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Saturday, January 07, 2017

Le savoir et l’eau : favoriser la croissance Modélisation participative en 3D dans le Darfour du Nord

Le Darfour du Nord est une région sèche et poussiéreuse la majeure partie de l’année ; mais lorsqu’il pleut, le retour de la végétation lui redonne vie. Wadi El Ku, un cours d’eau saisonnier, se met soudain à couler et à alimenter en eau des milliers d’individus, leur bétail et leurs cultures. Cette région est vitale car elle est le grenier de la ville d’El Fasher, la capitale du Darfour du Nord où vivent environ 700 mille habitants.

Mais au cours des 20 dernières années, l’environnement a subi une dégradation généralisée aggravée par le changement climatique. Cette vidéo raconte l'histoire de certains habitants de cette zone qui ont uni leurs forces pour réfléchir et trouver des solutions durables notamment en ce qui concerne le manque d'eau et sa mauvaise gestion.

Le savoir et l'eau : favoriser la croissance - Modélisation participative en 3D dans le Darfour du Nord from CTA on Vimeo.

Cette activité de modélisation participative fait partie du 'Projet de gestion du bassin hydrographique de Wadi El Ku pour le développement des communautés et le maintien de la paix', financé par l'Union européenne en coopération avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), Practical Action et le CTA.

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Wednesday, September 14, 2016

Participatory 3D model by indigenous community in Nicaragua



This 3D model has been developed with assistance provided by the Centro para la Autonomía y Desarollo de los Pueblos Indígenas (CADPI) by the indigenous community of Miguel Bikan in Nicaragua and has been used for monitoring, reporting and verification. In completing and using the model, the community has a community-based monitoring information system.

www.p3dm.org


Sunday, June 05, 2016

Des drones pour compter les cocotiers

Dans les îles de Samoa, au cœur du Pacifique, la technologie des drones est utilisée dans le cadre d'une étude sur les cocotiers visant à prévoir plus précisément le rendement et la production d'huile de coco vierge. 

En 2015, l'organisation non gouvernementale agricole samoane WIBDI, Women in Business Development Incorporated (les femmes pour le développement intégré des entreprises), a réalisé qu'elle avait besoin d'un nouveau moyen pour collecter des données exhaustives auprès des associations d’exploitations agricoles, et de les organiser. WIBDI aide les familles rurales locales à s'engager activement sur le marché de niche des produits biologiques grâce au commerce équitable. Cette organisation cherchait un moyen de faciliter les contrôles du respect des normes en matière d'agriculture biologique et l'estimation de certaines cultures, notamment celle des cocotiers.

La noix de coco est à la fois la ressource renouvelable et le produit d'exportation le plus important des Samoa. Le pays exporte de l'huile de coprah, de l'huile de coco vierge, de la crème de coco, de la noix de coco séchée, de la fibre de coco et des produits à base de coquillages, à destination de l'Australie et de la Nouvelle Zélande pour la majorité des produits. WIBDI est le principal exportateur d'huile de coco vierge des Samoa et son premier client est l'entreprise The Body Shop.

À la recherche de solutions au problème de collecte de données, WIBDI s'est tourné vers l'entreprise samoane de services techniques Skyeye. Selon ses experts, les véhicules aériens sans pilote (UAV), communément appelés drones, étaient la solution idéale. Leur utilisation est moins coûteuse que celle d'un appareil avec pilote, et ils peuvent prendre des images d'une résolution supérieure à celle des images satellites.

Un serveur ouvert et gratuit

Dans le cadre de ses travaux de cartographie, Skyeye utilise un drone à voilure fixe pour la cartographie professionnelle pouvant couvrir des zones étendues au cours d'un même vol autonome. « Le drone nous permet de photographier des exploitations agricoles difficilement accessibles et d'effectuer des vols quand nous le souhaitons, si les conditions météorologiques sont favorables. La possibilité de capturer des images instantanées a représenté un avantage considérable pour ce projet de numérisation », explique Ephraim Reynolds, le technicien de Skyeye spécialisé en systèmes d'information géographique (SIG).

Une fois les images du drone récupérées, elles sont traitées pour produire des ortho-mosaïques (images assemblées dont la déformation est corrigée numériquement) afin de pouvoir les superposer sur une carte. Ces images sont ensuite ouvertes dans un logiciel SIG libre (QGIS). À l'aide de ce logiciel, les techniciens peuvent numériser des caractéristiques essentielles des exploitations agricoles. La haute résolution des images obtenues à partir des drones permet de procéder à un comptage visuel du nombre total d'arbres.

Skyeye utilise une application SIG nommée Web Feature Service (WFS) qui lui permet de donner accès aux utilisateurs à son géo-serveur, un serveur ouvert et gratuit conçu pour le partage de données géospatiales. Grâce à elles, les exploitants agricoles peuvent télécharger différents types d’informations, et modifier comme mettre à jour eux-mêmes la carte numérique de leur exploitation. « Skyeye peut ainsi répartir le travail et analyser les images des drones plus rapidement et de manière plus centralisée au sein d'un même système », explique M. Reynolds.

Repérer des zones d'atterrissage pour les drones

En estimant l'âge des cocotiers sur chacune des parcelles de l'exploitant agricole, WIBDI peut prévoir le rendement et la production d'huile de coco vierge. Ces estimations peuvent à leur tour être exploitées pour évaluer la viabilité de futures entreprises commerciales et obtenir des estimations plus précises quant aux bénéfices annuels escomptés.

L'utilisation de drones a représenté un avantage considérable pour WIBDI, mais elle n'a toutefois pas été sans poser quelques problèmes. M. Reynolds explique que le défi le plus important de Skyeye a été de sélectionner des zones d'atterrissage appropriées, particulièrement difficiles à trouver sur une île tropicale. « Les images satellites de Google dans les Samoa ne sont pas à jour. Parfois, la meilleure solution a été de demander aux habitants du village où nous pouvions trouver une clairière appropriée », raconte Ephraim Reynolds.

Maintenir une liaison radio stable avec le drone a constitué une contrainte supplémentaire. « Pour faire face à cette difficulté, nous avons restreint l'étendue de la trajectoire de vol du drone, ou alors nous l'avons lancé depuis des terrains surélevés », explique M. Reynolds.

Fin janvier 2016, Skyeye avait cartographié 10 480 hectares à l'aide de drones et avait comptabilisé 138 180 cocotiers. L'étude devrait être terminée d'ici le mois d'avril 2016. À l'avenir, Skyeye Samoa espère développer ce procédé de comptage des cocotiers mis au point pour WIBDI. Comme le fait remarquer Ephraim Reynolds, « Au fur et à mesure que les Samoa et la région du Pacifique prendront conscience que la technologie des drones peut être utilisée dans divers secteurs d'activité, notamment l'agriculture, la région renforcera sa capacité à atteindre des marchés importants et à rester en phase avec l'évolution des techniques modernes. »

À propos des auteurs :

Ephraim Reynolds (ephraim@skyeye.ws) est technicien spécialisé en SIG à Skyeye. Faumuina Felolini Tafuna’i (flyinggeesepro@gmail.com) est responsable des médias pour la Women in Business Development Inc.

Source:

Vous pouvez commander une version imprimée ou télécharger une version PDF de ce numéro en suivant ce lien : http://bit.ly/uav4ag-FR

Une sélection d'articles sont proposés sur le portail web du magazine : http://ictupdate.cta.int/fr, où vous pouvez vous abonner à la publication gratuitement.

Thursday, March 24, 2016

Être sur une carte veut dire exister : l'expérience des Saramaca

Les communautés Saramaca du Suriname cherchent la reconnaissance de leur savoir traditionnel par le gouvernement

Le 23 février 2016, 18 représentants de la communauté Saramaca issus des régions de Brownsweg et du cours supérieur du fleuve Suriname ont rencontré des décideurs politiques et des acteurs concernés à Paramaribo, la capitale du Suriname. La rencontre a été organisée par les peuples Saramaka afin de partager les résultats d’un processus de deux ans qui a mené à la visualisation et la documentation de leurs connaissances traditionnelles d’une vaste région.

Cartes générées en utilisant des données extraites d’un modèle 3D participatif à échelle 1:15 000 de la zone de Brownsweg (produites en novembre 2015), combinées à un modèle numérique d’élévation obtenu de la Fondation pour la gestion des forêts et le contrôle de la production, au Suriname.
Ont dit qu'une image vaut mille mots. Dans ce sens, les peuvent en effet être un moyen très efficace de transmettre des messages inhérents à la distribution ou accès aux ressources. En fait, le résultat tangible du processus consistait en une série de cartes physiques et numériques générées par la communauté – des cartes dont les délégués Saramaca se montrèrent très fiers.


Les cartes ainsi que les séries de données connexes furent produites en langue Saramaca, en anglais et en néerlandais lors de trois exercices de modélisation participative en trois dimensions (MP3D) organisés en 2014 et 2015. Les exercices impliquèrent 220 habitants, y compris des femmes, des jeunes et des personnes âgées. Un film documentaire sur le processus fut publié en 2015 en langue Saramaca, en anglais et en français.


Lors de la réunion, les leaders Saramaca ont souligné l'unicité des données que les communautés impliquées sont parvenues à rassembler, à géo-référencer et à visualiser en utilisant des technologies sophistiquées comme les systèmes d'information géographique (SIG). En bénéficiant du soutien de l'extérieur, les détenteurs de savoir ont été à même de partager leurs cartes mentales et leurs souvenirs, des apports fondamentaux pour peupler les modèles en 3D vierges.

Les représentants Saramaca ont attiré l'attention sur la pertinence et la précision des données, ainsi que leur accessibilité à de tierces parties à condition d'obtenir le consentement préalable à leur utilisation. « Nous avons créé cette carte pour qu'elle soit utilisée. Nous voulons que d'autres personnes l'utilisent. La seule chose que nous demandons c'est que les données ne soient pas utilisées sans nous impliquer », soulignait l'un des représentants de la communauté.

Les délégués Saramaca ont encouragé l'utilisation des données à des fins de planification spatiale et ont lancé un appel au gouvernement et aux investisseurs du secteur privé pour que ces derniers reconnaissent les Saramaca en tant que parties prenantes principales et, par conséquent, pour qu'ils les impliquent au maximum dans la planification des exploitations forestières et dans la gestion des zones protégées et des concessions aurifères situées dans le territoire Saramaca traditionnel.

Ils ont également préconisé la reproduction de processus de MP3D dans le reste du territoire Saramaca de façon à générer une carte complète des terres Saramaca traditionnelles. Pour ce faire, ils ont exhorté le gouvernement, les organisations de développement, le secteur privé et les ONG présentes à la réunion à lever les fonds nécessaires.

L'événement était organisé par Tropenbos International Suriname, WWF Guyanas et l'Association des autorités Saramaca. Outre Tropenbos International Suriname, les sponsors du projet comprenaient le Programme de microfinancements du Fonds pour l'environnement mondial (UNDP GEF-SGP) et le CTA. Les contributions de ces organisations ont été dûment reconnues. Les participants ont notamment décrit ces contributions comme du terreau fertile pour l'autonomisation de la communauté à travers la MP3D, un processus très novateur selon eux. Les participants ont également signalé que le processus de MP3D a inspiré d'autres communautés qui sont à présent en train de demander le soutien nécessaire à la mise en œuvre de processus de MP3D dans leurs territoires.

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Thursday, March 12, 2015

Données participatives

La modélisation participative en trois dimensions est un outil communautaire qui s'appuie sur le savoir autochtone local à des fins multiples, comme la planification de l’utilisation des sols, la gestion de bassins hydrologiques, la prévention contre les catastrophes, la communication et la sensibilisation.

Contribution d’une femme à la production de données pour
le modèle  3D (Villages de Telecho et Oromia en Ethiopie, 2010)
La modélisation participative en 3D (MP3D) est un outil communautaire, qui peut tout aussi bien être défini comme un « processus », qui intègre des connaissances spatiales locales et des données sur l'élévation du terrain et la profondeur des mers pour générer un modèle physique. Les communautés locales participent à la modélisation du territoire dont dépendent leur subsistance et leurs pratiques culturelles. Les données générées par le processus de MP3D sont extrêmement variées, mais pour l'essentiel, elles sont pertinentes pour les détenteurs du savoir local (couverture des sols, utilisation des sols et infrastructure, etc.) et sont étroitement liées à la culture d'un peuple donné, à ses sites sacrés, à ses cimetières.

La MP3D est déjà utilisée dans de nombreuses situations : la revendication de la propriété d'un territoire, le transfert de connaissances intergénérationnel et la gestion des conflits. Elle a récemment pris son essor dans la région Pacifique, permettant à la population des petits pays insulaires, où la montée du niveau de la mer menace les moyens de subsistance de nombreuses personnes, à prendre des décisions informées pour une gestion optimale des risques et une adaptation au changement climatique. 

Origines de la MP3D

La MP3D a d'abord été utilisée à la fin des années 1980 en Thaïlande afin de montrer où le Département royal des forêts développait des plantations dans le cadre de la réhabilitation de bassins versants. Il s'agissait alors d'un outil de démonstration axé sur la conservation, et non d'un outil participatif. Madame Uraivan Tan-Kim-Yong, docteur en anthropologie à l'université de Chiang Mai, dirigeait alors un programme de recherche faisant participer des tribus vivant dans les montagnes. Elle invitait ses élèves à fabriquer de petites maquettes en polystyrène et à les apporter dans les villages pour discuter de la conservation des sols et des problèmes liés à l'érosion. 

Ces modèles ont démontré leur utilité et ont fini par attirer l'attention d'autres protagonistes qui ont commencé à développer et à déployer le processus de MP3D. Le Programme germano-thaï de développement des régions montagneuses (TG-HDP) (1981-1998), financé par l'Agence de coopération technique allemande, était l'un des premiers à adopter de cet outil [1]. Pour la première fois, les modèles 3D ont commencé à être utilisés dans les villages et de façon participative. Ils ont commencé à évoluer d'un outil de démonstration à un outil d'éducation, pour finalement devenir un outil de planification. En 1993, un atelier a eu lieu en Thaïlande, où ont assisté plusieurs ONG d'Asie du Sud-Est. Des organisations telles que l'Association philippine pour le développement interculturel (PAFID) et le Forum écologique des Visayas occidentales ont commencé à adopter la MP3D et à l'utiliser avec les populations autochtones. Les modèles les ont aidés à répondre à la demande de minorités tribales de générer un grand nombre de données prouvant leur occupation ancestrale des terres et de l'eau afin d'obtenir les droits coutumiers d'occupation et d'usage reconnus par le Gouvernement. Au fil des années, la MP3D a profité de la créativité des nombreux utilisateurs qui ont pris part au processus. 

Défis initiaux  

Toutes les nouvelles technologies se heurtent à des difficultés lors de leur mise en œuvre. Avec la MP3D, le premier défi est la disponibilité de modèles numériques d'élévation (MNE) suffisamment détaillés, à jour et précis.
De personnes âgées discutant des caractéristiques d’une carte sous
le regard et l’écoute attentifs de jeunes.  (Villages de Telecho et
Oromia en Ethiopie, 2010)
Par exemple, certains MNE ont été produits il y a plusieurs décennies. Or, si un modèle vierge est élaboré sur la base d'un modèle d'élévation obsolète, les dépositaires de savoir pourront signaler le changement de caractéristiques topographiques, comme l'érosion d'un littoral, la modification du cours d'une rivière ou la transformation d'une côte en raison d'un glissement de terrain. Une fois le problème du MNE résolu, les détenteurs du savoir local renseignent le modèle et y partagent et visualisent leurs connaissances spatiales. Les habitants s'amusent beaucoup à faire ce genre d'exercice, qui de surcroît est très gratifiant. 

Appliquer la MP3D pour cartographier des zones étendues, comme par exemple un pays entier, constitue un autre défi. La MP3D requiert une préparation et une logistique considérables. Par conséquent, l'outil est fréquemment déployé dans des points chauds ou des régions sensibles. Dans les petits états insulaires, c'est un outil utile pour cartographier les paysages terrestres et marins, et, à terme, de vastes régions voire un pays entier. 

Dans certains pays, l'utilisation de la MP3D a eu un impact indéniable sur la politique. Aux Philippines, le gouvernement a adopté le processus dans de nombreux de contextes allant de la résolution des conflits à l'attribution de la propriété foncière et maritime aux autochtones. En 2001, le ministre de l'Environnement et des Ressources naturelles a signé une circulaire administrative recommandant l'utilisation de la MP3D dans la « planification des zones protégées et la gestion durable des ressources naturelle » [2]. À compter de novembre 2014, 165 modèles fournissant des données fondamentales pour le processus d'élaboration de politiques ont été réalisés dans les Philippines. Autre cas plus récent, le gouvernement du Samoa a adopté le processus dans le cadre de l'adaptation au changement climatique et de la gestion des risques axée sur la communauté. 

Au niveau international, la MP3D a été recommandée par le CTA, le PNUD, le FIDA, le FEM, l'UNESCO et plus récemment par l'UICN dans le cadre de la « promesse de Sydney » de 2014. 

Du support physique au support numérique  

Il est important de définir où les modèles 3D sont stockés, qui est responsable de leur conservation, de leur usage et de leur mise à jour. Un modèle est inutile s'il est enfermé dans une pièce inaccessible ou si on le place dans une vitrine et que l'on en fait une pièce de musée. Les modèles doivent faire partie de la vie de tous les jours. Ils servent à enseigner la géographie et l'histoire du territoire aux enfants. Cela est vrai pour les modèles physiques qui se trouvent généralement sous le contrôle direct des détenteurs du savoir. Leur représentation numérique, en revanche, suit une tout autre voie et ses dépositaires sont généralement différents. 

Une fois que les données passent du support physique au support numérique, il existe un risque de mauvaise utilisation ou de partage involontaire. Il est essentiel que les intermédiaires désignés comme les dépositaires des données soient une entité fiable et digne de confiance qui protégera ces données et répondra aux souhaits de la communauté lorsqu'il s'agira de les partager. La confiance et l'éthique jouent ici un rôle important. Les personnes qui effectuent des travaux de recherche extraient parfois des données et pourraient ignorer le fait que le processus de cartographie devrait d'abord et avant tout profiter aux détenteurs du savoir. Des individus sans scrupule pourraient entraîner d'autres personnes à partager les données afin de les exploiter. La MP3D suppose un niveau d'éthique élevé et une relation de confiance entre les différents acteurs, à savoir, les détenteurs du savoir et les intermédiaires/facilitateurs maîtrisant les technologies. 

En 2006, la communauté d'utilisateurs se consacrant à la pratique des SIG participatifs a mis au point une directive [3] sur l'éthique pratique destinée aux utilisateurs des SIGP, les facilitateurs, les intermédiaires technologiques et les chercheurs afin d'encourager l'adoption de bonnes pratiques. Elle a été publiée en 12 langues et régit le comportement des personnes impliquées dans les processus de génération, de traitement, de stockage et de partage des données en cartographie participative. Le code recommande que les détenteurs du savoir gardent le contrôle total tout au long du processus et que les données soient rassemblées, puis partagées avec leur consentement libre et éclairé. 

En majorité, les données de la MP3D ont été bien protégées. Toutefois, il est arrivé que des données entrées dans un modèle soient mal utilisées. En Asie du Sud-Est, on rapporte que des tombes situées sur un modèle 3D ont été pillées parce ces données n'avaient pas été retirées et avaient été laissées accessibles au public. Par conséquent, il est important de sensibiliser les gens sur les implications de la géolocalisation des données sensibles et leur diffusion au public. Ils peuvent alors décider ce qu'ils peuvent visualiser, ce qu'ils veulent abandonner ou effacer du modèle. 

Un des composants les plus importants du processus de MP3D est l'implication d'agences externes depuis le tout début. Cette implication peut sensibiliser les personnes extérieures à la profondeur, à la précision et à la pertinence des savoirs locaux. Elle peut également susciter un nouveau sentiment de respect pour les détenteurs du savoir local. 

Références   

[1] P3DM for Participatory Land Use Planning (PLUP) in Thailand, Integrated Approaches to Participatory Development (IAPAD). 

[2] Participatory 3-Dimensional Modelling as a Strategy in Protected Area Planning and Sustainable Natural Resources Management.Memorandum, Department of Environment and Natural Resources, Republic of the Philippines, Integrated Approaches to Participatory Development (IAPAD). 

[3] Rambaldi,G., Chambers, R., MCcall M. And Fox, J. (2006) Practical ethics for PGIS practitioners, facilitators, technology intermediaries and researchers, Participatory Learning and Action, 54, IIED (April) 106-113. 

Pour entrer en contact avec la communauté SIGP, vous pouvez vous inscrire à la liste électronique de discussion. C'est le meilleur moyen pour se tenir au courant de ce qui passe dans le domaine SIGP ainsi que pour poser des questions et partager des opinions. La liste global francophone compte environ un millier de membres. La liste propose également des rubriques pour l'échange en anglais, en français et en portugais. Pour s'inscrire et en savoir davantage, veuillez visiter le site http://www.ppgis.net 

Saturday, September 06, 2014

Les forêts des Saramaca : les cours d'eau au coeur d'un exercice de modélisation participative en trois dimensions le long du Haut Suriname

JAW JAW, SURINAME, le 6 septembre 2014. Depuis Atjoni (Suriname), il faut 40 minutes en pirogue à moteur pour atteindre Jaw Jaw, village parsemé sur les rives du puissant fleuve Suriname. Environ 17 000 Afro-Surinamais, membres de la tribu des Saramaca, vivent dans cette région. Leurs moyens de subsistance sont la culture itinérante, la pêche, la chasse, la récolte de produits sylvicoles, les services de transport fluvial, les programmes d'emploi du secteur public et les aides envoyées par des proches.

Pendant 10 jours, une centaine de représentants de 14 villages (totalisant environ 5 000 habitants) situés le long du fleuve Suriname, en aval du village de Lespansi, ont participé à l'assemblage d'une impressionnante maquette, à l'échelle 1:15 000, d'une zone couvrant environ 2 160 km2. Des jeunes (principalement des filles) du village de Jaw Jaw ont assemblé la maquette vierge d'après les conseils de représentants de Tropenbos International Suriname et du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA). Des hommes et des femmes saramaca de tous les âges ont complété cette maquette avec 38 types de repères qu'ils estiment utiles à leur orientation, leur subsistance et leur culture. 

Avec l'autorisation libre, préalable et éclairée des représentants des villages, les ensembles de données ont été archivés sous forme de photographies numériques haute résolution, qui seront importées dans un environnement SIG de confiance par Tropenbos. 

Lors de l'ajout des repères à la maquette, il est apparu qu'en l'absence de caractéristiques géographiques visibles comme des collines ou des montagnes (la zone est relativement plate), les Saramaca utilisent les cours d'eaux pour s'orienter sur la carte. C'est pourquoi ils ont commencé par obtenir un consensus sur l'emplacement et le nom de tous les cours d'eaux des zones concernées. Ils ont ainsi identifié cinq types de cours d'eau, qu'ils distinguent selon leur largeur, leur caractère navigable et leur accessibilité saisonnière par bateau. 

Le samedi 6 septembre 2014, des représentants des villages ont présenté leur travail à des représentants d'agences gouvernementales (le Ministère du développement régional, le Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la chasse, la Commission sur l'exploitation aurifère au Suriname [OGS] et la Fondation pour la gestion et le contrôle de la production des forêts [SBB]), du CTA, de la Fondation pour le développement de l'arrière-pays (FOB), d'organisations non gouvernementales (WWF-Guianas, Tropenbos International Suriname, Amazon Conservation Team (ACT), l'Association des chefs de villages indigènes du Suriname (VIDS), d'organisations locales (Wan Mama Pikin et l'Association des autorités saramaca (VSG), du secteur privé (les propriétaires de gîtes du Haut Suriname (LBS)) ainsi que des médias nationaux (DWT et Surinaamse Televisie Stichting (STVS)). 

Les représentants des villages ont présenté la maquette et expliqué le processus de définition, d'affinement et d'actualisation de sa légende, tout en décrivant les débats animés qui ont conduit à l'installation des repères sur la maquette vierge. Non sans fierté, ils ont indiqué que le modèle sera exposé dans l'un des villages facilement accessible depuis l'extérieur, afin de faciliter les processus de négotiation et de planification. Aux yeux des villageois, la maquette est désormais un outil qui leur permettra de planifier leur propre développement et favorisera les interactions avec les promoteurs, les investisseurs et les décideurs. 

M. Erwin Fonkel, chef du village de Jaw Jaw, a rappelé un point essentiel lors de l'entretien qu'il a accordé à STVS TV : « Cet exercice de cartographie me semble essentiel : par le passé, nous nous étions essayés à la cartographie mais en omettant de nombreuses informations. Nous avons élaboré nous-mêmes cette maquette, et avons davantage fait entendre notre voix lors de la définition de son contenu. Auparavant, les cartes omettaient de nombreux lieux primordiaux, des rivières, des lieux où trouver des ressources et générer des revenus. » 

Le programme de paysagisme productif de Tropenbos International Suriname et la Stratégie de renforcement des compétences pour la planification de l'aménagement territorial au Suriname de WWF Guianas utilisera la maquette pour impliquer les parties prenantes dans l'élaboration de scénarios d'aménagement territorial et procéder à des évaluations participatives des services écologiques. Comme l'avaient prévu plusieurs chefs locaux, la maquette, désormais confiée au peuple saramaca, sera utilisée pour formuler des propositions d'investissements en matière d'infrastructures locales et de développement durable, par exemple pour des raccordements électriques et du tourisme vert.   

Remarque : cette activité s'est déroulée dans le cadre du projet « Modéliser les compromis entre les scénarios d'aménagement territorial et les services écologiques dans la région du Haut Suriname ». La composante participative de la cartographie avait pour vocation d'autonomiser les villages afin de faire entendre leur voix et leur donner un rôle actif, autant dans la gestion de leurs terres et de leurs ressources naturelles que dans les processus de prise de décision dont ils dépendent. 

Thursday, August 16, 2012

Les éleveurs recherchent l’eau et la paix au Tchad : compte-rendu d’un exercice participatif de cartographie au Sahel

BAÏBOKOUM, TCHAD : Du 31 juillet au 11 août 2012, l’Association des Femmes Peules Autochtones du Tchad (AFPAT), en collaboration avec le Secrétariat du Comité de Coordination des Peuples Autochtones d'Afrique (IPACC, Indigenous Peoples of Africa Coordinating Committee), a dirigé une formation sur la modélisation tridimensionnelle participative dans la région de Baïbokoum, dans le Logone oriental, dans le sud du Tchad.


Dialogue à trois sur le changement climatique from CTA on Vimeo.

Le projet de cartographie tchadien mettait l’accent sur la formation d’éleveurs activistes de différentes parties du Tchad, ainsi que de pays voisins et d’Afrique de l’Est, pour les initier aux bases de la cartographie et leur apprendre comment mener un exercice de cartographie participative en 3D (CP3D) avec des peuples autochtones M’bororo nomades et semi-nomades dans la région de Baïbokoum.

La population rurale de Baïbokoum est confrontée à des défis liés à la concurrence pour les ressources similaires à ceux d’autres parties d’Afrique. Ils comprennent les changements dans l’utilisation de la terre, notamment l’empiètement par des exploitants sédentaires, la perte de la biodiversité résultant de la modification de l’utilisation de la terre, l’impact des industries extractives et les impacts du changement climatique. Tous ces facteurs contribuent à l’accroissement de la vulnérabilité des populations, à la dégradation des sols et de la biodiversité, à l’insécurité alimentaire et à des risques de conflit.

Le projet Baïbokoum s’inscrit dans le prolongement de l’atelier qui s’est déroulé en novembre 2011 à N’Djamena, au Tchad, où des éleveurs de l’AFPAT et du réseau IPACC ont rencontré l’Organisation météorologique mondiale, l’UNESCO, le CTA et les services météorologiques du Tchad, pour débattre de l’adaptation au climat et des risques encourus aujourd’hui par les communautés nomades en Afrique. L’atelier de N’Djamena a mené à la Déclaration de N’Djamena sur le savoir traditionnel et l’adaptation au climat présentée à la 17e Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques.

Les membres de la communauté nomade et semi-nomade des villages du district ont ensuite passé trois jours à coder la carte avec le savoir traditionnel autochtone, montrant l’utilisation des terres, l’itinéraire traditionnel de la migration du bétail, les caractéristiques de l’écosystème et les informations relatives à la biodiversité. Les stagiaires sont venus à Baïbokoum en provenance de cinq régions différentes du Tchad, ainsi que du Niger, du Cameroun, du Kenya, de la Tanzanie et de l’Ouganda. Le soutien technique et la formation ont été fournis par M. Barthelemy Boika du Réseau des Ressources Naturelles de la République Démocratique du Congo. Le Secrétariat de l’IPACC (Afrique du Sud) a également contribué à la formation et donné des conseils.


Les stagiaires ont réalisé des travaux pratiques avec des cartes provisoires, une formation aux compétences GPS, le choix d’une légende dans une langue locale (dans ce cas, le fufulde), et se sont initiés aux bases de la cartographie, de la mise à l’échelle et du géoréférencement. Ils ont passé quatre jours à élaborer une maquette 3D géoréférencée à échelle de Baïbokoum et de ses environs (24km x 20 km ; échelle 1:10 000).

La maquette en 3D qui en a résulté possédait quelques caractéristiques notables, dont l’accent mis par les éleveurs sur les différents types d’eau de surface – saisonnière, permanente, marécageuse et vive. Les éleveurs ont également pu identifier six espèces d’arbre protégées par la loi coutumière M’bororo. Ces six espèces d’arbre ont toutes des propriétés médicinales et une utilité dans l’écosystème et ne peuvent donc être ni coupées, ni endommagées. Elles servent également de repères lors des déplacements depuis des générations.

Les éleveurs se souciaient principalement de l’expansion des exploitants sédentaires qui ont bloqué les routes traditionnelles de transhumance le long desquelles le bétail pouvait accéder à l’eau potable. Les éleveurs accusaient les exploitants de brûler leurs champs, nuisant ainsi à la biodiversité, y compris des espèces d’arbres protégées depuis des temps immémoriaux. Les éleveurs ont remarqué que l’on creusait maintenant des puits de pétrole dans le territoire voisin, ainsi qu’un pipeline, mettant la pression sur eux des deux côtés. De brusque changements de temps et de climat, avec à la fois des sécheresses et des inondations, les ont rendus plus vulnérables et a renforcé le risque de conflit armé dans la région.

Plus de soixante membres de la communauté M’bororo ont participé à la cartographie, ainsi que les stagiaires, des villageois et des enfants scolarisés. Les dirigeants de la communauté se sentaient confiants et pensaient que la carte pouvait contribuer à résoudre les conflits naissants dans la communauté. L’événement a été clôturé officiellement le 10 août par Son Excellence le Gouverneur du Logone oriental, le Président de 5% Revenue from Oil Exploration, le Préfet et le Sous-préfet de Baïbokoum et des représentants de la Gendarmerie nationale et des Ministères de l’Élevage et de l’Agriculture et du Département en charge du changement climatique.

Le Gouverneur a immédiatement proposé de jouer le rôle de médiateur dans un processus de négociation entre les communautés sédentaires et nomades pour rouvrir les couloirs de transhumance afin que les éleveurs puissent de nouveau accéder à l’eau. Les participants ont indiqué que ces communautés pouvaient entretenir des relations de symbiose et de soutien. La résolution des conflits et l’adoption d’une approche préventive pour éliminer la concurrence vis-à-vis des ressources constituent un aspect fondamental de l’adaptation au climat et du développement des zones rurales.

La Coordinatrice de l’AFPAT, Hindou Oumarou Ibrahim, a salué le gouvernement et la communauté pour leur volonté d’explorer de nouvelles voies de coopération. Elle a souligné l’importance que les hommes et les femmes M’bororo accorde depuis des siècles à la conservation de la nature et a entamé des discussions avec le Président de 5% oil revenues pour examiner comment les éleveurs M’bororo pourraient être davantage impliqués dans la protection des espaces forestiers menacés dans les montagnes environnant Baïbokoum.

Le processus de cartographie, l’étude des questions conflictuelles et l’établissement de la paix ont été documentés par Jade Productions qui a réalisé un film qui sera diffusé pour la première fois à la 18e Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques prévue à Doha, au Qatar. Les médias nationaux ont réalisé des reportages radiodiffusés tout au long de l'atelier puis une émission de télévision, à l'issue de l'événement protocolaire de clôture.

L’atelier a été organisé pendant le mois saint du Ramadan, ce qui a conféré une dimension supplémentaire car les enseignements et les valeurs religieuses peuvent également encourager les personnes à coopérer, même dans des circonstances où elles ne partagent pas la même langue. Pendant les deux semaines qu’a duré l’atelier, les éleveurs autochtones du Kenya, du Cameroun et du Niger se sont joints à leurs homologues tchadiens pour les prières et le jeûne.

L’événement a bénéficié de la générosité du Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE (CTA), avec un appui financier supplémentaire de Bread for the World, Norwegian Church Aid et Misereor. Des documents, photographies et vidéos peuvent être consultés sur www.ipacc.org.za/fr


Crédits pour le texte et les photos : Nigel Crawhall, IPACC

Tuesday, May 22, 2012

Retour sur l'expérience en P3DM à Boeboe, îles Salomon, à travers les yeux d’une femme

HONIARA, le 25 mai 2012  - Nous avons demandé à Winifred Pitamama, laquelle a pris part à un exercice de modélisation participative en 3D qui s'est déroulé en février 2011 dans le village de Boeboe, province de Choiseul dans les îles Salomon, de nous faire part de son expérience et des leçons apprises. Ci-dessous figure son récit.

« Je m'appelle Winifred Pitamama du village de Boeboe, province de Choiseul dans les îles Salomon. Je suis enseignante. Au nom des habitants de Boeboe, et notamment des femmes et des enfants, j'ai le très grand honneur et le privilège de me tenir devant vous, partenaires très ingénieux ayant participé à cet atelier, pour partager notre expérience concernant l'exercice de modélisation participative en 3D qui s'est déroulé dans mon village en février 2011. Je vais vous parler de la participation des femmes et des enfants au démarrage du projet, de leur réaction une fois le modèle achevé, des leçons qu'ils ont tirées du modèle, de leur expérience du modèle P3D s’agissant de l'environnement et de l'exploitation minière, de mon point de vue en tant qu'enseignante et des mesures que nous devrions prendre concernant les changements climatiques.

Lorsque ce modèle P3D a été réalisé, les femmes et les enfants étaient très excités et ont consacré beaucoup de temps à sa confection. Ils ne voulaient pas rentrer chez eux, ni s'arrêter pour déjeuner. Certains continuaient même de travailler jusqu'à 3 heures du matin ! Ce faisant, nous avons réussi à achever le modèle P3D de notre village, sans savoir l'importance qu'il allait revêtir pour nous.

Mais une fois le modèle terminé, nous avions sous les yeux le tableau exact de notre terre natale. Nous étions vraiment heureux, parce que tout le monde ne savait pas lire une carte ni même ce qu'étaient des lignes de contour. Et c'est ainsi que nous avons beaucoup appris, rien qu'en construisant et en regardant la carte en 3D. Elle nous donne de nouvelles informations sur le paysage, les ruisseaux, les rivières, les mangroves marécageuses, les sites culturels, les zones de conservation et bien plus encore. Même les zones de prospection minière ! Elle donne de la valeur à notre lieu de vie.


Modelling the Future in Boe Boe Community, Solomon Islands from CTA on Vimeo.

Toutefois, nous avons aussi remarqué les effets des changements climatiques sur l'environnement. Comme nous dépendons beaucoup des ressources marines, nous avons réalisé que la plupart des endroits où se trouvent des coquillages comestibles sont maintenant recouverts d'eau de mer et que le niveau ne cesse d'augmenter. On peut également voir que certaines régions qui jusque-là restaient au sec sont effleurées par la hausse du niveau de la mer. Désormais, les femmes et les enfants comprennent que les changements climatiques suivent leur cours. Cela est dû aux activités humaines.

Par conséquent, nous avons besoin de considérer l'exploitation minière avec soin, et notamment ses effets à long terme. Nous pouvons prédire que, si l'extraction a lieu, nos ressources, notamment en termes d'alimentation, seront menacées. Et pas seulement cela. Nos forêts et nos sites culturels devraient aussi être respectés. Autrement, nous perdrons tout !

De ce fait, nos enfants d'âge scolaire ont besoin d'être informés du modèle P3D. En effet, en tant que professeur de sciences sociales, je dois reconnaître que ce modèle m'a été très utile dans mes leçons sur les lignes de contour et les paysages et même les changements climatiques. J'ai aidé mes étudiants à prendre cette information au sérieux, car nous avons besoin du développement, afin que tout le monde ait la possibilité d'augmenter son niveau de vie. Ainsi, les gens de mon village commencent à s'éloigner des zones côtières pour gagner des terres plus élevées mais cela prend du temps et il faut de l'argent pour une telle réinstallation.

Toutefois, lorsqu'on veut, on peut.

Sur ces quelques remarques,

Merci à tous ! »

Tuesday, September 06, 2011

E-Book launch: Participatory GIS and Land Planning


Dr Françoise Orban-Ferauge, or Françoise to many of her friends in the Philippines, will be launching her e-book "PGIS and Land Planning: Life Experiences for People Empowerment and Community Transformation" on 23 August 2011 at the University of Saint La Salle in Bacolod City.

The book highlights the effectiveness of "participation" as the key ingredient of good Participatory Geographic Information Systems (PGIS) practice. It positively invites the reader to reflect about it through the sharing of a range of experiences and case studies. Learning from numerous applications mainly led by the author in the Philippines, this e-book aims to clarify the notions of Participatory Geography, People's Empowerment, Quadripartite Partnership, and Power Sharing, in an action-oriented research that highlights the use of GIS. The role and responsibility of the scientists are analyzed, facing the ethical challenges and the limits of the approach.

PGIS practice is about empowering ordinary people in adding value and authority to their spatial knowledge through the use of geographic information technologies and maps as a media to effectively communicate by increasingly using Web 2.0 applications and related multimedia.

Dr Orban-Ferauge was awarded the 2008 Signum Lasallanum Award for her passion and energy for co-development that bridges technology with social advancement and generates hope and synergy among many international communities and partners. She recently retired as the Head of the Department of Geography, University of Namur in Belgium but continues to actively engage with Philippine-based research organizations. At ESSC, she continues to support and actively engage with the Institute's work in upland communities and resource management.

The e-book was written in collaboration with V. Aguilar, E. Alarcon, A. Carmona, N. Daix, B. Denil, A. Ignacio, J. Martinez, M. McCall, G. Miscione, E. Olivarez, M. Pandan, G. Rambaldi, R. Teruel, and J. Verplanke.

Download a pdf version of the book.

Monday, January 17, 2011

Notre passé et notre présent au travers d'un miroir : récit d'un exercice de CP3D en Éthiopie

La senteur de cuir qui émanait du lieu de la manifestation n'était que la confirmation du fait que nous étions au cœur de l'Éthiopie rurale, dans un village du nom de Telecho, à quelques 30 kilomètres au nord d'Holeta. Nous venions de nous réunir avec 20 délégués en provenance d'Éthiopie, du Kenya, de Tanzanie, d'Afrique du Sud, d'Ouganda, du Cameroun et du Bénin pour co-animer un exercice de cartographie participative mis en œuvre par plus de 130 villageois originaires de 28 kebeles situés autour d'une montagne connue sous le nom de Foata.

L'exercice, organisé par l'ONG nationale MELCA-Ethiopia avec l'appui du Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE (CTA), constituait la réponse à un appel à l'aide de la communauté, qui souhaitait réhabiliter son environnement après plusieurs décennies de déforestation et de dégradation importante des sols. Après plusieurs mois de préparation, l'exercice s'est déroulé du 8 au 18 décembre 2010 dans le village de Telecho, au milieu d'un paysage doré riche en blé, en teff et en seigle mûrs et entrecoupé de bandes foncées de terre labourée et de tissus de sols exposés au soleil.


Cartographie pour le changement. Expérience des agriculteurs dans la zone rurale d’Oromiya, Éthiopie from CTA on Vimeo.

Près de 140 personnes ont travaillé en équipes sur la maquette qui couvre une surface rurale totale de 672 km², à l'échelle 1:10,000, y compris des portions de quatre woredas : Welmera, Ejere, Adea berga et Mulo. Assistés par les formateurs, 14 étudiants, trois enseignants et les délégués étrangers (les stagiaires) ont élaboré la maquette vierge. Environ 110 anciens, représentants de 28 kebeles, ont contribué par groupes à l'élaboration de la légende de la carte et au report de leurs cartes mentales sur la maquette. Un certain nombre de représentants d'entités du gouvernement local ont également participé à l'exercice.

L'assemblage de la maquette vierge avec des plaques de carton de 3 mm d'épaisseur mesurant 2,8 m x 2,4 m a pris trois jours et la description du paysage et la localisation des caractéristiques pertinentes pour la communauté, six jours supplémentaires.

Certains anciens ont présenté le projet de légende au premier groupe de participants qui l'ont vérifiée et enrichie par de nouveaux éléments et leurs descripteurs. Une fois terminé, le modèle comprenait 48 couches d'informations, dont 25 types de point, 5 types de ligne et 18 types de zone. Un calcul du nombre de points de données réalisé au terme de l'exercice a révélé que la zone comptait 38 écoles, 23 postes de santé, 113 arbres sacrés, 8 marchés, 861 villages et bien plus encore.

Pour ce qui est du processus, les villageois du premier groupe ont expliqué la tâche au deuxième groupe et celui-ci a fait de même pour le troisième groupe. Cette méthode a permis le transfert de la maîtrise de l'ensemble du processus des animateurs, qui ont lancé la formation, vers les détenteurs du savoir local, qui ont fièrement présenté leurs résultats à l'ensemble de la communauté et aux représentants gouvernementaux le jour de l'inauguration et de la cérémonie de clôture. Les villageois ont œuvré avec beaucoup d'attention et de passion en décrivant le paysage de leurs woredas. Des discussions, des échanges et des négociations animées ont caractérisé le processus, auquel ont participé des hommes (en majorité) et des femmes. Les activités débutaient par des danses traditionnelles le matin et le travail se poursuivait jusqu'à la nuit tombée, à la lumière d'un générateur.

Un taureau a été abattu en prévision de la cérémonie de clôture qui s'est déroulée le 18 décembre 2010. Cet événement a été l'apothéose d'un processus où des anciens (homme et femmes) ont présenté la légende et les informations contenues dans la maquette 3D et décrit le processus qui a sous-tendu sa production. Le public était composé d'environ 300 villageois originaires de 28 woredas, de représentants du parlement, du gouvernement local, du CTA, de l'ambassade finnoise et de délégués d'ONG et d'universités de 9 pays africains.

Au cours des diverses phases d'élaboration de la maquette, les participants ont pu s'exprimer et écrire leur ressenti sur le processus au travers des « murs de la démocratie ». Les murs de la démocratie sont de grandes feuilles de papier intitulées « J'ai remarqué », « J'ai appris », « J'ai découvert », « J'ai senti », « Je voudrais suggérer », sur lesquelles les participants peuvent coller des feuilles A5 où ils inscrivent un commentaire lié à l'intitulé et concernant le processus. De plus, une équipe média professionnelle a documenté le processus et mené des entretiens, tandis qu'un groupe de jeunes a été formé et a participé à la production d'une vidéo participative (VP).

Les villageois participants ont rapporté que le travail sur la maquette avait réveillé en eux des souvenirs de paysages passés de forêts luxuriantes et de cours d'eau permanents, ce qui leur a permis de réaliser combien la transformation de l'habitat naturel avait eu un impact (négatif) sur leur vie. Les participants ont affirmé que grâce à un processus d'introspection, ils ont compris que leur exploitation non durable des ressources avait entraîné l'appauvrissement des sols et une baisse des rendements agricoles, et que la situation actuelle menaçait leur moyens d'existence et même leur subsistance. Ils ont ajouté que le processus d'élaboration du modèle créait un cadre d'apprentissage et leur donnait le sentiment d'avoir un but. « Le processus CP3D permet à la communauté de se regarder en utilisant le modèle comme miroir », a écrit un villageois sur une carte collée sur les « Murs de la démocratie ».

Voici des exemples de commentaires écrits par les villageois (en amharic) alors qu'ils travaillaient sur la maquette :

« Je sentais que - avec la destruction des ressources naturelles dans notre environnement - nous avons perdu la terre, la forêt, les animaux sauvages et bien plus encore. Cela nous porte préjudice et pose des problèmes aux générations futures. »

« Je sentais que nous pouvions comparer ce que nous avions fait sur la carte avec ce qui existait par le passé [dans la réalité], et cela clarifie ce qu'il faut faire à l'avenir. »

« J'ai remarqué qu'il [le processus] m'aidait à comprendre l'importance de la participation. J'ai également réalisé que la communauté disposait d'un savoir précieux dont nous n'avions pas conscience. »

« J'ai remarqué que le processus CP3D permet à la communauté de se regarder en utilisant le modèle comme miroir. Il renforce les capacités et c'est important pour le développement du pays. » (Source : Murs de la démocratie, Telecho, 17 décembre 2010)

La grande réunion du 18 décembre a renforcé le message car les villageois impliqués dans la cartographie ont partagé leurs réalisations, développé leur conscientisation et exprimé davantage de déclarations d'intention. La présence de représentants du gouvernement, quelque peu abasourdis à la vue du modèle lors de son dévoilement, a été fort appréciée des membres de la communauté et a renforcé leur sentiment d'être considérés et écoutés dans leur engagement de collaboration pour un meilleur avenir. Dans ce contexte, les villageois ont décidé d'organiser une réunion avec un public plus large afin d'examiner un ensemble d'actions qui contribuerait à réhabiliter leurs terres victimes de dégradations.

Quelques jours après la fin de l'exercice, l'ambassade finnoise a octroyé une aide financière supplémentaire à la MELCA en vue de mettre sur pied des activités de suivi portant sur la réhabilitation de l'environnement dans la région concernée par le projet. La maquette 3D jouera un rôle important dans cette partie du processus car il représente le référentiel le plus actualisé et pertinent regroupant des informations sur l'espace local ainsi qu'un outil de planification facile à maîtriser par les villageois, puisqu'il est parfaitement compris et approuvé par la population locale.

Enfin, point très encourageant, les stagiaires nationaux et internationaux ont manifesté leur intention de réitérer le processus dans leur région.

Auteurs : Giacomo Rambaldi / CTA et Million Belay MELCA-Ethiopia

Version anglaise

Monday, November 29, 2010

Localisation, Participation, Communication : Une introduction aux bonnes pratiques en matière de SIGP



Ce documentaire de 25 minutes est une vidéo éducative qui présente la pratique des systèmes participatifs de communication et de gestion de l’information géographique (aussi appelés SIGP) dans le contexte du développement. Il s’adresse aux praticiens du développement (notamment les intermédiaires en technologie) et leur explique comment mettre en œuvre un SIGP piloté par la demande.

Dans cette vidéo, la pratique du SIGP est présentée comme un cycle continu qui débute avec la mobilisation de la communauté dans le cadre de la planification et la conception du projet, le choix des méthodes et technologies cartographiques, puis la visualisation des différentes technologies dans divers contextes ethnoculturels et agro-écologiques pour finalement exploiter les cartes dans les domaines de la construction de l’identité, de l’autodétermination, de la planification spatiale et du plaidoyer.

Des attitudes et des comportements sains et respectueux de l’éthique sont mis en exergue comme des impératifs essentiels à toutes les étapes du processus.

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Friday, July 23, 2010

Le projet de cartographie participative dans le Bassin du Congo

Freddy Nguema Allogo est responsable technique du projet cartographie participative dans le Bassin du Congo par compte de Brainforest Gabon. Freddy décrives le projet et son état d’avancement.



Le projet régional de cartographie participative dans le Bassin du Congo pour la République du Congo a été lancé le 18 juin à Brazzaville. Initié par la Rainforest Foundation du Royaume Uni, ce projet qui s’étalera sur deux ans, sera mis en œuvre par l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH).

L’objectif global de la cartographie participative dans le Bassin du Congo est de promouvoir l’inclusion des droits des communautés forestières pour un contrôle et une utilisation rationnelle des forêts.

Le projet vise à renforcer les capacités des communautés forestières, de l’administration et des organisations de la société civile à mieux connaître les ressources forestières ; à soutenir les communautés forestières dans leur dialogue avec les autorités compétentes.

L’initiative de Rainforest Foundation traduit la volonté du Gouvernement anglais de ralentir le processus de déforestation par le développement des capacités des populations et des institutions des pays du Bassin du Congo dans la gestion durable des forêts, tout en assurant les meilleures conditions de vie aux communautés locales.

Ainsi, ces cartes géo référencées, une fois produites, devront mettre en valeur la richesse des écosystèmes forestiers du Congo et souligner les dimensions économiques, sociales et culturelles qu’ils représentent pour les populations qui y vivent

Sunday, October 18, 2009

Pister la Vie Sauvage dans l'Age de la Cybernétique




Le CTA a fait paraître dernièrement une vidéo éducative sur la technologie CyberTracker. La vidéo est un élément d’un paquet pédagogique, destiné à promouvoir les bonnes pratiques en matière de production, de gestion, d’analyse et de communication de l’information géospatiale. D’une durée de 8 minutes, la vidéo est disponible en anglais, français, espagnol et met l’accent sur de nombreux domaines dans lesquels cette technologie peut être utilisée à des fins de développement et de conservation de l’environnement.

CyberTracker est un logiciel en libre accès (open source) mis au point en Afrique du Sud par l’ONG CyberTracker Conservation avec, à l’origine, le soutien financier de la Commission Européenne. Il peut être installé sur tout appareil portable équipé d’un GPS – un Assistant numérique personnel (PDA) ou un Smartphone, par exemple – et permet de recueillir des données géoréférencées avec des annotations numériques détaillées. C’est un moyen extrêmement efficace de stocker de grandes quantités d’observations géocodées faites sur le terrain, à une vitesse et avec un niveau de précision et de détail inédits. CyberTracker permet aux utilisateurs de personnaliser l’interface pour mieux l’adapter à leurs besoins de collecte de données. Les écrans sont configurés de manière à pouvoir combiner du texte et des icônes, pour garantir ainsi une efficacité et une personnalisation optimales. L’interface icônes de l’application CyberTracker a été initialement conçue pour les pisteurs qui ne pouvaient ni lire ni écrire. Aujourd’hui, tous les utilisateurs – y compris scientifiques et écologistes – mettent à profit cette interface icônes parce qu’elle permet de saisir les données beaucoup plus rapidement.