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Saturday, March 25, 2017

La MP3D, un outil puissant pour le développement des associations au Madagascar

Interview avec Rajoelisolo Kotondrajaona, Secrétaire Général du BIMTT à Madagascar -  par Andriatiana Mamy


Rajoelisolo Kotondrajaona, Secrétaire Général du BIMTT ou Bureau de Liaison des Institutions de Formation en milieu Rural à Madagascar, n’a pas hésité un instant à adopter la maquette participative, faisant figure selon lui d’un puissant outil à clé multiple pour le développement de son Association après avoir assisté à l’exercice de modélisation participative en 3D (MP3D) mené par une équipe de CTA à Madagascar.

Vous n'avez pas hésité à approprier la maquette, c'est quoi au juste selon vous un outil à clé multiple ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Effectivement, nous n'avons pas hésité à l'adopter le processus. Au départ, ce n'était qu'une simple curiosité, que c'était nouveau et que notre organisation ait entretenu avec le CTA une collaboration de longue date. Mais l'appétit venait en mangeant. En 2015, j'ai participé avec mon équipe à la formation octroyée par le FTA (Farmer Technology Agriculture), une organisation appuyée par le CTA. Un apprentissage sur le processus de la modélisation de la carte 3D à l'occasion de la fabrication d'une maquette villageoise. Au premier abord, la scène m'a fasciné : l'ambiance de travail, mais surtout l'implication des participants. Chacun joue un rôle spécifique : les enfants et les jeunes s'occupent du découpage des cartons, les adultes du tracé et de l'affichage des données factuelles, les anciens du mémoire historique du village. Tout le monde est uni, unifié autour de la carte, dirigé ensemble vers un même objectif : celui de restituer l'histoire, construire et inventorier les détails du village. Une complicité se dessine entre participants : enfant-adulte, technicien-pratiquant, communauté-autorité, contemporain-traditionnel. Du coup, j'avais une assurance au fond de moi que les exercices de modélisation 3D apporteraient à notre association, dont notre premier souci serait d'assurer la synergie des actions et de développer la collaboration entre les membres et le monde extérieur, tout en renforçant la capacité technique et pédagogique de chacun. C'est un outil performant qui sûrement va faciliter notre tâche. Ce n'est pas la maquette en elle qui est la plus importante. C'est l'effet qu'elle déclenche, qu'elle crée, qu'elle entretient : la convivialité, l'élargissement des valeurs et perspectives individuelles, la confirmation de l'identité de la communauté, la découverte partagée de pistes de projet, les décisions...La modélisation 3D est un processus de collecte d'informations, d'analyse de situation, de plaidoyers, de sensibilisation, d'exploration, de capitalisation, de prise de décision, de gestion de terroir, de suivi...Bref : un outil à clé multiple.

Quelle est la mission de votre organisation ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Le BIMTT est une association regroupant plus de 90 organisations rattachées à la Confédération des Eglises de Madagascar (FFKM). Ces organisations peuvent être des institutions de recherche, de développement, des ONGs, des départements techniques agricoles étatiques ou privés, des groupements de paysans. Sa principale mission est d'organiser des échanges et développer les capacités internes à se relier entre ses membres et à se relier avec les autres institutions, de renforcer les capacités techniques et pédagogiques de ses membres pour que ces derniers puissent travailler convenablement dans cette nouvelle perspective sur le terrain afin de favoriser les initiatives et les innovations. On peut dire que BIMTT est un grand réseau présent dans tout le territoire de la Grande île. Il faut noter l'affluence de la Communauté chrétienne pour le développement à Madagascar. Selon la statistique, 70% des centres de formations rurales à Madagascar sont rattachés à l'église. Par ailleurs, ces organisations membres collaborent avec tout paysan sans distinction. Comment les activités s'articulent et se complètent ? Comment organiser les interventions pour que les activités ne se piétinent et que les organisations ne se marchent pas sur les pieds : une question de synergie ! Comment consolider les membres, les rendant autonomes sur le plan organisationnel et économique, les aider à conquérir le marché local puis international ! C'est tout un appui managérial ! Chaque organisme membre a son propre projet et ses propres activités, BIMTT est là pour les accompagner, renforcer leurs capacités, leur collaboration interne et externe.

Qu'est ce que la MP3D peut apporter à votre réseau ? En quoi, renforce-t-elle la synergie de vos activités ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Une des faiblesses actuelles de notre réseau réside dans le fait que les membres travaillent d'une manière isolée, chacun dans son petit coin. Pourtant, les efforts peuvent se conjuguer pour mieux produire tant en qualité qu'en quantité. Vous savez, Madagascar est connu pour être un pays d'échantillon : bon pour quelques exemplaires mais forfait pour des grosses commandes ! Les artisans sculpteurs en sont victimes. Dans d'autres communautés, les projets se bousculent pour une même activité dans un même endroit alors que d'autres à côté sont abandonnées. Nos techniciens craignent d'une résistance des paysans au changement, surtout quand ces intervenants se contredisent ! Là, il y a un appel criant à une coordination, une synergie des activités. Il faut que les acteurs s'échangent les idées. Autour d'une carte 3D, cela est possible. Un début de concertation est maintenant lancé à Ampefy entre acteurs, paysans et autorités en vue de la protection du deuxième plus grand lac de Madagascar l'Itasy, gravement menacé par la dégradation de l'environnement. Par ailleurs, il faut également avouer que certains de nos membres sont frêles et ne disposent d'aucun projet de développement, faute de moyens, d'enthousiasme, d'informations. Les cartes 3D y donnent de réponses. Je me souviens du problème récurent d'eau potable dans le village d'Andranomafana Betafo Antsirabe. C'est au moment de l'exercice de MP3D que surgit la possibilité d'exploitation d'une fontaine, bien placée pour alimenter le village entier. Depuis lors, le débat est lancé, l'enthousiasme est réveillé, les individus sont impliqués. Actuellement, une de nos principales activités est l'appui à l'élaboration des Schémas d'Aménagement Communal (SAC) ou des Plans de Développement Villageois (PAV) des Communautés où nos membres sont actifs. La plupart de nos membres y prennent part et sont très consultés. Ces plans sont indiscutablement un instrument capital pour le développement des communautés, pour espérer recevoir des aides et de financements. Pour y parvenir, nous voulions une communauté responsable, prenant en main leur propre avenir, engagée, informée...Dans cette perspective les maquettes y jouent un rôle prépondérant. Nos techniciens sont familiers aux cartographies participatives 2D, faisant appel aux croquis sur des emballages, mais à comparer avec la maquette, force est de constater que cette dernière a un énorme avantage : précis, concret, accessible à tous ; illettrés ou non, facile à comprendre, participatif, dynamique, et à moindre coût par rapport aux frais des enquêtes nécessaires à la confection des SAC. En effet, la carte 3D s'avère l'outil efficace pour la conception de ces plans de développement communal : l'implication des acteurs villageois est acquise, les échanges et discussions développés, les informations rassemblées, l'histoire du village restituée, les préventions formulées, les grandes orientations et même décisions dessinées. Puis, au cours du temps, les données sont mises à jour, tout un chacun se donne la main pour afficher les nouvelles informations sur la maquette. Bref : un travail rapide, participatif à un prix abordable. Que demande le peuple !

Depuis lors, comment le réseau a-t-il approprié la MP3D ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Après la formation dispensée par le FTA, soutenu par le CTA, les membres du Conseil d'administration du BIMTT sont unanimes à l'idée de vulgariser cet outil auprès des différents membres du réseau. Du coup, nous avons produit un film documentaire sur l'exercice du processus MP3D. Le film a été diffusé sur la chaîne nationale et est disponible sur DVD, distribué à tous les membres. Un engouement pour cet outil est actuellement ressenti, mais nous devons attendre les prochaines années d'exercice avant d'enclencher la mise à l'échelle du processus à l'endroit de tous les membres et de disposer d'un budget y afférent. Pour commencer, BIMTT a fait le choix de cinq localités pilotes pour la production de maquettes. Trois maquettes de villages pour Atalata Vaovao, Mahiatrondro et Ampanasanatongotra au Moyen Ouest dans la région d'Itasy. Une maquette de la Commune d'Andranomafana sur les Hautes terres centrales, à Betafo et une autre dans le village des pêcheurs Sahoragna du littoral Est de la Province de Toamasina.

Quels financements avez-vous prévu pour ces productions ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Outre les appuis pédagogiques et documentaires du CTA, BIMTT n'a reçu aucun financement dans la production de ces maquettes. D'ailleurs, BIMTT n'est pas censé financer la fabrication de maquette. Cela revient à chaque institution membre, selon leurs intérêts. Mais comme j'avais mentionné, l'intérêt des membres est là. Il leur reste le fonds, que j'espère figurer dans leur prochain budget d'investissement. Mais conformément à la mission du BIMTT, qui est celle d'accompagner leurs membres, il lui revient d'aider les institutions membres à trouver les partenaires financiers pour la production de maquette. Pour l'heure, nous essayons de trouver les moyens d'alléger le coût global de construction d'une maquette. En effet, nous avions limité à deux jours le temps de fabrication d'une cartographie 3D (plus les préparatifs), sans pour autant compromettre l'esprit participatif du processus. Par ailleurs, grâce à nos plaidoyers auprès du CTA, nos techniciens ont bénéficié d'une formation sur le logiciel ARCGIS, en vue de produire eux-mêmes des cartes de courbe de niveau, nécessaire dans la fabrication de la maquette. Cette initiative est d'une grande importance dans la mesure où le prix de cette carte coûte presque la moitié du budget global nécessaire à la fabrication d'une maquette : tout frais compris, le coût d'une maquette s'élève à 1,4 millions d'ariary (650 euros), tandis que la carte de courbe de niveau se vend à 800.000 ar (250 euros) au Centre Nationale de la Cartographie (FTM).

Mamy Andriatiana : Quelles sont vos perspectives ?

Rajoelisolo Kotondrajaona : Dans les deux prochaines années, nous comptons former au moins un technicien pour chacune des 91 institutions membres. Dans cette perspective, nous estimons au moins 200 techniciens formés, soit également 200 maquettes fabriquées. L'idée est de lancer la formation des formateurs, chaque participant aura à former par la suite leurs collaborateurs respectifs. Une formation sur le tas, la fabrication de la maquette avec tout son esprit fera l'objet de l'apprentissage. A termes, l'exercice du processus de la modélisation 3D de tout le réseau devrait déboucher sur l'élaboration du SAC ou du PAV au niveau du village des membres engagés. Equipées d'un plan de développement, ces communautés auront à leur portée le développement grâce à la cartographie 3D.

La synergie fait la force : Regrouper les communautés pour mieux les appuyer

Afin de mieux appuyer les paysans malgaches, le regroupement des villageois, des communautés, des associations, des Communes est sollicité conformément aux instructions des partenaires financiers, mais aussi des départements techniques ministériels. En 2014, en vue de promouvoir le développement rural à Madagascar, le Gouvernement a misé sur une politique orientée vers l'économie de marché. Dans cette perspective, diverses dispositions ont été adoptées afin d'améliorer la qualité et la quantité des productions dont notamment, la mise en association des villageois. Plus le regroupement est important mieux ce sera : les groupements en association, les associations en fédération, les fédérations en plateforme et les Communes en intercommunaux. Le regroupement des communautés facilite la coordination des activités et renforce la synergie des actions. Cela constitue une assurance aux partenaires et aux dirigeants du pays en termes de sécurité, d'efficience des projets et des affaires. Aussi, l'organisation des sessions de formation, l'octroi de crédit, le financement, le remboursement, le transfert de compétence, le suivi des activités sont-ils assouplis et harmonieux. Pour les associations de grande envergure, les organismes d'appui se mettent ensemble pour mieux les appuyer. Dans la Région d'Itasy, au Moyen Ouest, La Coopération Suisse par le biais du programme SAHA et la coopération Américaine USAID ont cofinancé la mise en place de l'intercommunalité. Trois Communes se sont groupées en une association dénommée 3A Miroso : la Commune d'Ampefy, d'Analavory et d'Anosibe Ifanja. Une centaine de regroupement d'associations sont répertoriées dans cette Région. A savoir le groupement d'associations villageoises accompagnés par la Direction Régionale de Développement Rural, la FAFAFI de la congrégation luthérienne, le SAF Fjkm de l'église protestante, l'ADDM de l'Eglise Catholique Romaine, le BIMTT... Dans cette perspective, le processus de la maquette joue un rôle à double tranchants : celui d'encourager la solidarité de la communauté mais aussi celle des organismes d'appui, pour une bonne synergie des actions.

Saturday, March 18, 2017

Vision holistique du développement : La modélisation participative en trois-D promeut la synergie des projets villageois

Le manque de synergie de certains projets entrave le développement des communautés dans beaucoup de régions de Madagascar. Au niveau des localités où le processus de la modélisation participative en trois dimensions (MP3D) a été développé, les responsables voient en cette nouvelle technique un atout fédérateur susceptible de favoriser la coordination des actions de développement.

« Trop d'aide ! A l'aide !!», ces trois mots ont fait la Une des grands titres de magazine rural de la Capitale malgache, attirant l'attention des lecteurs mais plus particulièrement des initiateurs de projets de développement. Faute de coordination des interventions, les bénéficiaires appellent à l'aide. Ils ne savent plus à quel saint se vouer, qu'au lieu de s'attendre à un développement harmonieux, ils se voient confronter à de l'anarchisme, de l'empiétement de projets. « S'il y avait eu une moindre réflexion commune entre les partenaires, cela aurait passé beaucoup mieux », soupire un leader paysan d'Anjazafotsy, Commune rurale d'Andranomafana, District de Betafo. En effet, cette carence se présente sous multiples facettes générant des impacts négatifs sur le développement local : chamboulement et désorganisation, réticence au changement, impossibilité de s'investir, difficulté à élaborer un plan d'aménagement...

Le coloriage de la carte 3D dans la commune d'Andranomafana, commune de Betafo Antsirabe



Quand la coordination fait défaut

Au premier abord, le manque de coordination se manifeste par un développement non équilibré. Dans une même localité, certaines communautés manquent de projets, alors que d'autres en sont inondés. La Commune d'Andranomafana en est victime. Ce petit village de 48 km2 se voit disloqué en deux : le Nord et le Sud. Cinq projets ont élu domicile au Nord tandis que le Sud est complètement déserté. « C'est parce que le Sud est loin de la route nationale, les habitants y sont moins instruits », tente d'expliquer une paysanne. « Il n'en est rien !» réplique l'Adjoint au Maire, Solofo Marc Rakotondrafara. « Cela résulte d'un manque de coordination » martèle-t-il. Les intervenants ne se sont pas suffisamment organisés, choisissant à leur guise leurs zones d'intervention et leurs thématiques préférées sans pour autant en discuter avec les autres. « C'est le règne de chacun pour soi, tout pour moi. L'entente entre les intervenants fait défaut » affirme Rajorosoana Razafimahatratra, technicien du BIMTT (Bureau de Liaison des Institutions de Formation en milieu Rural à Madagascar). La situation laisse les paysans perplexes. Dans ce même village, deux projets se profilent pour mettre en œuvre deux activités presque similaires. L'un, un projet d'alimentation en eau potable et l'autre la lutte contre la défécation à l'air libre. De l'avis du chef de village, « ça aurait été mieux, s'ils ont combiné ces deux activités en une seule (eau et assainissement). Comme ça, les bénéficiaires ne seront pas divisés et la mobilisation beaucoup plus facile », suggère-t-il. Le malheur ne vient jamais seul, plus grave lorsque l'organisation est défaillante, la qualité du service en pâtit. Aussi arrive-t-il que les messages véhiculés par ces projets de développement se contredisent. C'est le cas de nombreux paysans qui ne peuvent même plus s'investir. En effet, l'administration les encourage à enregistrer leurs parcelles auprès du bureau foncier local afin d'obtenir un certificat foncier. Mais au grand dam des agriculteurs, l'institution financière ne reconnaît pas ce même certificat et refuse de leur octroyer un crédit. « J'aimerais qu'ils s'entendent entre eux » se plaint le leader paysan, en quête de fonds pour prévoir la récolte prochaine. Tout cela inquiète les techniciens craignant en effet la réticence des paysans aux innovations. Il n'y a pas que les paysans bénéficiaires qui sont affectés, les dirigeants n'en sont pas non plus épargnés. Ils découvrent également leur programme de développement entravé. Le Directeur régional du développement rural de Miarinarivo, Serge Andriamiarinera, éprouve de difficulté à dresser le plan d'aménagement de sa circonscription : « les initiateurs de projets en place ont des visions différentes, parfois même opposées. Il s'avère difficile de monter un projet d'aménagement dans une situation pareille » reconnaît-il.

Bref, ce contexte hostile ne permet pas au responsable d'avoir une vision holistique de la situation et d'élaborer à termes un schéma d'aménagement global de la Région. La situation demeure embarrassante. Les promoteurs se posent la question de savoir « Comment faire en sorte que les projets à mettre en œuvre à Madagascar s'articulent entre eux, se complètent, s'acheminent vers une vision commune, répondant aux attentes des bénéficiaires ?»

Vivement, le processus de la MP3D !

Dans les trois régions de la Grande île où le processus de la MP3D a été développé, des éléments de réponses sont préconisés. Le Secrétaire Général du BIMTT, Rajoelisolo Kotondrajaona voit en la modélisation participative en trois dimensions (MP3D), un capital fédérateur, capable de promouvoir la synergie des actions de développement villageois : « le processus de la (MP3D) peut y jouer un rôle prépondérant, je dirai même sa raison d'être », affirme-t-il. Rajoelisolo reconnait la suprématie du processus en ajoutant : « la MP3D comprend tout ce qu'il faut pour une meilleure synergie des activités, en trois piliers : le dialogue, les informations, la solidarité. » La maquette participative dispose d'un pouvoir, gage de coordination. Celui de favoriser le dialogue entre les différents acteurs, de fournir des informations fiables, factuelles sur le lieu d'intervention et de cultiver l'esprit de solidarité dans la zone d'action.

La maquette encourage le dialogue. A Anjazafotsy, le processus de la MP3D a réuni autour de la carte le Nord et le Sud, deux communautés en conflit où le développement n'est pas harmonieux. Malgré leur mésentente, le dialogue a été établi le long du processus. Le problème sur la répartition de la source en eau potable et le reboisement a été abordé sans difficulté. Les deux voisins commencent à discuter du développement local, quelques projets commencent à s'implanter au Sud. « Le fait que tout le monde soit réuni autour de la maquette suffise pour qu'un participant soulève le problème et le dialogue s'établit, alors qu'auparavant on esquive le point de discorde », raconte l'adjoint au Maire.

La maquette fournit les informations. Le manque d'information compromet les initiatives et rend les acteurs amorphes. Cette situation renvoie les intervenants dos à dos, ce qui limite leur rapprochement au détriment de la coordination des activités. A Mahiatrondro, Commune Rurale d'Ampefy, au Moyen Ouest, les informations affichées sur la carte, concernant l'avancée de l'ensablement, le manque de terrains cultivables et la disponibilité des pépinières ont éveillé les participants du danger imminent qui court sur eux. Du coup, chaque entité a été fixée sur leur tâche respective et la lutte contre la dégradation de l'environnement a été vite déclenchée. La synergie des activités va de soi : la communauté était en charge du reboisement, la Commune s'occupait des espaces à reboiser tandis que l'organisme AGRISUD mettait gratuitement à leur disposition des jeunes plants ! Une coordination presque parfaite.

La maquette entretient la solidarité. Pour s'attendre à un développement harmonieux, les acteurs devraient être solidaires et unis. Dans le même village de Mahiatrondro, la maquette a cultivé l'esprit de solidarité chez la communauté. « Comme si tout le monde est animé d'un seul esprit, celui de se donner la main, d'aller de l'avant ensemble », renchérit le chef du village. Dans cette localité de 3000 âmes, à l'issue de la confection de la maquette 3D du village, les habitants ont tenu différentes réunions en vue de mettre à l'épreuve tout ce que la maquette les a révélés : couloir des voleurs, source d'eau, terres disponibles...L'entraide de la population a fait reculer la recrudescence des Dahalo (bandits de chemin) et le ravage du feu de brousse. Cela a été le fruit du Dina, une charte interne du village élaboré par la communauté, elle-même. Grâce à leur courage et leur acharnement, le Dina a été depuis peu reconnu effectif par le tribunal local.


Une vision holistique du terroir

La MP3D dispose d'une qualité favorisant l'intégration des aspects socioculturels, économiques et environnementaux du milieu. La vue plongeante donnant une vision holistique du terroir crée une perspective commune à laquelle les participants fixent leur regard. Bref : « une synergie qui s'impose tout naturellement » conclut le technicien du BIMTT. A Miarinarivo, le Directeur régional du développement rural, après avoir observé l'intérêt de la maquette encourage sa mise à l'échelle dans toutes les zones de son intervention. « Je suis en train de monter le projet d'aménagement de la Région. Les informations fournies par la maquette, l'ambiance qu'elle entretient, le dialogue qui s'ouvre, feront avancer considérablement le projet » soutient-il. Pour le Directeur, il est important d'avoir une vision globale de la communauté, des terres et des ressources naturelles du milieu afin de développer un plan d'aménagement exhaustif et pertinent : « cela permet de prendre en compte tous les aspects existants. Des projets, où les uns ne marchent pas sur les pieds des autres, où les intervenants ne se tournent pas le dos », assure-t-il. Sur le littoral Est du pays, le Directeur Général de la Pêche, Jean Razafimandimby, encourage la multiplication des maquettes participatives dans d'autres zones car elles fournissent des données marines précieuses utiles pour prendre les décisions informées et coordonner les actions de préservation d'une pêche responsable dans cette zone marine sévèrement menacée. Les acteurs de la pêche marine, à savoir la Direction régionale de la Pêche, la Mairie de Fenerive-Est, les opérateurs, les pêcheurs prévoient un atelier en vue de discuter de la coordination des actions et des mesures à prendre contre la pêche illégale dans la Commune.

Certes, le processus de la cartographie participative en trois dimensions promeut la synergie des actions de développement villageois, toutefois les acteurs préconisent la modélisation d'une zone plus vaste, à l'échelle d'une ou plusieurs Communes afin de s'assurer d'une synergie plus élargie.

Article par Andriatiana Mamy