Les Saramaca installés le long du Haut Suriname espèrent qu'un système d'information géographique proposé par Tropenbos International et le CTA leur permettra de surmonter le traumatisme provoqué par la perte de leurs terres historiques voilà cinq décennies, dont les effets se font sentir aujourd'hui encore. Lors de l'édition 2014 de la Semaine caribéenne de l'agriculture, Godfried Adjako, l'un des chefs des Saramaca, a parlé de l'expérience de son peuple à l'occasion d'un séminaire présenté le jeudi par Giacomo Rambaldi du Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE (CTA) et Rudi van Kanten de Tropenbos International, sur le thème de la cartographie participative en 3D (CP3D).
Par le biais de son interprète Debora Linga, Adjako a expliqué que depuis que Tropenbos a encouragé les Saramaca à produire une carte P3D de leur propre territoire, en début d'année, ce peuple dépossédé de ses terres retrouve espoir. Les Saramaca ont été déplacés contre leur gré lorsque le gouvernement du Suriname a lancé la construction du barrage d'Afobaka dans les années 1960 : avec la création du réservoir de Brokopondo, ce sont toutes leurs terres qui ont été inondées, les forçant à déménager de leur forêt équatoriale vers d'autres villages saramaca. Linga explique que ce départ subi « nous affecte quotidiennement... encore aujourd'hui. Les Saramaca ne cessent d'en parler. »
Le projet de carte participative en 3D, promu entre autres par le CTA, a été achevée le mois dernier. Elle repose sur le savoir géographique du peuple indigène. Elle présente clairement tous les points importants : en prenant les ruisseaux et les rivières comme principaux points de repère, elle situe les terres de chasse, les fermes, les routes, les villages, les forêts et d'autres infrastructures des Saramaca. Cette carte ne repose pas sur des données scientifiques, mais sur le savoir local traditionnel.
Van Kanten a expliqué que cette carte a ensuite été « géoréférencée et numérisée pour être utilisée lors des prises de décision. » Il précise que la carte permet d'expliquer aux personnes extérieures comment les Saramaca exploitent la forêt, en donnant des informations qui pourront être utilisées à des fins de développement local, notamment pour raccorder les villages à l'électricité et à l'eau courante, ou pour créer des dispensaires et des écoles. En évoquant l'histoire et les traditions des Saramaca, la carte sert également à transmettre le savoir aux nouvelles générations.
La carte « modélise les conséquences du changement sur les biens et les services de l'écosystème et sur les moyens de subsistance dans la forêt », ajoute-t-il, ce qui peut aider les membres du gouvernement qui prévoient des programmes de développement économique dans la région.
Rambaldi est un pionnier de la cartographie participative en 3D. Après l'avoir fait découvrir au CTA, où il travaille désormais, il l'utilise aujourd'hui dans le monde entier. Rambaldi a expliqué que dans les PEID, la modélisation gagne en popularité dans les stratégies d'adaptation au changement climatique. En plus d'aider à atténuer les risques de catastrophes naturelles, elle permet de mieux gérer et de résoudre les conflits territoriaux. Enfin, elle offre aux peuples indigènes une certaine autodétermination vis-à-vis de leurs terres.
Pour autant, cette carte ne mentionne pas toutes les informations importantes pour le peuple Saramaca. Adjako a expliqué que la carte n'indique pas les cimetières sacrés par exemple, pas plus qu'elle ne situe les réserves aurifères, a précisé Linga.
Cette dernière a expliqué que le peuple Saramaca souhaite que cette carte puisse être utilisée par les personnes et les entités intéressées par la région, et qu'il valait donc mieux ne pas divulguer des informations aussi sensibles. Rambaldi a précisé qu'aux Philippines, certains peuples indigènes qui avaient révélé toutes les informations les concernant sur leur carte en 3D ont été victimes de voleurs et d'individus mal intentionnés. « Il est important de faire un choix quant aux informations qui seront rendues publiques », déclare-t-il.
Auteur : Jewel Fraser
Par le biais de son interprète Debora Linga, Adjako a expliqué que depuis que Tropenbos a encouragé les Saramaca à produire une carte P3D de leur propre territoire, en début d'année, ce peuple dépossédé de ses terres retrouve espoir. Les Saramaca ont été déplacés contre leur gré lorsque le gouvernement du Suriname a lancé la construction du barrage d'Afobaka dans les années 1960 : avec la création du réservoir de Brokopondo, ce sont toutes leurs terres qui ont été inondées, les forçant à déménager de leur forêt équatoriale vers d'autres villages saramaca. Linga explique que ce départ subi « nous affecte quotidiennement... encore aujourd'hui. Les Saramaca ne cessent d'en parler. »
Le projet de carte participative en 3D, promu entre autres par le CTA, a été achevée le mois dernier. Elle repose sur le savoir géographique du peuple indigène. Elle présente clairement tous les points importants : en prenant les ruisseaux et les rivières comme principaux points de repère, elle situe les terres de chasse, les fermes, les routes, les villages, les forêts et d'autres infrastructures des Saramaca. Cette carte ne repose pas sur des données scientifiques, mais sur le savoir local traditionnel.
Van Kanten a expliqué que cette carte a ensuite été « géoréférencée et numérisée pour être utilisée lors des prises de décision. » Il précise que la carte permet d'expliquer aux personnes extérieures comment les Saramaca exploitent la forêt, en donnant des informations qui pourront être utilisées à des fins de développement local, notamment pour raccorder les villages à l'électricité et à l'eau courante, ou pour créer des dispensaires et des écoles. En évoquant l'histoire et les traditions des Saramaca, la carte sert également à transmettre le savoir aux nouvelles générations.
La carte « modélise les conséquences du changement sur les biens et les services de l'écosystème et sur les moyens de subsistance dans la forêt », ajoute-t-il, ce qui peut aider les membres du gouvernement qui prévoient des programmes de développement économique dans la région.
Rambaldi est un pionnier de la cartographie participative en 3D. Après l'avoir fait découvrir au CTA, où il travaille désormais, il l'utilise aujourd'hui dans le monde entier. Rambaldi a expliqué que dans les PEID, la modélisation gagne en popularité dans les stratégies d'adaptation au changement climatique. En plus d'aider à atténuer les risques de catastrophes naturelles, elle permet de mieux gérer et de résoudre les conflits territoriaux. Enfin, elle offre aux peuples indigènes une certaine autodétermination vis-à-vis de leurs terres.
Pour autant, cette carte ne mentionne pas toutes les informations importantes pour le peuple Saramaca. Adjako a expliqué que la carte n'indique pas les cimetières sacrés par exemple, pas plus qu'elle ne situe les réserves aurifères, a précisé Linga.
Cette dernière a expliqué que le peuple Saramaca souhaite que cette carte puisse être utilisée par les personnes et les entités intéressées par la région, et qu'il valait donc mieux ne pas divulguer des informations aussi sensibles. Rambaldi a précisé qu'aux Philippines, certains peuples indigènes qui avaient révélé toutes les informations les concernant sur leur carte en 3D ont été victimes de voleurs et d'individus mal intentionnés. « Il est important de faire un choix quant aux informations qui seront rendues publiques », déclare-t-il.
Auteur : Jewel Fraser