Tuesday, May 17, 2016

Mieux comprendre la réglementation en matière de drones

Les autorités exigent que l’on réglemente les droneset que l’on supervise leur usage croissant, et ce pour des raisons de respect de la vie privée, de sûreté et de sécurité. Les opérateurs de drones devront en tenir compte.

Bien que l’utilité des drones, appelés dans le monde anglophone « véhicules aériens sans pilote (UAV) », pour la population civile ne soit plus à démontrer, cette nouvelle technologie éveille la méfiance. Des pilotes britanniques réclament par exemple que des recherches soient menées sur les conséquences éventuelles d’une collision d’un drone avec un avion de ligne, après les 23 accidents évités de justesse en 2015 dans l’espace aérien britannique. Enfin, la police hollandaise mène actuellement des expériences avec des aigles dressés pour capturer les drones indésirables.

Certaines personnes se méfient des drones car elles les associent à la technologie militaire létale. D’autres ont vu les récents bulletins d’information qui montraient l’utilisation irresponsable et indiscrète de drones par des civils. Ces incidents ont suscité l’inquiétude des gouvernements et citoyens du monde entier qui déplorent l’absence de réglementation dans le domaine.

Le débat sur la réglementation des drones agite également les pays en développement. Certains, comme l’Afrique du Sud, ont déjà validé une réglementation relative à l’utilisation par la population civile de cette technologie, tandis que d’autres tels que le Kenya en ont interdit l’usage en l’absence d’autorisation explicite des autorités. Pourtant, force est de constater que de nombreux pays en développement n’ont pris aucune disposition relative à l’utilisation civile de cette technologie.

Pourquoi des règles et normes sont-elles indispensables ?


L’existence de règles harmonisées, et plus particulièrement à destination des opérateurs de drones, est l’un des prérequis fondamentaux pour utiliser des petits drones dans l’espace aérien public. Ces règles doivent porter sur la sûreté et la formation, et faciliter la reconnaissance transfrontalière de la certification des aéronefs et pilotes. Cette réglementation doit de plus être assortie de dispositions appropriées en matière de protection de la vie privée, de protection des données, de responsabilité et d’assurance. La réglementation en matière de drones doit également faire état de normes applicables à l’usage privé comme à l’usage commercial. Elle doit couvrir des questions comme l’identification des types de petits drones et l’élaboration de technologies capables d’empêcher des pirates ou des tiers de prendre le contrôle des engins en vol. Différents éléments peuvent contribuer à réduire les risques auxquels les opérateurs sont exposés : des documents d’orientation clairs et précis, des procédures douanières, une réglementation simplifiée et des formulaires et produits d’information facilement accessibles en ligne.

L’exploitation commerciale de plus en plus fréquente des drones de petite taille demande des ajustements supplémentaires, plus spécifiques, tels que des limitations de responsabilité des tiers, l’introduction de catégories de poids pour les drones inférieurs à 500 kilogrammes, et des adaptations des niveaux de risque associés aux caractéristiques de vol des drones de très petite taille. Certaines des préoccupations qui entourent les drones ne datent pas d’aujourd’hui : la protection des droits fondamentaux de la population civile comme la confidentialité des images et des données étaient déjà une problématique liée à l’utilisation d’aéronefs et d’hélicoptères pilotés.

Les discussions internationales sur la réglementation en matière d’utilisation commerciale des drones ont été officiellement lancées en 2007 avec la création du Groupe d’étude sur les systèmes de véhicules aériens non habités (UASSG), au sein de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Différents États membres et plusieurs organisations de gestion de l’aviation ont été impliqués. En 2011, la circulaire 328 a été publiée, suivie, en 2015, d’un manuel sur les systèmes de véhicules aériens non habités et de propositions d’amendements aux législations nationales relatives à l’aviation civile.

Les efforts de coordination actuels de l’OACI sur la scène internationale se concentrent presque exclusivement sur les gros aéronefs téléguidés utilisés pour des missions transfrontalières, mais pas sur ceux de plus petite taille. Toutefois, une grande partie du matériel mis au point par le groupe d’étude pourra être utilisée pour élaborer des réglementations spécifiques à chaque pays et adaptées aux conditions régionales pour les drones inférieurs à 500 kilogrammes, et avec des opérations en visibilité directe.

L’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) a été chargée d’élaborer un cadre réglementaire, ainsi que des propositions concernant la réglementation en matière d’utilisation de drones à caractère civil et à faible risque.

Les réglementations en matière de drones dans les pays ACP


Les travaux de recherche menés par le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) ont récemment passé en revue l’état actuel des réglementations relatives aux drones dans le groupe des pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP). Ces travaux ont livré plusieurs catégories de réponses distinctes par rapport à la problématique des drones. Pour élaborer leur réglementation, les États membres de l’OACI utilisent par exemple les normes, les pratiques et autre matériel d’orientation recommandés par l’organisation.

L’Afrique du Sud a mis en œuvre et appliqué un ensemble exhaustif de règles contraignantes régissant les drones. Elle figure à présent parmi le groupe restreint des États disposant d’une réglementation déjà en vigueur. D’autres pays, comme le Sénégal et le Kenya, ont banni l’usage à caractère civil des drones ou de tout autre système aéroporté spécifique (comme les caméras). Ces pays ont toutefois apporté des modifications à leur législation nationale relative à l’aviation en l’assortissant des dispositions juridiques liées aux drones. D’autres pays, comme le Tchad et le Gabon, ont laissé des commentaires lors de la mise à jour de leur législation relative à l’aviation, précisant que des normes internationales devaient encore être établies sur des points spécifiques tels que la certification, la délivrance de licences, et les types d’aéronefs. D’autres pays encore ont élaboré tout un éventail de formulaires, manuels et produits d’information. Certains se sont parfois contentés d’adopter la régulation en matière de drones d’un autre pays sans apporter aucun amendement officiel à leur législation nationale relative à l’aviation.

Dans les situations d’urgence, comme après le passage du cyclone sur Vanuatu, on a utilisé des drones à des fins de reconnaissance et d’évaluation des dommages sur les îles Éfaté et Tanna, en collaboration avec le gouvernement, mais en l’absence de cadre juridique et de règles spécifiques. La question n’est donc plus de savoir s’il convient d’intégrer les drones dans les formes d’aviation existantes mais bien de définir comment et quand il convient de le faire. Lorsque les règles ne sont pas claires, les petits opérateurs professionnels de drones œuvrant dans le domaine de l’agriculture ou de la gestion des ressources naturelles doivent faire appel à leur bon sens et faire preuve de diligence : ils doivent détenir un permis, disposer de la documentation et de l’immatriculation de l’aéronef et de l’instrument utilisé, et demander l’autorisation auprès des autorités locales.

Une nouvelle expertise en matière de drones


Pour que la technologie des drones à caractère civil puisse être mieux acceptée par l’opinion publique, il faut impérativement s’attaquer aux problèmes liés à la sûreté et à la confidentialité, et adopter une réglementation pertinente et harmonisée. Le rôle joué par l’OACI et le groupement JARUS est essentiel pour élaborer les normes appropriées et les pratiques recommandées. Les efforts de coordination au niveau régional pourraient stimuler l’harmonisation des règles, licences et certifications nationales entre pays voisins. Cette manière de faire pourrait contribuer à mieux diffuser les applications commerciales et faciliter la croissance des entreprises régionales ainsi que leur expertise technologique en la matière.

Les pays ACP souhaitant réglementer cette technologie sont invités à consulter les opérateurs professionnels et les utilisateurs de drones pour s’assurer que les cas d’utilisation ont bien été définis et que les autorisations sont en phase avec les activités concernées dans un pays donné.

À propos de l’auteur :

Cédric Jeanneret (cedricj@gmail.com) est géographe indépendant. Il se passionne pour la collecte et l’analyse d’informations géographiques pour cartographier et tirer des enseignements de la diffusion des innovations et de l’adoption des technologies dans les systèmes socioécologiques.

Source: 

ICT Update #82

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Monday, May 16, 2016

Making sense of drone regulations

Authorities demand regulation for and supervision of the increasing use of drones, because of privacy, safety and security issues. Drone operators must be aware of this. 

While unmanned aerial vehicles (UAV) – also known as drones – are indisputably useful for civilians, the technology has an increasing public relations problem. For example, UK pilots were calling for research into what would happen if a UAV hit an airliner, after 23 near-misses around UK airports in six months during 2015. In Japan, UAVs equipped with a net have been developed to capture rogue UAVs that might threaten disruptions along flight paths. And the Dutch police are experimenting with trained eagles to take unwanted UAVs out of the sky.

Some people are wary of drones due to the technology's association with lethal military technology. Others have seen recent news reports describing the reckless and indiscreet use of UAVs by civilians, from paparazzi drones to unauthorized UAVs flights over tourist hot-spots. These incidents have made governments and citizens around the world raise serious concerns about leaving the technology unregulated.

Image: Walter Volkmann
PhotoThe debate about UAV regulation also concerns developing countries. Some nations, like South Africa, have already implemented regulations on the use of the technology by civilians, while others, like Kenya, have banned the use of UAVs without explicit permission from authorities. Several small island developing states in the Pacific have adopted the regulations formulated by their bigger, more developed neighbours. That is the case for Samoa and Tonga, for example, who follow the UAV laws of New Zealand. Still, many developing countries have no provision at all when it comes to the use of this technology by civilians.

Why rules and standards are necessary

One of the fundamental prerequisites for the use of small UAVs in public airspace is the existence of harmonised rules, in particular for UAV operators. These rules should pertain to safety and training, facilitate cross-country recognition of aircraft and pilot certification. Furthermore, such regulations should be combined with appropriate provisions for the protection of public privacy, data protection, liability and insurance. UAV rules also need standards that apply to both private and commercial use, covering issues such as the identification of types of small UAVs, and development of technologies that can prevent hackers or third parties from taking control of the devices while they are in the air. Clear and concise guidance material, customs procedures, simplified regulations, and readily available online forms and information products, like maps that show where it is allowed or not to use UAVs, could all help to succeed in reducing risks for operators.

The increasing commercial exploitation of smaller drones will require further, specific adjustments, such as limitations on third-party liability, the introduction of UAV weight categories below 500 kilograms, and adjustments to the risk levels that are associated with the flight characteristics of very small UAVs. Some concerns with UAVs are not new: the protection of fundamental civilian rights, such as the privacy of images and data, was already an issue with the use of manned aircraft and helicopters. In this context UAVs represent an increase in the scale of aerial data collection – a new challenge when it comes to strengthening and managing the legal protection of privacy rights and both personal and business data.

The international discussion about regulation of the commercial application of UAVs formally began in 2007 with the creation of an unmanned aerial system study group within the International Civil Aviation Organisation (ICAO). The study group brought to the table several member states and aviation management organizations. In 2011 the study group produced a circular 328, followed in 2015 by a manual on unmanned aircraft systems and proposed amendments to national civil aviation laws.

ICAO's current coordination efforts in the international arena focus almost exclusively on the large remotely-piloted aircrafts used for trans-boundary missions and not on the smaller UAVs. However, much of the material that was prepared by the study group is useful to develop country-specific and regionally relevant regulations for small UAVs under 500 kilograms and with visual line-of-sight operations, as Leslie Cary, who manages ICAO’s programme on drones, said at the Remotely Piloted Aircraft Systems Symposium in March 2015.

The European Aviation Safety Agency (EASA) has been tasked by the European Commission to develop a regulatory framework for drone operations and proposals for the regulation of civil, low-risk drone operations. In achieving this, EASA is working closely with the Joint Authorities for Rulemaking of Unmanned Systems (JARUS), which is producing guidelines that should serve the UAV governance of the national airspaces.

Regulations in ACP countries

Research led by the Technical Centre for Agricultural and Rural Cooperation (CTA) recently examined the current state of drone-related regulations in the African, Caribbean and Pacific (ACP) group of states. It revealed several distinct categories of responses to the drone issue. Indeed, ICAO member states use the organisation's standards and recommended practices and other guidance material to develop their own regulations.

South Africa in particular has implemented and now enforces a comprehensive set of legally-bound rules governing UAVs, placing it among the small group of nations that have working regulations. Others, like Senegal and Kenya, have banned the civilian use of drones or specific airborne tools, such as cameras, although they have amended their aviation laws with drone-related provisions developed by ICAO. Others, like Chad and Gabon, still left notes in their newly updated aviation laws stating that international norms still need to be established on specifics such as certification, licensing and aircraft types. Others have created a variety of forms, guides and information products, and sometimes have simply adopted the UAV rules of another country, without any official amendments to their aviation laws.

In emergency situations, like post cyclone Vanuatu, drones have been used on Efate and Tanna islands for reconnaissance and damage assessment purposes with the endorsement of the government, but in the absence of a legal framework and specific rules. Thus, it appears that the question is no longer whether, but how and when the integration of UAVs into existing forms of aviation will take place. When rules are unclear, professional small UAV operators working in agriculture or natural resource management should use common sense and follow diligence: have an operator permit, documentation and registration for the aircraft and the instrument used, and seek approval from local authorities. Ideally they also should seek approval from customs and national transport agencies.  

Emerging UAV expertise

Tackling safety and privacy issues together with the adoption of harmonised relevant regulation will play a crucial role in the public acceptance of civilian drone technology, and the role of ICAO and JARUS is instrumental in developing the appropriate standards and recommended practices. Regional coordination efforts could spur further harmonisation of national operating rules, licences and certification between neighbouring countries. By doing this they could help the spread of commercial applications and facilitate the growth of regional enterprises and expertise on UAV technology.

ACP countries looking to regulate the technology should consult with professional operators and users of drones to ensure that UAVs’ user cases are well defined and their authorisation streamlined for the relevant activities within the individual countries.

About the Author:

Cédric Jeanneret (cedricj@gmail.com) is a freelance geographer. Cédric is particularly interested in capturing and analysing geographic information to map and learn about the diffusion of innovations and adoption of technology in socio-ecological systems.

Source:

Republished with consent from ICT Update, issue 82, April 2016

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Le dernier numéro d'ICT Update est sorti : Les drones au service de l'agriculture

L'utilisation de véhicules aériens sans pilote, ou drones, pour la gestion des cultures, des cheptels, des pêches, des forêts et d'autres activités basées sur des ressources naturelles représente le franchissement d'une nouvelle frontière technologique et ouvre la voie à toute une série d'opportunités enthousiasmantes.



Le dernier numéro d'ICT Update, un magazine bimensuel publié par le Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE (CTA), est consacré à l'utilisation de cette technologie et de systèmes connexes dans différentes parties du monde.  Le numéro, disponible en ligne et en version imprimée en français et en anglais, est publié en collaboration avec Esri.

Il contient 12 articles, une interview et une sélection de diverses ressources en ligne sur le sujet.  Les articles traitent notamment de l'utilisation des drones pour concevoir un système d'irrigation au Nigéria, pour alimenter un système de surveillance des sauterelles, pour récolter des preuves d'occupation illégale de terres au Panama, ou encore pour aider des petits producteurs à superviser leurs cultures en Afrique de l'Est.

Vous pouvez commander une version imprimée ou télécharger une version PDF de ce numéro en suivant ce lien : http://bit.ly/uav4ag-FR

Une sélection d'articles sont proposés sur le portail web du magazine : http://ictupdate.cta.int/fr, où vous pouvez vous abonner à la publication gratuitement.