » affirme le directeur. Dans le cas de MP3D, au moins un technicien est mis leur disposition tout au long du processus. Kidja Marie Francine, Directeur Général du Ministère de la Population et de la Promotion des Femmes, voit les initiatives très engageantes : « Nous soutenons les actions favorisant l'autonomisation des femmes » promet-elle.

Article écrit par Interview de Mamy Andriatiana pour le CTA


Inégalité de sexe à Madagascar : Les femmes rurales victimes de non droit


A Madagascar, les femmes représentent 50,6% de l'ensemble de la population. Elles sont une véritable force de travail, leurs insertions sur le marché de travail est de 62% contre 68% pour les hommes, notamment dans les activités informelles. En zone rurale, elles sont en activité permanente entre les travaux domestiques, telles que l'entretien du ménage, la préparation des repas, le décorticage du riz, la collecte de l'eau et du bois, les soins de santé des enfants et les activités agricoles. Elles sont à 78 % actives dans le secteur agricole où elle produit plus de la moitié des cultures vivrières. Soit : 16 et 18 heures de travail par jour.

Malgré leurs importantes contributions, elles sont peu estimées, moins valorisées. A la maison, l'homme occupe une position dominante par rapport à celle de la femme. Le DG du ministère de la population déplore : « si les deux époux rentrent à la maison chacun après un dur labeur, la femme n'a pas droit au repos et s'occupe de tout, alors que le mari peut se permettre de lire le journal.» Par ailleurs, elles ne sont pas héritières et n'ont pas accès à la terre. L'exploitation des terres incombe inévitablement à l'homme. L'adage le confirme «que vous soyez intelligente ou ignorante, vous restez une épouse.» Si un divorce arrive, elle risque de partir les mains vides. En plus, elles n'ont pas accès au crédit, car ne disposent d'aucuns biens (terres ou maisons...) pour garantir un éventuel prêt bancaire. Et pourtant la loi en vigueur stipule l'égalité de droit pour tous les individus (homme et femme). Droit de propriété, droit d'hériter, droit d'exploiter, droit de jouir de parts égales (moitié-moitié) au régime matrimonial. A Madagascar, les obstacles à l'égalité effective entre hommes et femmes se situent au niveau de l'application des lois, de fait de la prédominance des coutumes et tabous sociaux sur l'effectivité des droits des femmes mais aussi de l'absence de textes d'application.

How Participatory 3D Modelling has contributed to women’s personal development in Madagascar

Rural women in Ampefy and Analavory are emerging from years of years of subordination and passivity, taking charge of their own development and overcoming numerous obstacles to their emancipation. Their key role in regional development is increasingly recognised by the administrative and traditional authorities, development partners and the local community. This article shows how participatory 3-D modelling helps women fulfil their potential.



Rural development agents on a field visit to see how silting has damaged rice fields in Atalata Vaovao, a fokontany (neighbourhood) in Ampefy commune in the Itasy region of mid-western Madagascar, wondered what could have driven a pregnant woman to walk over 8 km to join them at the site. When asked what had prompted her to carry a heavy bag for several hours under the blazing sun, enduring the long journey without a word of complaint, she pointed to the badly eroded slope opposite. “Look at the damage it’s done! This hill has silted up all our rice fields. And I’m not going to stand by quietly while nothing is done to deal with this monster!” That was their introduction to Jeannette Raharimalala, a founding member of Tolotra local development committee (KF), a 10-member association created to raise awareness of the need for social and economic development in the neighbourhood. Although Tolotra is open to men, two-thirds of its members are women – individuals whose dynamism has astonished the regional director of FAFAFI, an NGO that supports development committees. Praising their “fearless and increasingly bold and enterprising approach”, she noted that “they’ve been active for several years but have made huge progress since 2015, when they first became involved in the P3DM process.”


Rural women overshadowed by men

Like their sisters in other regions of Madagascar, rural women in Atalata Vaovao are used to living in the shadow of their husbands and brothers. Men have jobs, go to the office and attend meetings, while women stay at home to look after the children, prepare meals, serve their menfolk and then retreat to the kitchen. Few women work in offices or lead organisations, and those who speak in public are frowned upon in rural Madagascar. The two main concerns for local people in this highly productive volcanic area are the land shortages and tenure issues left by the French colonial authorities, and the increasingly pressing problem of silting in their paddy fields. Recent efforts to grow out-of-season vegetables in these parcels have fizzled out and they now yield little more than weeds and stones. The community leader in Atalata, Félecitin Rakotoarimalalais, worries that “if nothing is done, my area alone stands to lose 30 hectares of rice fields in less than 10 years.” And if that wasn’t bad enough, Lake Itasy, which is the main source of income for many local people, is filling up with alluvium “so we have to travel further to catch increasingly small fish.” When the Liaison Office for Rural Training Institutions (BIMTT) introduced 3-D mapping exercises to help resolve potential conflicts in Itasy Region, the women of Atalata Vaovao were the first to turn their hand to the task despite the many constraints they face. Led by BIMTT technicians, supported by CTA and working alongside various representatives of the village, Ampefy town hall and development agencies, these women played an active role in a process that sharpened their already considerable appetite for development.

From personal development...

The 3-D model of Atalata Vaovao could not have been built without the local women, who played a key role in mobilizing community members of all ages behind the exercise. BIMTT technician Rajorosoana Razafimahatratra recalled how they acted as convenors and facilitators, “working in the corridors and leading with a quiet strength.” You’d hear them moving things along, galvanising everyone into action: “Come along now! Where’s so-and-so gone? See where they are! Can you remember what to do? You’re the only one who knows how to do it!”  Making 3-D models calls for the same kind of skills needed to organise the cooking, cleaning and laundry and get children off to school every day – and the women involved in this exercise proved much more enterprising, practical and pragmatic than the men in terms of their attention to detail, process, form, design, maintenance, getting the precise location of paths, springs and streams, updating information etc. Although the men were initially involved, it was the women who were really in charge and were best at making the model! The BIMTT technician also noted how “it improved their self-esteem and built mutual trust.” Women saw the invitation to join the model-making process as a form of recognition for their efforts. Aline Andriamampandry, secretary of the Mahiatrondro group, said that “being asked to participate means we can actually do something!” They were delighted to be able to express themselves, give an opinion, and above all be listened to. When the model was presented to the authorities and visitors (vazaha), they stood their ground like students defending their final thesis. Josephine Rasoanarilalaina, President of the Miavotra group admitted “I never thought I could do something like that!” Madagascan culture has always regarded making things as men’s work, but these women see things differently now and are determined to claim their rights. Some women from Ampefy have started land litigation procedures, while others are participating in regional elections in order to spread their ideas about development.

... to social development

Women’s personal development contributes to local social and economic development. Individual women and their groups are now recognised and consulted by their own and other communities. The communal authorities ask them about local development issues, and they act as an interface between development projects and beneficiaries. The manager of one drinking water project reported that “We use their groups whenever we need to do local awareness-raising exercises,” and said they have had a noticeable effect on community development. In the village of Mahiatrondro in the commune of Analavory, discussions sparked by the model have alerted people to the dangers of environmental degradation and are starting to have an impact on their way of thinking. Neighbourhood leader Justin Razafindrakoto reports that bushfires have halved and open defecation has been eradicated in the last two years. The 3-D model helped identify areas needing reforestation, and 1,000 saplings have been planted as part of an ongoing collaboration with the AgriSud project, which provides young plants. Having learned about the increasing scarcity of available land from the P3DM process, women have been quick to diversify their activities and started rearing livestock, fattening ducks, developing village granaries, producing and selling craftwork and acting as tourist guides. A local security service has also been set up and is now recognised by the regional court.

Aline R. Secretaire du Comité pour le Développement du Village de Mahiatrondro, Commune d'Ampefy

The knock-on effects of these experiences

The development committees in Ampefy and Analavory seem to be unstoppable! Their efforts are having knock-on effects in their own neighbourhood, and have spawned several sub-committees that are working on further community development initiatives. The neighbourhood chief was so impressed by the nine new groups (KF) that have been set up in the last two years that he incorporated them into the formal structure of his constituency, and their dynamism prompted the town hall to promulgate a communal order appointing KF members as Village Development Agents (VDAs). Their influence extends beyond their own commune to others in the district of Analavory, where their 3-D model was presented at the regional fair. Several other villages and communes in the district now intend to set up their own development committees, and these committees have become a focus for local development across the whole region of Itasy. The regional director of FAFAFI thinks the results speak for themselves. She believes that “personal development has a lasting impact on the individuals concerned and encourages sustainable community development,” and that “women are capable of doing incredible things with the right moral and technical support.”  At least one technician has been made available to work with women throughout the whole P3DM process, which is regarded as a very promising initiative by the Ministry for Population and Women’s Advancement. Its Director General, Kidja Marie Francine, has promised to support actions that help empower women.

Article written by Interview by Mamy Andriatiana for CTA



Gender inequality in Madagascar, where the law provides little protection for rural women

Women represent 50.6% of the population in Madagascar, where 62% of women and 68% of men are active on the labour market, especially in the informal sector. Rural women are always on the go, spending 16 to 18 hours a day on domestic chores such as housekeeping, preparing meals, husking rice, collecting water and wood, looking after children and working in the fields. Around 78% of women work in the agricultural sector, where they produce over half of all food crops.


But despite everything they do, women are under-valued, held in low regard and dominated by men, even in the household. The DG of the Ministry for Population laments the fact that "when a married couple come home after a hard day's work, the woman cannot rest as she's expected to do everything while her husband reads the paper." Women cannot access or inherit land, which is regarded as the men's domain, and are told "whether you're smart or stupid, you're still a wife." They run the risk of being left empty-handed if their marriage ends in divorce, and cannot get credit because they have no collateral (land or property) to offset possible loans. The current law states that all individuals (men and women) have equal rights to ownership, exploitation and inheritance and an equal share of matrimonial property, but social customs, taboos and a lack of implementing legislation mean that in reality, women in Madagascar have far fewer rights than men.