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Friday, September 02, 2016

Des cartes qui changent tout : comment des maquettes en 3D aident les communautés rurales à faire entendre leur voix

La construction de véritables maquettes en trois dimensions dans les villages contribue à réunir le savoir traditionnel et les connaissances scientifiques modernes pour relever des défis allant de la dégradation des sols à la planification de l’utilisation des terres, en passant par la gestion des forêts et le changement climatique. La technique, connue sous le nom de «modélisation participative en trois dimensions», permet aux communautés marginalisées de présenter leur territoire – ainsi que les connaissances approfondies qu’ils en ont – sous une forme visuelle. Ce processus leur offre ainsi l’occasion de protéger de précieuses ressources naturelles des menaces extérieures et de les préserver pour les générations futures. Certaines des expériences sur le terrain sont réunies dans un nouvel ouvrage. Le pouvoir des cartes - Quand la 3D s'invite à la table des négociations est publié par le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), qui est en première ligne de la promotion de cette pratique dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).

Développée au début des années 1990 en Asie du Sud-Est, la modélisation participative en trois dimensions (MP3D) gagne rapidement du terrain dans d’autres régions du monde en développement. Les modèles participatifs en 3D, fabriqués en carton et illustrés à l’aide de peintures de couleur, de punaises et de fil, représentent l’occupation des terres, par exemple les zones cultivées, les rivières et les forêts, ainsi que d’autres caractéristiques, comme les ressources côtières et la profondeur des mers. Les maquettes montrent aussi les connaissances traditionnelles, comme les droits fonciers ancestraux et les lieux sacrés. Ces éléments sont généralement fournis par les aînés de la communauté, tandis que les plus jeunes construisent la carte elle-même. Le résultat est une maquette en relief, indépendante, qui constitue un outil efficace d’analyse, de prise de décision, de plaidoyer, d’action et de suivi.

« Le savoir sur les ressources terrestres, forestières et aquatiques accumulé au fil du temps et transmis de génération en génération représente un atout majeur pour les populations rurales », affirme le Directeur du CTA, Michael Hailu. « La possibilité de compiler et de géo référencer des connaissances locales et de les représenter sous la forme de cartes en trois dimensions représente une occasion unique pour les populations locales de faire entendre leur voix lors des décisions en matière de gestion durable de leurs ressources. »

Souvent, le processus de modélisation participative en trois dimensions favorise lui-même l’autonomie. Il rapproche des communautés et des générations et les aide à visualiser l’étendue de leurs ressources et la façon dont le changement climatique et d’autres menaces, comme l’extraction minière et la déforestation, peuvent les impacter. Une fois terminée, la maquette reste dans la communauté.

Des études de cas menées en Éthiopie, aux Fidji et à Madagascar montrent comment la MP3D a permis le développement de plans de gestion des ressources naturelles par la communauté. D’autres exemples décrits dans la publication révèlent que cette technique permet aux communautés rurales marginalisées de faire entendre leur voix. En République démocratique du Congo, la communauté pygmée Bambuti-Batwa s’est servie d’un exercice de MP3D pour négocier sur ce qu’ils considèrent comme une injustice : leur expulsion du territoire qu’ils occupent depuis des générations.

La cartographie en trois dimensions a aussi permis à une tribu de chasseurs-cueilleurs au Kenya, les Ogiek, de documenter ses droits territoriaux ancestraux et systèmes de connaissances traditionnels. Tandis qu’à Tobago, une île des Caraïbes qui a subi une série de phénomènes climatologiques extrêmes ces dernières années, la MP3D a servi à orienter les stratégies communautaires de réduction des risques de catastrophes naturelles.

La coopération Sud-Sud contribue à faire connaître la pratique de la modélisation participative en trois dimensions et le CTA est étroitement impliqué dans les efforts de partage des activités de formation et de facilitation entre les îles des Caraïbes et du Pacifique et une série de pays africains.

La MP3D peut avoir d’autres retombées positives, notamment en offrant de nouvelles compétences et une confiance en soi accrue aux individus impliqués dans le processus et en dégageant des financements pour la mise en œuvre d’activités dans les communautés. Citons la Grenade à titre d’exemple où une maquette participative en 3D a eu un impact direct sur la communauté qui l’a créée en mobilisant des financements des bailleurs de fonds pour l'adaptation au changement climatique sur une partie du littoral gravement endommagée par un ouragan.


« La modélisation participative en 3D, le processus au cœur de cette publication, s’est révélée efficace pour récolter chez diverses personnes une quantité substantielle de ce que l’on qualifie de connaissances tacites et pour assembler des points de vue individuels dans une représentation partagée, visible et tangible des connaissances collégiales », déclare Giacomo Rambaldi, Coordonnateur de Programme Sénior, en charge de la participation du CTA aux processus de MP3D. «L’ajout d’un emplacement géographique à toute information ou donnée accroît sa pertinence. La MP3D permet donc à ceux qui détiennent les connaissances de visualiser et de géo référencer leur savoir traditionnel et de nouer un dialogue d’égal à égal avec des étrangers. »

Vous pouvez commander un exemplaire imprimé et télécharger le livre.

Thursday, March 24, 2016

Être sur une carte veut dire exister : l'expérience des Saramaca

Les communautés Saramaca du Suriname cherchent la reconnaissance de leur savoir traditionnel par le gouvernement

Le 23 février 2016, 18 représentants de la communauté Saramaca issus des régions de Brownsweg et du cours supérieur du fleuve Suriname ont rencontré des décideurs politiques et des acteurs concernés à Paramaribo, la capitale du Suriname. La rencontre a été organisée par les peuples Saramaka afin de partager les résultats d’un processus de deux ans qui a mené à la visualisation et la documentation de leurs connaissances traditionnelles d’une vaste région.

Cartes générées en utilisant des données extraites d’un modèle 3D participatif à échelle 1:15 000 de la zone de Brownsweg (produites en novembre 2015), combinées à un modèle numérique d’élévation obtenu de la Fondation pour la gestion des forêts et le contrôle de la production, au Suriname.
Ont dit qu'une image vaut mille mots. Dans ce sens, les peuvent en effet être un moyen très efficace de transmettre des messages inhérents à la distribution ou accès aux ressources. En fait, le résultat tangible du processus consistait en une série de cartes physiques et numériques générées par la communauté – des cartes dont les délégués Saramaca se montrèrent très fiers.


Les cartes ainsi que les séries de données connexes furent produites en langue Saramaca, en anglais et en néerlandais lors de trois exercices de modélisation participative en trois dimensions (MP3D) organisés en 2014 et 2015. Les exercices impliquèrent 220 habitants, y compris des femmes, des jeunes et des personnes âgées. Un film documentaire sur le processus fut publié en 2015 en langue Saramaca, en anglais et en français.


Lors de la réunion, les leaders Saramaca ont souligné l'unicité des données que les communautés impliquées sont parvenues à rassembler, à géo-référencer et à visualiser en utilisant des technologies sophistiquées comme les systèmes d'information géographique (SIG). En bénéficiant du soutien de l'extérieur, les détenteurs de savoir ont été à même de partager leurs cartes mentales et leurs souvenirs, des apports fondamentaux pour peupler les modèles en 3D vierges.

Les représentants Saramaca ont attiré l'attention sur la pertinence et la précision des données, ainsi que leur accessibilité à de tierces parties à condition d'obtenir le consentement préalable à leur utilisation. « Nous avons créé cette carte pour qu'elle soit utilisée. Nous voulons que d'autres personnes l'utilisent. La seule chose que nous demandons c'est que les données ne soient pas utilisées sans nous impliquer », soulignait l'un des représentants de la communauté.

Les délégués Saramaca ont encouragé l'utilisation des données à des fins de planification spatiale et ont lancé un appel au gouvernement et aux investisseurs du secteur privé pour que ces derniers reconnaissent les Saramaca en tant que parties prenantes principales et, par conséquent, pour qu'ils les impliquent au maximum dans la planification des exploitations forestières et dans la gestion des zones protégées et des concessions aurifères situées dans le territoire Saramaca traditionnel.

Ils ont également préconisé la reproduction de processus de MP3D dans le reste du territoire Saramaca de façon à générer une carte complète des terres Saramaca traditionnelles. Pour ce faire, ils ont exhorté le gouvernement, les organisations de développement, le secteur privé et les ONG présentes à la réunion à lever les fonds nécessaires.

L'événement était organisé par Tropenbos International Suriname, WWF Guyanas et l'Association des autorités Saramaca. Outre Tropenbos International Suriname, les sponsors du projet comprenaient le Programme de microfinancements du Fonds pour l'environnement mondial (UNDP GEF-SGP) et le CTA. Les contributions de ces organisations ont été dûment reconnues. Les participants ont notamment décrit ces contributions comme du terreau fertile pour l'autonomisation de la communauté à travers la MP3D, un processus très novateur selon eux. Les participants ont également signalé que le processus de MP3D a inspiré d'autres communautés qui sont à présent en train de demander le soutien nécessaire à la mise en œuvre de processus de MP3D dans leurs territoires.

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Friday, December 18, 2015

Le pouvoir de la cartographie participative en 3D chez les Saramacas du Suriname (video)



Il y a cinquante ans, quelque 5000 individus du peuple Saramaccan du Suriname ont dû quitter leurs terres traditionnelles, le long de la Rivière Suriname en raison de la construction d'un grand barrage. Les blessures de cette transmigration se font encore sentir aujourd'hui. Pendant ce temps, les Saramaccans qui vivent dans cette région font face à de nouveaux défis, car leurs droits territoriaux ne sont pas encore officiellement reconnus et les infrastructures routières pour accéder à la zone sont en voie d'amélioration. La création d'une maquette participative de la zone qui visualise et documente leurs traditions et l'utilisation traditionnelle des ressources contribue à surmonter leur frustration et leur redonner espoir.

English version: http://goo.gl/hS5nKb
Saamaka version: http://goo.gl/9XC2Jb

Friday, May 23, 2014

Dialogue à trois sur le changement climatique

Le Paysan, Le Décideur, Le Chercheur Et La Cartographie Participative En Trois Dimensions 

Dans les nombreuses gares routières de Ndjaména, la capitale du Tchad, chaque voyageur, venu de l’intérieur du pays avec son balluchon de soucis, sait où trouver une oreille attentive. Les pas de Aladji Ibrahim le conduisent chez Hindou Oumarou Ibrahim, la coordonnatrice d’AFPAT, une organisation de défense des droits des éleveurs peul bororos. Ainsi commence une histoire d’hommes, d’animaux, d’espace et de droits humains avec au centre un étrange personnage : une maquette en trois dimensions. Cet outil, trônant dans un local administratif à Baïbokoum, à près de 600 km de Ndjaména, se révèle un moyen inattendu pour favoriser le dialogue entre paysans, autorités locales, hommes de science et pouvoirs publics nationaux, tous préoccupés par le changement climatique, la diminution des conflits agriculteurs éleveurs, l’aménagement du territoire, la promotion des droits humains…


Dialogue à trois sur le changement climatique.

Ce documentaire boucle une trilogie de films, réalisés en trois temps.

Novembre 2011 :  IPACC et AFPAT co organisent, avec le soutien du Centre de coopération technique et agricole, le CTA, un atelier sur le pastoralisme, la connaissance traditionnelle, la météorologie et l’élaboration de politiques d’adaptation au changement climatique. La gouvernance climatique est au cœur des débats, avec autour de la table, des éleveurs autochtones d’Afrique du sud, du Kenya, de Namibie, du Niger et des météorologues, des ministres ainsi que des représentants d’organisations internationales. Il en ressort une déclaration dite de Ndjaména, qui acte l’urgence d’impliquer les couches vulnérables dans l’élaboration des politiques d’atténuation du changement climatique. L’utilisation d’approches participatives et d’outils de représentation de l’espace utilisables à l’échelle communautaire est recommandée.


Brousse de tous les dangers, carte de tous les espoirs.

Juillet – août 2012. L’atelier de Baïbokoum sur la cartographie participative en trois dimensions, avec comme thématique la prévention et la gestion des conflits agriculteurs et éleveurs, matérialise la recommandation de Ndjaména. La combinaison des savoirs des communautés autochtones et les compétences des facilitateurs expérimentés à aboutie à la réalisation d’une maquette en trois dimensions représentant en détail une superficie de 720 km2 à l’échelle de 1 : 10, 000.


Gouvernance climatique: Une question de survie pour les éleveurs nomades.

Un an après que devient la maquette, fruit de ce dialogue multi acteurs ? Le troisième documentaire (Le Paysan, Le Décideur, Le Chercheur Et La Cartographie Participative En Trois Dimensions) répond à cette question. Il raconte le voyage qu’entreprend Hindou Oumaraou Ibrahim à Baïbokoum. Sur place, elle découvre des éleveurs, des autorités à cran. Ils voudraient vulgariser la maquette auprès des agriculteurs, de la chefferie traditionnelle et dans les programmes locaux de développement. Mais ils sont démunis techniquement et financièrement. Leur cri du cœur remonte à Ndjaména, porté par l’infatigable avocate de la cause des éleveurs Peul bororos : Hindou Oumarou Ibrahim.

Sunday, March 04, 2012

Feedback from a Participatory 3D Modelling exercise representing the Abongo-Mitsogho cultural landscape of the Ikobey Commune and Waka National Park

As part of a region-wide effort aimed at involving local communities in the sustainable management of natural resources in the Congo Basin and at adding value and authority to local and indigenous knowledge and values and at ensuring equitable benefit sharing resulting from co-managed protected areas, the Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN), Brainforest, CTA, IPACC, MINAPYGA, Rainforest Foundation UK, and the Wildlife Conservation Society-Gabon (WCS) supported a series of initiatives in the area including the participatory 3D modelling exercise described in this report.


While responding to needs expressed by local communities and by the park administration, the exercise offered the opportunity for training delegates from national and regional organisations based in Cameroon, Republic of the Congo, Central African Republic (CAR), Chad and the Democratic Republic of Congo, Gabon, South Africa and the United Kingdom.

Download the full report of the activity: English | Français

Sunday, September 18, 2011

Interview with Leonard Odambo, President of the Indigenous Peoples Association, MINAPYGA, Ikobé, Gabon.




Leonard Odambo, President of MINAPYGA talks about how participatory mapping is supporting community rights in Gabon (in French). Second in size only to the Amazon, the Congo Basin rainforest is a vital regulator of regional climate, a carbon store of global significance and a massive reserve of biodiversity, hosting over 10,000 species of plants, 1,000 species of birds and 400 species of mammals. It is also home to up to 40 million forest dependent people including an estimated 500,000 indigenous "Pygmies", characterized by a largely hunter-gatherer, semi-nomadic existence.

For more information please visit www.mappingforrights.org
Read also: Redessiner sa forêt en 3D

Launch of the Participatory Mapping Project in the CAR



Emmanuel Bizot, Minister of Water, Forests, Hunting and Fishing for the Central African Republic speaks at the launch of the participatory mapping project that seeks to literally and figuratively put CAR indigenous peoples on the map.

The Minister speaks about the benefit of collaborative actions between governmental and non-governmental organisations and the need to include indigenous people in the policy-making process. He acknowledges the need to recognise and respect the rights of indigenous people over utilisation and management of the natural resources of the forests in which they live.

For more information please visit www.mappingforrights.org

Monday, June 06, 2011

La Cartographie Participative: Guide Pour La Production Des Cartes Avec Les Communautés Forestières Dans Le Bassin Du Congo.

Ce guide explique comment les représentants des ONG, des Gouvernements et des communautés participant aux projets de cartographie participative appuyés par la Rainforest Foundation Royaume Unis dans le Bassin du Congo aident les communautés forestières à produire des cartes communautaires qui sont précises et geo-référencées. Il sert de guide méthodologique pour les facilitateurs sur le terrain.
La Rainforest Foundation est une organisation caritative agréée, qui travaille en collaboration étroite avec des associations partenaires locales, afin de développer et soutenir différents projets qui promeuvent une gestion durable des écosystèmes forestiers et la reconnaissance des droits des populations locales. La Rainforest Foundation travaille également en relations étroites avec les Rainforest Foundation Etats-Unis et Norvège. La mission de la Rainforest Foundation Royaume-Uni est d'assister les peuples autochtones et populations traditionnelles des forêts tropicales du monde, et de les aider à protéger leur environnement et à exercer leurs droits. Selon la Foundation Rainforest Royaume-Uni, la protection à long terme des forêts tropicales est inextricablement liée aux droits des populations qui vivent dans ces forêts.



Friday, April 22, 2011

Close to our Ancestors: Gabon forest peoples map their land


Close to our Ancestors: Gabon forest peoples map their land.

In 2002, El Hajj Omar Bongo Ondimba, then President of the Republic of Gabon, signed into existence thirteen National Parks. The Parks were designed to represent different biomes and important biodiversity enclaves in this Congo Basin country.

This video, made in 2010, documents the experience of Babongo and Mitsogho villagers building a three dimensional model of their home territory which includes the Waka National Park in the Chaillu Massif, Ngounié Province. Waka NP is purported to have the highest primate density of any place on Earth, in an isolated mountainous equatorial rainforest threatened by foreign logging concessions. This territory, mostly in Ikobey District, is also home to Babongo "Pygmies", an indigenous hunter-gatherer people and their neighbours, the hunting-farming Mitsogho people.

The Participatory 3 Dimensional Mapping (P3DM) exercise provides an opportunity for indigenous and local people to engage with government about their rights, good governance and decision making in relation to the Protected Area, using their own languages and intimate knowledge of cultural and natural landscape. With the support of national and international NGOs and indigenous peoples' organisations from across the Congo Basin, the Babongo and Mitsogho villagers were able to use the map as a platform to speak to local and Provincial government about their concerns and to present a vision of participation and democratic governance. The video speaks to the challenge of conserving biodiversity and sustaining local cultural diversity, Protected Areas governance and livelihoods. The project was supported by MINAPYGA, Brainforest Gabon, Rainforest UK, CTA and IPACC with the cooperation of Wildlife Conservation Society (Gabon) and the Agence National des Parcs Nationaux of the Republic of Gabon.

References:

Monday, January 17, 2011

Notre passé et notre présent au travers d'un miroir : récit d'un exercice de CP3D en Éthiopie

La senteur de cuir qui émanait du lieu de la manifestation n'était que la confirmation du fait que nous étions au cœur de l'Éthiopie rurale, dans un village du nom de Telecho, à quelques 30 kilomètres au nord d'Holeta. Nous venions de nous réunir avec 20 délégués en provenance d'Éthiopie, du Kenya, de Tanzanie, d'Afrique du Sud, d'Ouganda, du Cameroun et du Bénin pour co-animer un exercice de cartographie participative mis en œuvre par plus de 130 villageois originaires de 28 kebeles situés autour d'une montagne connue sous le nom de Foata.

L'exercice, organisé par l'ONG nationale MELCA-Ethiopia avec l'appui du Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE (CTA), constituait la réponse à un appel à l'aide de la communauté, qui souhaitait réhabiliter son environnement après plusieurs décennies de déforestation et de dégradation importante des sols. Après plusieurs mois de préparation, l'exercice s'est déroulé du 8 au 18 décembre 2010 dans le village de Telecho, au milieu d'un paysage doré riche en blé, en teff et en seigle mûrs et entrecoupé de bandes foncées de terre labourée et de tissus de sols exposés au soleil.


Cartographie pour le changement. Expérience des agriculteurs dans la zone rurale d’Oromiya, Éthiopie from CTA on Vimeo.

Près de 140 personnes ont travaillé en équipes sur la maquette qui couvre une surface rurale totale de 672 km², à l'échelle 1:10,000, y compris des portions de quatre woredas : Welmera, Ejere, Adea berga et Mulo. Assistés par les formateurs, 14 étudiants, trois enseignants et les délégués étrangers (les stagiaires) ont élaboré la maquette vierge. Environ 110 anciens, représentants de 28 kebeles, ont contribué par groupes à l'élaboration de la légende de la carte et au report de leurs cartes mentales sur la maquette. Un certain nombre de représentants d'entités du gouvernement local ont également participé à l'exercice.

L'assemblage de la maquette vierge avec des plaques de carton de 3 mm d'épaisseur mesurant 2,8 m x 2,4 m a pris trois jours et la description du paysage et la localisation des caractéristiques pertinentes pour la communauté, six jours supplémentaires.

Certains anciens ont présenté le projet de légende au premier groupe de participants qui l'ont vérifiée et enrichie par de nouveaux éléments et leurs descripteurs. Une fois terminé, le modèle comprenait 48 couches d'informations, dont 25 types de point, 5 types de ligne et 18 types de zone. Un calcul du nombre de points de données réalisé au terme de l'exercice a révélé que la zone comptait 38 écoles, 23 postes de santé, 113 arbres sacrés, 8 marchés, 861 villages et bien plus encore.

Pour ce qui est du processus, les villageois du premier groupe ont expliqué la tâche au deuxième groupe et celui-ci a fait de même pour le troisième groupe. Cette méthode a permis le transfert de la maîtrise de l'ensemble du processus des animateurs, qui ont lancé la formation, vers les détenteurs du savoir local, qui ont fièrement présenté leurs résultats à l'ensemble de la communauté et aux représentants gouvernementaux le jour de l'inauguration et de la cérémonie de clôture. Les villageois ont œuvré avec beaucoup d'attention et de passion en décrivant le paysage de leurs woredas. Des discussions, des échanges et des négociations animées ont caractérisé le processus, auquel ont participé des hommes (en majorité) et des femmes. Les activités débutaient par des danses traditionnelles le matin et le travail se poursuivait jusqu'à la nuit tombée, à la lumière d'un générateur.

Un taureau a été abattu en prévision de la cérémonie de clôture qui s'est déroulée le 18 décembre 2010. Cet événement a été l'apothéose d'un processus où des anciens (homme et femmes) ont présenté la légende et les informations contenues dans la maquette 3D et décrit le processus qui a sous-tendu sa production. Le public était composé d'environ 300 villageois originaires de 28 woredas, de représentants du parlement, du gouvernement local, du CTA, de l'ambassade finnoise et de délégués d'ONG et d'universités de 9 pays africains.

Au cours des diverses phases d'élaboration de la maquette, les participants ont pu s'exprimer et écrire leur ressenti sur le processus au travers des « murs de la démocratie ». Les murs de la démocratie sont de grandes feuilles de papier intitulées « J'ai remarqué », « J'ai appris », « J'ai découvert », « J'ai senti », « Je voudrais suggérer », sur lesquelles les participants peuvent coller des feuilles A5 où ils inscrivent un commentaire lié à l'intitulé et concernant le processus. De plus, une équipe média professionnelle a documenté le processus et mené des entretiens, tandis qu'un groupe de jeunes a été formé et a participé à la production d'une vidéo participative (VP).

Les villageois participants ont rapporté que le travail sur la maquette avait réveillé en eux des souvenirs de paysages passés de forêts luxuriantes et de cours d'eau permanents, ce qui leur a permis de réaliser combien la transformation de l'habitat naturel avait eu un impact (négatif) sur leur vie. Les participants ont affirmé que grâce à un processus d'introspection, ils ont compris que leur exploitation non durable des ressources avait entraîné l'appauvrissement des sols et une baisse des rendements agricoles, et que la situation actuelle menaçait leur moyens d'existence et même leur subsistance. Ils ont ajouté que le processus d'élaboration du modèle créait un cadre d'apprentissage et leur donnait le sentiment d'avoir un but. « Le processus CP3D permet à la communauté de se regarder en utilisant le modèle comme miroir », a écrit un villageois sur une carte collée sur les « Murs de la démocratie ».

Voici des exemples de commentaires écrits par les villageois (en amharic) alors qu'ils travaillaient sur la maquette :

« Je sentais que - avec la destruction des ressources naturelles dans notre environnement - nous avons perdu la terre, la forêt, les animaux sauvages et bien plus encore. Cela nous porte préjudice et pose des problèmes aux générations futures. »

« Je sentais que nous pouvions comparer ce que nous avions fait sur la carte avec ce qui existait par le passé [dans la réalité], et cela clarifie ce qu'il faut faire à l'avenir. »

« J'ai remarqué qu'il [le processus] m'aidait à comprendre l'importance de la participation. J'ai également réalisé que la communauté disposait d'un savoir précieux dont nous n'avions pas conscience. »

« J'ai remarqué que le processus CP3D permet à la communauté de se regarder en utilisant le modèle comme miroir. Il renforce les capacités et c'est important pour le développement du pays. » (Source : Murs de la démocratie, Telecho, 17 décembre 2010)

La grande réunion du 18 décembre a renforcé le message car les villageois impliqués dans la cartographie ont partagé leurs réalisations, développé leur conscientisation et exprimé davantage de déclarations d'intention. La présence de représentants du gouvernement, quelque peu abasourdis à la vue du modèle lors de son dévoilement, a été fort appréciée des membres de la communauté et a renforcé leur sentiment d'être considérés et écoutés dans leur engagement de collaboration pour un meilleur avenir. Dans ce contexte, les villageois ont décidé d'organiser une réunion avec un public plus large afin d'examiner un ensemble d'actions qui contribuerait à réhabiliter leurs terres victimes de dégradations.

Quelques jours après la fin de l'exercice, l'ambassade finnoise a octroyé une aide financière supplémentaire à la MELCA en vue de mettre sur pied des activités de suivi portant sur la réhabilitation de l'environnement dans la région concernée par le projet. La maquette 3D jouera un rôle important dans cette partie du processus car il représente le référentiel le plus actualisé et pertinent regroupant des informations sur l'espace local ainsi qu'un outil de planification facile à maîtriser par les villageois, puisqu'il est parfaitement compris et approuvé par la population locale.

Enfin, point très encourageant, les stagiaires nationaux et internationaux ont manifesté leur intention de réitérer le processus dans leur région.

Auteurs : Giacomo Rambaldi / CTA et Million Belay MELCA-Ethiopia

Version anglaise

Thursday, October 14, 2010

Le Projet de cartographie participative dans le Bassin du Congo - Composante Gabon



Ce film trace le déroulement d'une mission de validation des cartes participatives effectué avec les populations vivants dans et en periphérie du Parc national de Pongara. C'est une mission qui s'inscrit dans le cadre de deux projet: (i) projet de « Cartographie participative » et du (ii) projet «Soutenir le développement de la politique des parcs nationaux et sa mise en œuvre pour garantir les droits communautaires au Gabon » dont l’objectif global est de promouvoir les droits des communautés forestières d’accéder, de contrôler et d’utiliser les forêts dans les processus législatifs, politiques et stratégiques et de permettre une meilleure implication des communautés locales et autochtones dans la gestion des parcs nationaux.