Thursday, March 12, 2015

Données participatives

La modélisation participative en trois dimensions est un outil communautaire qui s'appuie sur le savoir autochtone local à des fins multiples, comme la planification de l’utilisation des sols, la gestion de bassins hydrologiques, la prévention contre les catastrophes, la communication et la sensibilisation.

Contribution d’une femme à la production de données pour
le modèle  3D (Villages de Telecho et Oromia en Ethiopie, 2010)
La modélisation participative en 3D (MP3D) est un outil communautaire, qui peut tout aussi bien être défini comme un « processus », qui intègre des connaissances spatiales locales et des données sur l'élévation du terrain et la profondeur des mers pour générer un modèle physique. Les communautés locales participent à la modélisation du territoire dont dépendent leur subsistance et leurs pratiques culturelles. Les données générées par le processus de MP3D sont extrêmement variées, mais pour l'essentiel, elles sont pertinentes pour les détenteurs du savoir local (couverture des sols, utilisation des sols et infrastructure, etc.) et sont étroitement liées à la culture d'un peuple donné, à ses sites sacrés, à ses cimetières.

La MP3D est déjà utilisée dans de nombreuses situations : la revendication de la propriété d'un territoire, le transfert de connaissances intergénérationnel et la gestion des conflits. Elle a récemment pris son essor dans la région Pacifique, permettant à la population des petits pays insulaires, où la montée du niveau de la mer menace les moyens de subsistance de nombreuses personnes, à prendre des décisions informées pour une gestion optimale des risques et une adaptation au changement climatique. 

Origines de la MP3D

La MP3D a d'abord été utilisée à la fin des années 1980 en Thaïlande afin de montrer où le Département royal des forêts développait des plantations dans le cadre de la réhabilitation de bassins versants. Il s'agissait alors d'un outil de démonstration axé sur la conservation, et non d'un outil participatif. Madame Uraivan Tan-Kim-Yong, docteur en anthropologie à l'université de Chiang Mai, dirigeait alors un programme de recherche faisant participer des tribus vivant dans les montagnes. Elle invitait ses élèves à fabriquer de petites maquettes en polystyrène et à les apporter dans les villages pour discuter de la conservation des sols et des problèmes liés à l'érosion. 

Ces modèles ont démontré leur utilité et ont fini par attirer l'attention d'autres protagonistes qui ont commencé à développer et à déployer le processus de MP3D. Le Programme germano-thaï de développement des régions montagneuses (TG-HDP) (1981-1998), financé par l'Agence de coopération technique allemande, était l'un des premiers à adopter de cet outil [1]. Pour la première fois, les modèles 3D ont commencé à être utilisés dans les villages et de façon participative. Ils ont commencé à évoluer d'un outil de démonstration à un outil d'éducation, pour finalement devenir un outil de planification. En 1993, un atelier a eu lieu en Thaïlande, où ont assisté plusieurs ONG d'Asie du Sud-Est. Des organisations telles que l'Association philippine pour le développement interculturel (PAFID) et le Forum écologique des Visayas occidentales ont commencé à adopter la MP3D et à l'utiliser avec les populations autochtones. Les modèles les ont aidés à répondre à la demande de minorités tribales de générer un grand nombre de données prouvant leur occupation ancestrale des terres et de l'eau afin d'obtenir les droits coutumiers d'occupation et d'usage reconnus par le Gouvernement. Au fil des années, la MP3D a profité de la créativité des nombreux utilisateurs qui ont pris part au processus. 

Défis initiaux  

Toutes les nouvelles technologies se heurtent à des difficultés lors de leur mise en œuvre. Avec la MP3D, le premier défi est la disponibilité de modèles numériques d'élévation (MNE) suffisamment détaillés, à jour et précis.
De personnes âgées discutant des caractéristiques d’une carte sous
le regard et l’écoute attentifs de jeunes.  (Villages de Telecho et
Oromia en Ethiopie, 2010)
Par exemple, certains MNE ont été produits il y a plusieurs décennies. Or, si un modèle vierge est élaboré sur la base d'un modèle d'élévation obsolète, les dépositaires de savoir pourront signaler le changement de caractéristiques topographiques, comme l'érosion d'un littoral, la modification du cours d'une rivière ou la transformation d'une côte en raison d'un glissement de terrain. Une fois le problème du MNE résolu, les détenteurs du savoir local renseignent le modèle et y partagent et visualisent leurs connaissances spatiales. Les habitants s'amusent beaucoup à faire ce genre d'exercice, qui de surcroît est très gratifiant. 

Appliquer la MP3D pour cartographier des zones étendues, comme par exemple un pays entier, constitue un autre défi. La MP3D requiert une préparation et une logistique considérables. Par conséquent, l'outil est fréquemment déployé dans des points chauds ou des régions sensibles. Dans les petits états insulaires, c'est un outil utile pour cartographier les paysages terrestres et marins, et, à terme, de vastes régions voire un pays entier. 

Dans certains pays, l'utilisation de la MP3D a eu un impact indéniable sur la politique. Aux Philippines, le gouvernement a adopté le processus dans de nombreux de contextes allant de la résolution des conflits à l'attribution de la propriété foncière et maritime aux autochtones. En 2001, le ministre de l'Environnement et des Ressources naturelles a signé une circulaire administrative recommandant l'utilisation de la MP3D dans la « planification des zones protégées et la gestion durable des ressources naturelle » [2]. À compter de novembre 2014, 165 modèles fournissant des données fondamentales pour le processus d'élaboration de politiques ont été réalisés dans les Philippines. Autre cas plus récent, le gouvernement du Samoa a adopté le processus dans le cadre de l'adaptation au changement climatique et de la gestion des risques axée sur la communauté. 

Au niveau international, la MP3D a été recommandée par le CTA, le PNUD, le FIDA, le FEM, l'UNESCO et plus récemment par l'UICN dans le cadre de la « promesse de Sydney » de 2014. 

Du support physique au support numérique  

Il est important de définir où les modèles 3D sont stockés, qui est responsable de leur conservation, de leur usage et de leur mise à jour. Un modèle est inutile s'il est enfermé dans une pièce inaccessible ou si on le place dans une vitrine et que l'on en fait une pièce de musée. Les modèles doivent faire partie de la vie de tous les jours. Ils servent à enseigner la géographie et l'histoire du territoire aux enfants. Cela est vrai pour les modèles physiques qui se trouvent généralement sous le contrôle direct des détenteurs du savoir. Leur représentation numérique, en revanche, suit une tout autre voie et ses dépositaires sont généralement différents. 

Une fois que les données passent du support physique au support numérique, il existe un risque de mauvaise utilisation ou de partage involontaire. Il est essentiel que les intermédiaires désignés comme les dépositaires des données soient une entité fiable et digne de confiance qui protégera ces données et répondra aux souhaits de la communauté lorsqu'il s'agira de les partager. La confiance et l'éthique jouent ici un rôle important. Les personnes qui effectuent des travaux de recherche extraient parfois des données et pourraient ignorer le fait que le processus de cartographie devrait d'abord et avant tout profiter aux détenteurs du savoir. Des individus sans scrupule pourraient entraîner d'autres personnes à partager les données afin de les exploiter. La MP3D suppose un niveau d'éthique élevé et une relation de confiance entre les différents acteurs, à savoir, les détenteurs du savoir et les intermédiaires/facilitateurs maîtrisant les technologies. 

En 2006, la communauté d'utilisateurs se consacrant à la pratique des SIG participatifs a mis au point une directive [3] sur l'éthique pratique destinée aux utilisateurs des SIGP, les facilitateurs, les intermédiaires technologiques et les chercheurs afin d'encourager l'adoption de bonnes pratiques. Elle a été publiée en 12 langues et régit le comportement des personnes impliquées dans les processus de génération, de traitement, de stockage et de partage des données en cartographie participative. Le code recommande que les détenteurs du savoir gardent le contrôle total tout au long du processus et que les données soient rassemblées, puis partagées avec leur consentement libre et éclairé. 

En majorité, les données de la MP3D ont été bien protégées. Toutefois, il est arrivé que des données entrées dans un modèle soient mal utilisées. En Asie du Sud-Est, on rapporte que des tombes situées sur un modèle 3D ont été pillées parce ces données n'avaient pas été retirées et avaient été laissées accessibles au public. Par conséquent, il est important de sensibiliser les gens sur les implications de la géolocalisation des données sensibles et leur diffusion au public. Ils peuvent alors décider ce qu'ils peuvent visualiser, ce qu'ils veulent abandonner ou effacer du modèle. 

Un des composants les plus importants du processus de MP3D est l'implication d'agences externes depuis le tout début. Cette implication peut sensibiliser les personnes extérieures à la profondeur, à la précision et à la pertinence des savoirs locaux. Elle peut également susciter un nouveau sentiment de respect pour les détenteurs du savoir local. 

Références   

[1] P3DM for Participatory Land Use Planning (PLUP) in Thailand, Integrated Approaches to Participatory Development (IAPAD). 

[2] Participatory 3-Dimensional Modelling as a Strategy in Protected Area Planning and Sustainable Natural Resources Management.Memorandum, Department of Environment and Natural Resources, Republic of the Philippines, Integrated Approaches to Participatory Development (IAPAD). 

[3] Rambaldi,G., Chambers, R., MCcall M. And Fox, J. (2006) Practical ethics for PGIS practitioners, facilitators, technology intermediaries and researchers, Participatory Learning and Action, 54, IIED (April) 106-113. 

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Friday, March 06, 2015

Participatory Data

Participatory 3D modelling (P3DM) is a community-based tool that builds on local and indigenous knowledge for a variety of purposes, such as land use planning, watershed management, disaster prevention, communication and advocacy.  

Participatory 3D modelling (P3DM) is a community-based tool – better defined as a ‘process’ – that integrates local spatial knowledge with data on land elevation and sea depth to produce a physical model. Local communities participate in the model building of the territory that they rely on for their livelihoods and cultural practices. The kind of data that the P3DM process generates are extremely diverse, but essentially it are data that are relevant for local knowledge holders: from land cover and land use to infrastructure – all of which are intimately related to a given people’s culture, their sacred sites, and burial grounds.

Local knowledge holders may be interested in sharing data, but there may also be data that they may consider private and sensitive. However, they may like to locate and document this data solely for their internal use. They may wish to maintain strategic control over the information that is shared, how it is released and to whom.

P3DM has already been used in a variety of contexts: claim land ownership, transfer knowledge across generations, and manage conflicts. It has recently started to take off in the Pacific region, enabling people in small island countries – where rising sea levels are posing a serious risk to many people’s livelihoods – to take informed decisions about how best to manage risk and adapt to climate change.

Origins of P3DM  

P3DM was initially used in the late 1980s in Thailand, to demonstrate where the Royal Forestry Department was developing plantations for catchment rehabilitation. As such it was a conservation-based demonstration tool, not a participatory tool. Dr Uraivan Tan-Kim-Yong, an anthropologist at Chiang Mai University, was running a research programme involving hill tribe people. She invited her students to make small Styrofoam models and bring them to the villages to discuss soil conservation and soil erosion issues.

These models proved useful and eventually drew the attention of other parties, who began to develop and deploy the P3DM process. The Thai-German Highland Development Programme (TG-HDP) (1981-1998) funded by the German Agency for Technical Cooperation was on the forefront in making use of the tool [1]. For the first time the 3D models began to be used on a village-to-village basis and in a participatory manner. 3D models started to shift from being a demonstration tool to an education tool, and finally a planning tool. In 1993, a workshop was held in Thailand attended by several NGOs from Southeast Asia. Organisations such as the Philippine Association for Intercultural Development (PAFID) and Green Forum Western Visayas began to embrace P3DM and started using it with indigenous people. It enabled them to address the demand coming from tribal minority groups to generate a great deal of data to prove their ancestral occupancy of land and waters in order to get their customary rights of tenure and use recognised by the government. Over the years, P3DM has benefited from the creativity of the many practitioners who have been engaged in the process.

Initial challenges  

All new technologies face implementation challenges. With P3DM, the initial one is posed by the availability of sufficiently detailed, up-to-date and accurate digital elevation models (DEMs). For example, some DEMs were produced decades ago. So if a blank model is constructed based on an obsolete elevation model, knowledge holders may point out landscape features that have changed, such as an eroded coastline, a mutated river’s course or slope that was altered by a landslide. Once the DEM issue is solved, the model is populated by local knowledge holders, where they share and visualise their spatial knowledge. People have a lot of fun doing this kind of exercise and get a great deal of gratification from it.


Another challenge is the difficulty of applying P3DM to map out large areas, such as an entire country. P3DM requires substantial preparation and logistics. As a result, the tool is often deployed in hotspots, or critical areas. In small island countries it is a useful tool used to map land and seascapes, and eventually large parts of an entire country.

In certain countries the use of P3DM has had a definite impact on policy. In the Philippines, the government has adopted the process in many different contexts, from conflict resolution to awarding indigenous tenure on land and water. In 2001 the minister of the environment and natural resources signed a memorandum circular that recommends the use of P3DM in “protected area planning and sustainable natural resource management” [2]. As of November 2014, in the Philippines 165 models were made that provided critical data for policy making. Samoa is a more recent case where the government has embraced the process in the context of climate change adaptation and community-based risk management.

At international levels, P3DM has been cited as a recommended process by CTA, UNDP, IFAD, GEF, UNESCO and more recently by IUCN in the context of the 2014 “Promise of Sydney”.

From physical to digital  

Custodianship of the 3D model is important to determine where the models are stored and who is responsible for their conservation, use and updating. A model is useless if it is locked up in a room where people cannot access it, or if it is stored under a glass cover and becomes a museum piece. The models have to be part of everyday life. They are used to educate children about local geography and history. This is true of physical models which are usually under the direct control of the knowledge holders. However, their digital representation follows a different path and has usually different custodians.

Once the data goes from physical to digital there is a risk that it will be misused or unwittingly shared. It is crucial that the intermediaries appointed as custodians of the data, are a trusted and reliable entity that will protect the data and respond to the community’s wishes in terms of data sharing. Trust and ethics play an important role in this. Research work may be extractive and could fail to consider that the mapping process should first and foremost benefit the knowledge holders. Unscrupulous individuals may entice people to share data to exploit resources. P3DM implies that a high level of ethics is applied and trust established between the actors involved: the knowledge holders and the technology intermediaries / facilitators.

In 2006 the community of practitioners focusing on Participatory GIS practice has developed a guideline [3] on practical ethics for PGIS practitioners, facilitators, technology intermediaries and researchers to stimulate the adoption of good practice. It has been published in 12 languages and governs the way people doing participatory mapping should behave in the process of generating, handling, storing and sharing data. The code recommends that knowledge holders remain in full control throughout the process and that data are gathered and eventually shared with their free prior informed consent (FPIC).

For the most part, P3DM data have been well protected. But there have been cases where data entered into a model were misused. In South-East Asia, there are accounts that graveyards located on a 3D model were plundered because such data were not removed and left accessible to the public. Therefore, it is important to make people aware of the implications of geo-locating sensitive data and making it public. They can then decide what to visualise, what to leave or remove from the model.

One of the most important components of a P3DM process is to involve external agencies from the very beginning. This can raise awareness among “outsiders” about the depth, accuracy and relevance of local knowledge. This may induce a new sense of esteem for local knowledge holders.

References   

[1] P3DM for Participatory Land Use Planning (PLUP) in Thailand, Integrated Approaches to Participatory Development (IAPAD).
[2] Participatory 3-Dimensional Modelling as a Strategy in Protected Area Planning and Sustainable Natural Resources Management. Memorandum, Department of Environment and Natural Resources, Republic of the Philippines, Integrated Approaches to Participatory Development (IAPAD).
[3] Rambaldi,G., Chambers, R., MCcall M. And Fox, J. (2006) Practical ethics for PGIS practitioners, facilitators, technology intermediaries and researchers, Participatory Learning and Action, 54, IIED (April) 106-113.

Related links  

Monday, March 02, 2015

La modélisation participative en trois dimensions à Madagascar : une grande première

Situé à 35 km de la capitale Antananarivo, le bassin versant d’Avaratrambola qui inclue trois fokontany (village traditionnel malgache) dont Avaratrambolo, Ampahitrizina et Ambohitrakely, appartient à la commune rurale d’Ambohitrolomahitsy. Elle couvre une superficie de plus de 13 km². Les caractéristiques agro-climatiques et socio-économiques du bassin versant sont typiques de la région centrale du Madagascar, qui est formé par des hauts-plateaux. Dans le cadre du développement rural, un projet appelé Ndao Hivoatra qui signifie « Allons vers une évolution » a été appliqué aux trois fokontany cités précédemment. L’implémentation du projet financé par la Banque Mondiale via l'Association pour le Renforcement de la Recherche Agricole en Afrique Orientale et Centrale (ASARECA) est sous la responsabilité d’Artelia Madagascar avec l’appui technique de Farming and Technology for Africa (FTA) et le Centre national de la recherche appliquée au développement rural (FOFIFA) comme partenaire scientifique.

Pour stimuler la participation de la communauté, l’équipe de gestion du projet a opté pour une nouvelle approche, plus participative et ayant déjà fait ses preuves dans divers pays : la modélisation participative en trois dimensions ou MP3D, une première à Madagascar. Cet exercice de cartographie participative a eu lieu du 3 au 13 Février 2015 avec la participation active des habitants des trois fokontany, des techniciens affectés au projet, des co-facilitateurs locaux, des représentants de diverses Organisations non gouvernementales (ONG) ainsi que de deux facilitateurs expérimentés venus de la République démocratique du Congo (RDC). La présence de ces derniers était soutenue par le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA). L’exercice s’est effectué en trois grandes étapes biens distinctes : la construction de la maquette, l’élaboration de la légende de la maquette et la mise en place de la maquette sur la base des données générées à partir des souvenirs des résidents. La maquette, élaborée à l’échelle 1 : 3000 (1 cm sur la maquette correspond à 30 m sur le terrain), couvre une surface totale de 2,304 ha et mesure exactement 1,6 m de chaque côté.

La première étape exigea un travail de précision. Chaque action devait être entreprise avec un maximum de méticulosité. On laissa ce travail de bricolage aux petits soins d’une vingtaine d’élèves bénévoles, issus de l’école primaire publique d’Avaratrambolo et du collège d’enseignement général d’Ampahitrizina avec l’encadrement des facilitateurs congolais, des co-facilitateurs locaux, des techniciens affectés au projet et des représentants des ONG. Cette étape se déroula en deux jours avec l’enthousiasme des élèves et le dynamisme des facilitateurs.

Dans la deuxième étape, il fallait élaborer la légende de la carte et définir la façon de la visualiser sur la maquette. Complétée en un jour, cette phase témoigna l’étroite collaboration entre les représentants des trois fokontany et les intervenants externes. Pour finir, l’étape du remplissage de la maquette se présenta. Ce travail exigeait une parfaite connaissance du milieu agro-écologique local. Cette étape vit une participation active et disparate de la population locale : hommes, femmes, jeunes, personnes âgées et dirigeants s’impliquèrent dans la tâche. En d’autres termes, elle démontra l’efficacité de l’approche participative, car presque la totalité de la communauté locale était réunie autour de la carte pour essayer d’identifier ses terres et ses caractéristiques suivant la légende définie préalablement ; tout cela sans l’intervention des experts ni des facilitateurs.

Durant le processus, la communauté se posait à voix basse la question « à quoi servira cette carte pour nous? ». Dès que la carte fut achevée, le premier constat de la population locale fut que leur rizière ne couvrait qu’une petite partie de la maquette, d’où la conclusion que l’exploitation d’une plus grande surface est envisageable. Le second constat souleva des problèmes liés au régime foncier, une préoccupation prioritaire dans l’approche nationale du développement. Certains participants furent de l’avis que, grâce à cet outil, ces problèmes pouvaient être résolus à l’aide d’une discussion autour de la maquette avec les responsables du foncier. La troisième observation était en rapport avec le réseau hydrique ; les techniciens affectés au projet remarquèrent que le milieu est riche en eau, donc la gestion efficace de cette dernière doit être primordiale ; ceci est d’ailleurs un des objectifs du projet. Une fois achevée, la maquette fut alors dévoilée au grand public : des enfants aux adultes, et même à ceux qui étaient étrangers au milieu.

Pour conclure, ce premier exercice de MP3D fut un franc succès dans la mesure ou, dès sa présentation, les exécutants du projet ont reçu plusieurs demandes de répétition. L’exercice démontra l’essence même de l’approche participative car, durant toutes les étapes, l’on a pu observer la participation active de différents groupes représentatifs de la communauté du bassin versant, et cela sans aucune préoccupation de la situation, du niveau de vie, du genre. En somme, la barrière de la discrimination a été supprimée. Ainsi, on peut affirmer que l’exercice ne s’arrêtera pas sur ce lieu. Ce n’est que le début d’une succession d’interventions comme celle-ci, puisque cet outil a démontré sa puissance et sa richesse à tous les niveaux du milieu rural.

Ecrit par Christian Andrianarison Sitraka et Sarobidy Hasimbola Razanajatovo Tsilavo

Regardez l'entretien vidéo avec l'un des experts, M. Serge Rakotoson, lors de l'implémentation du projet.

Est qu'on arrivera à faire pareil? Serge Rakotoson réfléchit sur les défis et les résultats surprenants d'un exercice MP3D from CTA on Vimeo.