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Thursday, March 24, 2016

Être sur une carte veut dire exister : l'expérience des Saramaca

Les communautés Saramaca du Suriname cherchent la reconnaissance de leur savoir traditionnel par le gouvernement

Le 23 février 2016, 18 représentants de la communauté Saramaca issus des régions de Brownsweg et du cours supérieur du fleuve Suriname ont rencontré des décideurs politiques et des acteurs concernés à Paramaribo, la capitale du Suriname. La rencontre a été organisée par les peuples Saramaka afin de partager les résultats d’un processus de deux ans qui a mené à la visualisation et la documentation de leurs connaissances traditionnelles d’une vaste région.

Cartes générées en utilisant des données extraites d’un modèle 3D participatif à échelle 1:15 000 de la zone de Brownsweg (produites en novembre 2015), combinées à un modèle numérique d’élévation obtenu de la Fondation pour la gestion des forêts et le contrôle de la production, au Suriname.
Ont dit qu'une image vaut mille mots. Dans ce sens, les peuvent en effet être un moyen très efficace de transmettre des messages inhérents à la distribution ou accès aux ressources. En fait, le résultat tangible du processus consistait en une série de cartes physiques et numériques générées par la communauté – des cartes dont les délégués Saramaca se montrèrent très fiers.


Les cartes ainsi que les séries de données connexes furent produites en langue Saramaca, en anglais et en néerlandais lors de trois exercices de modélisation participative en trois dimensions (MP3D) organisés en 2014 et 2015. Les exercices impliquèrent 220 habitants, y compris des femmes, des jeunes et des personnes âgées. Un film documentaire sur le processus fut publié en 2015 en langue Saramaca, en anglais et en français.


Lors de la réunion, les leaders Saramaca ont souligné l'unicité des données que les communautés impliquées sont parvenues à rassembler, à géo-référencer et à visualiser en utilisant des technologies sophistiquées comme les systèmes d'information géographique (SIG). En bénéficiant du soutien de l'extérieur, les détenteurs de savoir ont été à même de partager leurs cartes mentales et leurs souvenirs, des apports fondamentaux pour peupler les modèles en 3D vierges.

Les représentants Saramaca ont attiré l'attention sur la pertinence et la précision des données, ainsi que leur accessibilité à de tierces parties à condition d'obtenir le consentement préalable à leur utilisation. « Nous avons créé cette carte pour qu'elle soit utilisée. Nous voulons que d'autres personnes l'utilisent. La seule chose que nous demandons c'est que les données ne soient pas utilisées sans nous impliquer », soulignait l'un des représentants de la communauté.

Les délégués Saramaca ont encouragé l'utilisation des données à des fins de planification spatiale et ont lancé un appel au gouvernement et aux investisseurs du secteur privé pour que ces derniers reconnaissent les Saramaca en tant que parties prenantes principales et, par conséquent, pour qu'ils les impliquent au maximum dans la planification des exploitations forestières et dans la gestion des zones protégées et des concessions aurifères situées dans le territoire Saramaca traditionnel.

Ils ont également préconisé la reproduction de processus de MP3D dans le reste du territoire Saramaca de façon à générer une carte complète des terres Saramaca traditionnelles. Pour ce faire, ils ont exhorté le gouvernement, les organisations de développement, le secteur privé et les ONG présentes à la réunion à lever les fonds nécessaires.

L'événement était organisé par Tropenbos International Suriname, WWF Guyanas et l'Association des autorités Saramaca. Outre Tropenbos International Suriname, les sponsors du projet comprenaient le Programme de microfinancements du Fonds pour l'environnement mondial (UNDP GEF-SGP) et le CTA. Les contributions de ces organisations ont été dûment reconnues. Les participants ont notamment décrit ces contributions comme du terreau fertile pour l'autonomisation de la communauté à travers la MP3D, un processus très novateur selon eux. Les participants ont également signalé que le processus de MP3D a inspiré d'autres communautés qui sont à présent en train de demander le soutien nécessaire à la mise en œuvre de processus de MP3D dans leurs territoires.

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Thursday, May 07, 2015

Construction participative de maquettes en trois dimensions - Guide méthodologique


https://www.avsf.org/public/posts/1329/guide_construction_participative_maquette3d_avsf_2013.pdf
Produit à partir du projet "Soutien aux économies paysannes vulnérables du bassin versant de la rivière Fond Melon et de la vallée de Marbial" mis en place par AVSF et son partenaire CROSE de 2007 à 2010 dans le Sud-Est d’Haïti, ce guide méthodologique présente une expérience innovante de construction et utilisation de maquette en 3D pour créer une véritable dynamique de démocratie locale pour l'aménagement d'un territoire rural.

Dans une 1ère partie, le guide présente les conditions et outils pour la fabrication de maquettes en 3D, en rappelant quelques spécificités liées au contexte haïtien et les différentes adaptations pratiques développées.

Dans la 2ème partie, il expose les approches et méthodes de valorisation et d’animation autour de cet outil, pour créer de véritables dynamiques de démocratie locale.


Sunday, September 21, 2014

Les forêts des Saramaca : les cours d'eau au coeur d'un exercice de modélisation participative en trois dimensions le long du Haut Suriname

JAW JAW, SURINAME, le 6 septembre 2014. Depuis Atjoni (Suriname), il faut 40 minutes en pirogue à moteur pour atteindre Jaw Jaw, village parsemé sur les rives du puissant fleuve Suriname. Environ 17 000 Afro-Surinamais, membres de la tribu des Saramaca, vivent dans cette région. Leurs moyens de subsistance sont la culture itinérante, la pêche, la chasse, la récolte de produits sylvicoles, les services de transport fluvial, les programmes d'emploi du secteur public et les aides envoyées par des proches.

Pendant 10 jours, une centaine de représentants de 14 villages (totalisant environ 5 000 habitants) situés le long du fleuve Suriname, en aval du village de Lespansi, ont participé à l'assemblage d'une impressionnante maquette, à l'échelle 1:15 000, d'une zone couvrant environ 2 160 km2. Des jeunes (principalement des filles) du village de Jaw Jaw ont assemblé la maquette vierge d'après les conseils de représentants de Tropenbos International Suriname et du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA). Des hommes et des femmes saramaca de tous les âges ont complété cette maquette avec 38 types de repères qu'ils estiment utiles à leur orientation, leur subsistance et leur culture.

Avec l'autorisation libre, préalable et éclairée des représentants des villages, les ensembles de données ont été archivés sous forme de photographies numériques haute résolution, qui seront importées dans un environnement SIG de confiance par Tropenbos.

Lors de l'ajout des repères à la maquette, il est apparu qu'en l'absence de caractéristiques géographiques visibles comme des collines ou des montagnes (la zone est relativement plate), les Saramaca utilisent les cours d'eaux pour s'orienter sur la carte. C'est pourquoi ils ont commencé par obtenir un consensus sur l'emplacement et le nom de tous les cours d'eaux des zones concernées. Ils ont ainsi identifié cinq types de cours d'eau, qu'ils distinguent selon leur largeur, leur caractère navigable et leur accessibilité saisonnière par bateau.

Le samedi 6 septembre 2014, des représentants des villages ont présenté leur travail à des représentants d'agences gouvernementales (le Ministère du développement régional, le Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la chasse, la Commission sur l'exploitation aurifère au Suriname [OGS] et la Fondation pour la gestion et le contrôle de la production des forêts [SBB]), du CTA, de la Fondation pour le développement de l'arrière-pays (FOB), d'organisations non gouvernementales (WWF-Guianas, Tropenbos International Suriname, Amazon Conservation Team [ACT], l'Association des chefs de villages indigènes du Suriname [VIDS]), d'organisations locales (Wan Mama Pikin et l'Association des autorités saramaca [VSG]), du secteur privé (les propriétaires de gîtes du Haut Suriname [LBS]) ainsi que des médias nationaux (DWT et Surinaamse Televisie Stichting [STVS]).

Les représentants des villages ont présenté la maquette et expliqué le processus de définition, d'affinement et d'actualisation de sa légende, tout en décrivant les débats animés qui ont conduit à l'installation des repères sur la maquette vierge. Non sans fierté, ils ont indiqué que le modèle sera exposé dans l'un des villages facilement accessible depuis l'extérieur, afin de faciliter les processus de négotiation et de planification. Aux yeux des villageois, la maquette est désormais un outil qui leur permettra de planifier leur propre développement et favorisera les interactions avec les promoteurs, les investisseurs et les décideurs.

M. Erwin Fonkel, chef du village de Jaw Jaw, a rappelé un point essentiel lors de l'entretien qu'il a accordé à STVS TV : « Cet exercice de cartographie me semble essentiel : par le passé, nous nous étions essayés à la cartographie mais en omettant de nombreuses informations. Nous avons élaboré nous-mêmes cette maquette, et avons davantage fait entendre notre voix lors de la définition de son contenu. Auparavant, les cartes omettaient de nombreux lieux primordiaux, des rivières, des lieux où trouver des ressources et générer des revenus. »

Le programme de paysagisme productif de Tropenbos International Suriname et la Stratégie de renforcement des compétences pour la planification de l'aménagement territorial au Suriname de WWF Guianas utilisera la maquette pour impliquer les parties prenantes dans l'élaboration de scénarios d'aménagement territorial et procéder à des évaluations participatives des services écologiques. Comme l'avaient prévu plusieurs chefs locaux, la maquette, désormais confiée au peuple saramaca, sera utilisée pour formuler des propositions d'investissements en matière d'infrastructures locales et de développement durable, par exemple pour des raccordements électriques et du tourisme vert.



Remarque : cette activité s'est déroulée dans le cadre du projet « Modéliser les compromis entre les scénarios d'aménagement territorial et les services écologiques dans la région du Haut Suriname ». La composante participative de la cartographie avait pour vocation d'autonomiser les villages afin de faire entendre leur voix et leur donner un rôle actif, autant dans la gestion de leurs terres et de leurs ressources naturelles que dans les processus de prise de décision dont ils dépendent.

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